HEIDEGGER : LA PAROLE FAIT L'HOMME

HEIDEGGER : LA PAROLE FAIT L'HOMME

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Mais si l'on s'accorde à dire que le langage est propre à l'homme, faut-il entendre par là que le langage est une simple faculté que seul l'homme possède, ou ne faut-il pas aller plus loin et voir dans le langage ce qui constitue l'homme lui-même ? L'homme a-t-il la parole ou est-il parole ?

« L'être humain parle. Nous parlons éveillés ; nous parlons en rêve. Nous parlons sans cesse, même quand nous ne proférons aucune parole, et que nous ne faisons qu'écouter ou lire ; nous parlons même si, n'écoutant plus vraiment, ni ne lisant, nous nous adonnons à un travail, ou bien nous abandonnons à ne rien faire. Constamment nous parlons, d'une manière ou d'une autre. Nous parlons parce que parler nous est naturel. Cela ne provient pas d'une volonté de parler qui serait antérieure à la parole. On dit que l'homme possède la parole par nature. L'enseignement traditionnel veut que l'homme soit, à la différence de la plante et de la bête, le vivant capable de parole. Cette affirmation ne signifie pas seulement qu'à côté d'autres facultés, l'homme possède aussi celle de parler. Elle veut dire que c'est bien la parole qui rend l'homme capable d’être le vivant qu'il est en tant qu'homme. L’homme est homme en tant qu'il est celui qui parle. »

Heidegger, Acheminement vers la parole.

ordre des idées

1) Un constat : « L'être humain parle. »

2) Une précision sur cette proposition : l'être humain ne parle pas parfois, il parle sans cesse, « d'une manière ou d'une autre », même lorsqu’il ne « profère aucune parole ».

3) Explication : la parole n'est pas une simple faculté, une propriété de l'homme, elle constitue son essence, sa nature : l'homme n'a pas la parole (comme il a la vue ou le toucher), mais c'est la parole qui fait que l'homme est homme. Etre l'homme c'est donc parler.