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GUERRE

GUERRE, n.f. (francique werra). ♦ 1° Recours à la force armée dans le but de sauvegarder un droit ou de défendre des intérêts. La guerre peut opposer deux ou plusieurs nations, ou, au sein d'un même pays, divers groupes de citoyens. — Certains penseurs, comme Hobbes, ont imaginé que l'état de guerre, c'est-à-dire de concurrence et d'hostilité entre les hommes, était la situation naturelle à l'origine de l'humanité. L'organisation sociale a pour objet de mettre un terme à cette situation de violence. — Les problèmes philosophiques soulevés par la guerre sont immenses. Ils se posent en termes nouveaux depuis que la totalité des citoyens d'une nation y participe et que les armements employés sont devenus d’une puissance destructrice terrifiante. Peut-on, aujourd’hui encore, parler d’une guerre juste ? — Peut-on parler d’une guerre sainte ? Peut-on soutenir que la guerre est utile au progrès de l’humanité ? Peut-il y avoir un devoir de faire la guerre ? N’y a-t-il pas des biens qui méritent absolument d’être défendus ? Doit-on considérer que la guerre est inévitable ? L’idéal de non-violence peut-il être maintenu à tout prix ? ♦ 2° En dehors du recours à la force armée, d’autres formes de violence s’exercent dans le monde contemporain. Par exemple, la guerre économique, affaiblissement d’une puissance par le jeu de la concurrence économique. ♦ 3° Au figuré, l’expression « faire la guerre » signifie marquer son hostilité ou chercher à détruire. ♦ 4° Un « nom de guerre » est un pseudonyme.

guerre, épreuve de force entre peuples (guerre nationale) ou entre partis (guerre civile). — Les moralistes et les philosophes ont réfléchi sur le problème de la guerre soit pour en dénoncer les méfaits, soit pour en, chercher les causes et les motivations : s'il est certain que la guerre est liée aux passions humaines (Platon, Alain : « Il n'y a de guerre que de religion »), telles que la haine, l'orgueil, etc., il faut distinguer cependant les passions individuelles et les raisons qui peuvent décider des actions de l'Etat : l'homme d'Etat ne peut agir par passion; il doit voir les problèmes au niveau de la totalité et en toute sérénité. A ce niveau, la guerre est-elle une nécessité ou un accident? Hegel, en son temps, considérait la guerre comme une nécessité biologique, sociale : « Seule la guerre peut ébranler une société et lui faire prendre conscience d'elle-même » ; ce que Renan commentait : « La guerre est une des conditions du progrès, le coup de fouet qui empêche une nation de s'endormir. » Et, de fait, les guerres font progresser les sciences (la science atomique s'est développée fébrilement avec la guerre). C'est aussi un fait que les sociétés qui s'endorment (dans le chaos politique, social et la débâcle économique) sont, de nos jours, vouées à la disparition. De ce point de vue, la guerre n'est pas en soi nécessaire; il suffit du risque de guerre, ou « guerre froide », ou guerre subversive et psychologique, pour stimuler l'activité des nations et transformer les conflits en concurrence (économique, scientifique, technique, etc.). La nécessité d'entretenir le risque de guerre peut être alors une nécessité de politique intérieure (Chine communiste), pour détourner l'opinion publique des difficultés internes et justifier les rigueurs particulièrement éprouvantes d'un travail quotidien acharné. Dans certains pays, la guerre peut revêtir aussi l'aspect d'une nécessité démographique, faisant une sorte de « saignée » qui résorbe le chômage et surtout la famine (la guerre de Corée [1950-1953] fut une « délivrance » démographique pour la Chine communiste). Enfin, la guerre peut se présenter comme une nécessité économique : l'économie capitaliste, disait Marx, ne peut écouler sa production et éviter la « crise » qu'à la faveur de la guerre (« colonisatrice », « impérialiste »). En fait, toutes ces raisons de guerre peuvent se ramener à deux : 1° la faim : tant qu'il existera des nations sous-développées à côté de nations riches, des hommes qui auront faim à côté de sociétés regorgeant de biens, il y aura risque de guerre; 2° la liberté politique :

a) « La guerre est sainte, disait Fichte, quand l'indépendance, condition de la culture, est menacée. » Défendre sa nation est un devoir;

b) mais, aussi, tant qu'il existera des régimes tyranniques, écrasant les libertés individuelles (pays communistes), à côté de nations libres, tant qu'un « mur » sera nécessaire pour empêcher les populations captives de s'enfuir vers la liberté et de faire le vide démographique sous les gouvernements de dictature, il y aura risque de guerre. C'était l'idée de Kant dans son Projet de paix perpétuelle : « Seuls des peuples gouvernés démocratiquement peuvent édifier entre eux une paix perpétuelle. » Aujourd'hui, on peut distinguer les guerres limitées, qui peuvent s'interpréter comme la « continuation de la politique par d'autres moyens », et les guerres totales, qui ne sauraient plus avoir aucune signification ni aucune justification. Notons que les dangers d'une destruction atomique universelle créent, une « solidarité nouvelle » entre les peuples, et poussent les hommes à comprendre et à dominer ce phénomène tragique.

Guerre

Du francique werra, « guerre ».

- Conflit armé entre des nations, des États, des groupes humains. - Par extension, tout combat, lutte, polémique. • La « guerre de tous contre tous » : c'est ainsi que Hobbes qualifie l’état de nature, où chaque homme cherche à soumettre l’autre. • Le général et théoricien militaire Clausewitz (1780-1831) soutient que la guerre n’est que « la continuation de la politique par d’autres moyens ». Nous ne la faisons pas pour anéantir les populations, mais pour contraindre l’ennemi à exécuter notre volonté. • Dans son Projet de paix perpétuelle (1795), Kant expose les « articles définitifs » du traité que les États du monde devront conclure les uns avec les autres pour établir entre eux un paix perpétuelle.

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