Grèce
Grèce. Dans le monde antique, la Grèce comprenait une zone de la péninsule des Balkans comparable à celle de la Grèce moderne. On peut la diviser en trois parties : i. la péninsule au sud de l'isthme de Corinthe, connue sous le nom de Péloponnèse; ii. la terre au nord de l'isthme, en gros jusqu'au golfe d'Ambracie à l'ouest, et au fleuve Pénée à l'est, qui inclut la Thessalie et est connue comme la Grèce proprement dite (ou la péninsule grecque) ; iii. les régions du Nord qui comprennent l'Épire, la Macédoine et la Thrace, dont les habitants étaient à peine considérés comme grecs par les États des régions du Sud. Sur les principales divisions ethniques du peuple grec à l'époque historique, voir hellène. Le nord de la Grèce était en grande partie séparé du reste par les chaînes de montagnes de cette région, et la Grèce elle-même l'était du reste de l'Europe par la haute chaîne de montagnes qui va de la Thrace à l'Italie. La prédominance de ces montagnes a été considérée comme la raison du développement politique du pays en un éparpillement d'États indépendants dont chacun est centré sur une petite surface de terre arable. Le pays est nu et le sol plutôt pauvre et sec; en plein été, il ne pleut pratiquement pas, et la plupart des rivières sont alors à sec. On laboure et on sème essentiellement en automne, la moisson a lieu en mai. Le fermier se trouvait libre au début de l'été, jusqu'à ce que le grain fût vanné en juillet ; il y avait ensuite encore un bref répit jusqu'aux vendanges et à la cueillette des olives . On a pensé que cette alternance de dur labeur et de loisir a exercé une influence non négligeable sur le caractère grec. L'approvisionnement pouvait faire défaut lors d'une légère augmentation de la population dans un pays où seule la moisson d'olives produisait un surplus à exporter ; et la surpopulation était au moins en partie responsable des mouvements de colonisation des VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. (voir colonisation 1). Les métaux également étaient plutôt rares. Les mines d'argent de Laurion en Attique et les mines de fer près de Sparte jouèrent leur rôle dans l'augmentation de la puissance de ces États. La Thrace avait un peu d'or, d'argent, de fer et de cuivre, comme la Macédoine, et une quantité supplémentaire de cuivre provenait de Chypre, mais l'étain (dont on avait besoin pour les alliages de bronze) devait surtout être importé d'Europe occidentale. Les origines de la langue grecque remontent aux migrations en Grèce d'un peuple indo-européen aux environs de la fin du deuxième millénaire av. J.-C., s'étalant probablement sur une période prolongée. Une invasion vers 2200 av. J.-C. amena la fin de l'âge du bronze ancien en Grèce et introduisit une culture nouvelle. Trois siècles plus tard, survint une autre invasion, moins destructrice, les Indo-Européens semblent alors avoir introduit avec eux le cheval et une nouvelle espèce de poterie (1, ii). Ces envahisseurs prospérèrent, établis dans de nouvelles conditions sédentaires, et leur culture fut graduellement influencée par la civilisation minoenne de Crète, plus évoluée. L'influence des habitants indigènes sur leur culture et sur leur langue est incertaine, mais, au cours des XVIIe et XVIe siècles av. J.-C., la langue grecque prit forme; on reconnaît le grec dans la langue des tablettes de la période mycénienne (v. 1600-1125 av. J.-C.) que l'on appelle le linéaire B. Aux environs de 1450, les Mycéniens semblent avoir acquis le contrôle de la Crète minoenne, y compris la puissante cité de Cnossos, et leur civilisation atteignit son point culminant. Mais le siècle qui alla de 1250 à 1150 marqua une période de destruction dans toute la Méditerranée orientale; elle vit le début de l'effondrement de l'Empire hittite et de vastes déplacements de populations. Troie fut l'une des cités qui tomba, sa destruction étant peut-être le dernier exploit militaire de Mycènes. Des peuples migrateurs envahirent la Grèce, d'abord l'Épire et la Thessalie (v. 1150 av. J.-C.). Mycènes elle-même fut détruite par le feu en même temps que de nombreuses autres cités, la civilisation de l'âge du bronze s'effondra et, parmi tant d'autres choses, la science de l'écriture elle-même disparut. L'âge du fer qui suivit fut marqué par la dépopulation de la péninsule, accompagnée par l'émigration vers les parties plus éloignées du monde grec. Cette période, souvent qualifiée de siècles obscurs, dura environ trois cents ans pendant lesquels les Grecs perdirent tout, sinon un vague souvenir des splendeurs de l'âge mycénien; toute connaissance de la façon dont cette culture avait été organisée et avait disparue était également perdue. Des légendes survivent qui semblent indiquer certains souvenirs d'événements associés avec les siècles obscurs : un événement, qui a peut-être hâté l'effondrement de la Grèce mycénienne, était connu sous le nom de «Retour des fils d'Héraclès» ou, plus prosaïquement, d'invasion dorienne ; un second événement fut la migration qui s'ensuivit de Grecs qui traversèrent la mer Égée jusqu'à la côte de l'Asie Mineure, pour devenir les Grecs ioniens. L'historicité de ces événements est en grande partie attestée par la répartition des dialectes dans la Grèce historique. En 800 av. J.-C., la population de la Grèce était déjà répartie d'une manière très semblable à celle qui allait être la sienne à l'époque classique; et l'organisation des communautés était quelque peu différente de celle de la Grèce mycénienne : des petites cités indépendantes qui ne devaient allégeance à aucune autorité supérieure. Au cours du siècle suivant, on redécouvrit l'art de l'écriture et les communications et le commerce avec l'Orient reprirent sur un grand pied; l'exploration et la colonisation en Occident commencèrent également. La Grèce était maintenant sur le point d'entrer dans la période sur laquelle il existe une documentation. Pour la suite de son histoire. En dépit du fait que la Grèce était composée d'un grand nombre de communautés indépendantes, les Grecs formaient un seul peuple, avec une civilisation unique et bien à elle ; ils parlaient la même langue qui les distinguait des «barbares » ; il régnait une large similarité dans leurs institutions politiques (gouvernement dans des cités-États, normalement sous une oligarchie ou dotées de constitutions démocratiques); ils avaient une religion commune, et respectaient les mêmes autels oraculaires; possédaient un héritage littéraire commun depuis Homère, et leur art, malgré une certaine diversité, témoignait d'une unité. Beaucoup de colonies grecques furent fondées en commun par des émigrants de plusieurs États. L'Ionie fut le premier centre de cette civilisation commune ; au début du Ve siècle, les invasions perses stoppées, la domination intellectuelle passa à Athènes qui, déjà au siècle précédent, grâce à la politique libérale des Pisistratides et de Clisthène, avait bien accueilli les étrangers, en particulier les poètes et les artistes de toutes les parties de la Grèce. L'unité sociale de la Grèce se manifestait grâce aux fêtes et aux jeux communs ; et un certain degré d'unité politique apparut dans la résistance conjointe à la Perse. Mais les différentes tentatives, telles que celle de Périclès, de consolider cette unité, s'effondrèrent régulièrement devant l'esprit d'indépendance jalouse des différents États. Les Grecs appelaient leur pays Hellade et eux-mêmes Hellènes (à l'origine c'était le nom d'une tribu du sud de la Thessalie). Graii, le nom local d'une tribu de l'ouest de la Grèce, devint le nom latin des Grecs en général : Graeci et Graecia (Grecs, et Grèce) sont des dérivés de Graii. On a suggéré que les Graii avaient participé à la colonisation de Cumes, la plus ancienne colonie grecque d'Italie, et c'est de là que le nom fût plus largement diffusé. Quand les Romains créèrent la province de Grèce en 27 av. J.-C., ils l'appelèrent Achaïe. L'expression «monde grec» s'applique précisément à cette époque, où le grec était, ou était devenu, la langue principale, ou la langue des gouvernants et de l'administration. En dehors de la Grèce et du Péloponnèse, en même temps que l'Épire, la Macédoine et la Thrace, elle pouvait englober la Grande-Grèce et la Sicile (pendant la période classique grecque, toutes deux furent lentement romanisées), l'Égypte et la Cyrénaïque (voir cyrène), l'Asie Mineure, et, dans une certaine mesure, des terres à l'est et à l'ouest : la Syrie, le nord de l'Arabie, jusqu'à la Mésopotamie (Irak) et au-delà. C'est au IIe siècle av. J.-C. que Rome commença à dominer le monde grec, et elle y avait tout à fait réussi à la fin du Ier siècle av. J.-C.
GRÈCE. Pays qui connut dans l'Antiquité l'une des plus brillantes civilisations de l'histoire. Il était constitué de la Grèce propre à laquelle s'ajouta très tôt la Crète, les îles des mers Égée et Ionienne et la côte occidentale de l'Asie Mineure. La Grèce fut couverte d'une multitude de petits États indépendants (appelés cités ou polis) aux régimes politiques différents (monarchie, aristocratie, tyrannie, démocratie) très souvent en guerre les uns contre les autres. Les Grecs eurent néanmoins le sentiment d'appartenir à la même communauté : ils parlaient la même langue et adoraient les mêmes dieux, célébrés avec éclat dans les grands sanctuaires panhélléniques (Delphes) ou lors des Jeux olympiques. L'histoire de la Grèce antique et de sa civilisation s'étend sur 1 400 ans. On y distingue généralement quatre périodes. La Grèce achéenne et homérique, connue grâce aux poèmes d'Homère et aux fouilles archéologiques, s'étend du XVe au VIIIe siècle av. J.-C. Le pays, occupé dès le ive millénaire av. J.-C. par des populations néolithiques, fut envahi par vagues successives (entre 2 000 et 1 200 av. J.-C.) par des populations indo-européennes originaires des régions qui forment aujourd'hui le sud de la Russie. Les premiers arrivés, les Achéens, développèrent une brillante civilisation appelée mycénienne détruite vers 1 200 av. J.-C. par une seconde vague d'envahisseurs, les Doriens. La Grèce entra alors dans des siècles obscurs appelés le « Moyen Âge grec » ou encore l'« époque homérique ». La Grèce archaïque s'étend du VIIIe au vie siècle av. J.-C. Elle acheva de s'organiser en cités, deux d'entre elles dominant largement les autres, Sparte et Athènes. Les Grecs fondèrent aussi de nombreuses colonies autour de la Méditerranée, des côtes de la mer Noire à celles de l'Espagne. L'art et la littérature donnèrent ses premiers chefs-d'oeuvres. La Grèce classique (Ve-IVe siècles av. J.-C.) représenta l'apogée de la civilisation grecque. Les Grecs affrontèrent victorieusement les Perses au cours des guerres Médiques et Athènes, sous l'impulsion de Périclès, devint pour deux siècles un extraordinaire foyer de civilisation. Mais la Grèce, affaiblie par les luttes entre cités, fut soumise à la Macédoine à la fin du ive siècle av. J.-C. : c'est le début de la Grèce hellénistique (IIe-Ie siècles av. J.-C.). Alexandre III le Grand conquit le plus gigantesque état de l'époque : l'Empire perse. En quelques dizaines d'années, la civilisation de la Grèce et celle de l'Orient se mêlèrent pour former la civilisation hellénistique qui se répandit dans tout le bassin de la Méditerranée. La conquête romaine mit fin à la Grèce hellénistique qui survivra dans la civilisation gréco-romaine. Soumise à diverses dominations (en particulier byzantine et turque), la Grèce ne retrouva son indépendance qu'en 1830. Voir Byzance, Colonisation grecque, Religion grecque, République romaine.
GRÈCE ARCHAÏQUE
. Nom donné à la période de l'histoire de la Grèce antique, qui s'étend du viiie à la fin du vie siècle av. J.-C. Voir Grèce classique, Grèce hellénistique. GRÈCE CLASSIQUE. Nom donné à la période de l'histoire de la Grèce antique qui s'étend aux ve et ive siècles av. J.-C., de la fin des guerres Médiques (479 av. J.-C) à la fin du règne d'Alexandre III le Grand (323 av. J.-C.). Elle correspond à l'apogée de la civilisation grecque. Voir Grèce archaïque, Grèce hellénistique. hellénistique, époque. Nom donné à la période de l'histoire de la Grèce antique qui s'étend de la fin du ive siècle av. J.-C. (mort d'Alexandre III le Grand en 323 av. J.-C.) à la conquête romaine des royaumes hellénistiques issus de l'empire d'Alexandre le Grand (Ier siècle av. J.-C.). Voir Grèce archaïque, Grèce classique.