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HAUT-KARABAKH

Ancienne province du royaume de Grande Arménie, l’Artsakh, qui a vu se succéder les invasions et la domination des Arabes, des peuples turco-mongols et des Persans, a été annexé à l’Empire russe par le traité de Gulistan (1813). Réfugiée sur les hautes terres, la population arménienne du Karabakh (Karabagh en arménien) y est restée prédominante, préservant longtemps une relative autonomie sous la direction des princes locaux, les meliks. Un siège catholicossal de l’Église arménienne y subsiste, au monastère de Gandzassar, jusqu’en 1815. Les découpages administratifs tsaristes du xixe siècle l’incluent dans diverses formations territoriales, en évitant la constitution d’entités ethniquement homogènes. De 1867 à 1917, elle fait partie du gouvernement d’Elisavetpol (Kirovabad/Gandja). Chouchi, sa capitale régionale, est alors l’un des centres culturels des Arméniens du Caucase. De 1918 à 1920, les républiques indépendantes d’Arménie et d’Azerbaïdjan se disputent férocement le contrôle de ce territoire, considéré de part et d’autre comme un sanctuaire. Avec le Nakhitchevan et le Zanguezour, le Karabakh constitue en effet un verrou stratégique pour les Arméniens et un corridor obligé entre les nationalistes turcs et azéris qui veulent faire leur jonction contre la Russie. Pogroms et incendies anéantissent le quartier arménien de Chouchi en février 1920. Après la soviétisation et la signature du traité d’amitié soviéto-turc de Moscou (16 mars 1921), le Karabakh est attribué à l’Azerbaïdjan par Staline (1921) et doté d’un statut de région autonome en 1923. Par la suite, les Arméniens n’y ont cessé de revendiquer leur rattachement à l’Arménie, au nom de la préservation de leurs droits nationaux et de leur sécurité. En février 1988, le vote d’autodétermination du soviet régional du Haut-Karabakh, soutenu par des manifestations massives et des grèves à Stepanakert et à Erevan, et suivi par les pogroms anti-arméniens de Soumgaït (27-29 février 1988) et des affrontements avec les Azéris, provoque une grave crise entre les deux républiques, en phase d’accès à la souveraineté. Les atermoiements de Moscou, jouant d’un nationalisme contre l’autre, n’ont fait qu’envenimer la situation. À l’action militaire et à l’abolition du statut d’autonomie par les autorités azerbaïdjanaises (fin novembre 1991), les Arméniens répliquent par la proclamation de l’indépendance du Haut-Karabakh, à l’issue d’un référendum-plébiscite (10 décembre 1991). Les combats se sont intensifiés par la suite (bombardements, blocus, guerre des communiqués, réfugiés, etc.) et la crise s’est internationalisée, avec des tentatives de médiation de la Russie, de la CEI (Communauté d’États indépendants), de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de l’ONU (Organisation des Nations unies). Dans le conflit, les Arméniens du Karabakh sont apparus militairement vainqueurs et ils ont établi, par un couloir (Latchine), une continuité territoriale de leur région avec l’Arménie. Ils ont aussi occupé une portion de territoire azerbaïdjanais, tandis que les forces de Bakou se rendaient maîtresses du nord du Haut-Karabakh. Mais, malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en mai 1994 et la médiation de l’OSCE, aucune issue politique n’avait pu être trouvée à la fin de l’an 2000, le principe de l’autodétermination s’opposant ici à celui du respect de l’intégrité territoriale.