HEUR (étymologie)
HEUR remonte au latin augurium (présage). Ce mot, dès l'époque du bas latin, s'est réduit à agurium par dissimilation, perdant le premier u, et même à agurum. Il est devenu ëur en ancien français par effacement de g et il s'est enrichi d'un h muet purement graphique : heur. Il peut y avoir bonheur ou malheur car le présage et l'événement peuvent être favorables ou défavorables. Autres mots de la famille : heureux, bienheureux, malheureux. Il est intéressant, remontant dans le secret de l'étymologie latine, de savoir que le mot augurium est fait sur le mot augur (le prêtre chargé de prédire l'avenir d'après le vol des oiseaux). Augur s'écrivait plus anciennement sous la forme aviger (avis = «oiseau»; gerere = «porter, se charger de»). Le vocabulaire français a intégré, par formation savante, le mot augure (masculin) pour désigner le prêtre romain (augur) et pour traduire le mot augurium (présage). Ainsi heur et augure sont des doublets. En ce qui concerne le mot augure au sens de « présage », il faut retenir qu'il s'agit bien aussi d'un substantif masculin : de bon augure. Sur ce mot nous avons les dérivés augurer, augurai, inaugurer, inauguration, inaugural. Le mot augur (nom du prêtre) a donné en latin le mot augustus (consacré par les augures). Le premier empereur de Rome a vu ainsi son pouvoir religieusement confirmé. Aussi a-t-il changé son nom Octavius (Octave) en Augustus (Auguste). Auguste nous est non seulement resté comme prénom mais aussi comme adjectif (digne d'une grande estime) et comme nom de dérision (personnage grotesque du cirque). La sémantique (comme l'étymologie) se joue des convenances et des frontières.