Grande-Grèce
Grande-Grèce. Les Grecs donnaient ce nom à toute la partie côtière de l’Italie du Sud colonisée par les Achéens, les Doriens et les Ioniens. Elle comprenait en partie le Bruttium, la Lucanie, la Calabre et la Campanie. Certains auteurs y rattachaient la Sicile. Sans doute les Grecs eurent-ils auparavant des relations commerciales avec ces régions. Mais ce furent les gens de l’Eubée, Chalcidiens et Erétriens, les grands initiateurs de la colonisation de la Grande-Grèce. Ils s'installèrent d’abord dans les îles Pythécuses (Ischia et Procida), dans le golfe de Naples, d’où ils fondèrent, avec les gens de Kymé (Asie Mineure) la colonie de Cumes. Les Anciens en faisaient remonter la fondation à 1052 av. J.-C. ; l’archéologie a ramené cette date au milieu du viiie s. Les Chalcidiens occupèrent tout le golfe de Naples, aidèrent les Rhodiens à fonder Parthénopé, que les Cuméens détruisirent pour établir à sa place, au Ve s. av. J.-C., Néapolis (Naples), tandis que, vers 520 av. J.-C., des Samiens exilés fondèrent Dicéarchia, qui devint Puteoli (Pouzzoles). On retrouve leur influence à Herculanum et à Pompéi et jusqu’au promontoire de Circé, plus au nord. Cumes atteignit son apogée sous Aristodème, chez qui se réfugia Tarquin, chassé de Rome, mais elle fut saccagée par les Samnites en 428 av. J.-C. Rome la soumit en 338 av. J.-C.. Les Achéens s’installèrent dans le golfe de Tarente, dans le voisinage d’anciens établissements mycéniens. Leur première colonie fut Sybaris (710 av. J.-C.); cette cité agricole, riche en blé, en vins et en bois, devint un centre de commerce important, qui, un siècle après sa fondation, dominait quatre peuples et vingt-cinq cités. Elle devint l’entrepôt des Milésiens et assura le passage par terre des vaisseaux qui allaient dans la mer Tyrrhénienne sur laquelle elle fonda Paestum, à la fin du VIIe s. Ses habitants acquirent une réputation de luxe et de mollesse. Sur le même golfe, en même temps que Sybaris, les Achéens avaient fondé Crotone; celle-ci réunit autour d’elle les autres cités achéennes de moindre importance, Skyllétion, Caulônia et, sur l’autre côté, Témésa et Térina ; le sanctuaire d’Héra Lacinia, établi par les Crotoniates près de chez eux, devint le centre religieux des Achéens qui formaient une ligue avec les Sybarites. La puissance de Sybaris se heurta cependant à Crotone qui, en 510 av. J.-C., détruisit la célèbre cité sur les ruines de laquelle on détourna un petit fleuve. Néanmoins, la ville renaquit quelques décennies plus tard, avec la nouvelle cité de Thurium, fondée par Périclès. Crotone était célèbre pour la pureté des mœurs de ses habitants et pour ses institutions, en partie instaurées par Pythagore, qui y avait implanté son école avant que ses disciples et lui-même n’allassent s’établir à Métaponte. Cette cité achéenne, fondée par les Phocidiens du Parnasse au début du VIIe s. av. J.-C., formait la limite de la colonisation achéenne face à l’établissement dorien de Tarente auquel les Achéens refusaient le nom d'Italiens. Les Doriens de Sparte avaient fondé Tarente en 708 av. J.-C., sur l’emplacement d’une ancienne cité des lapyges. Pourvue de deux bons ports dans une plaine fertile, malgré ses luttes contre les indigènes, elle devint puissante et prospère, surtout sous le règne d’Archytas, prince philosophe pythagoricien. Dans la partie occidentale du golfe, les Locriens fondèrent Locres Épizéphyrienne (vers 673 av. J.-C.), de constitution aristocratique, qui établit des comptoirs sur l’autre rive, à Medma et à Hipponion, tandis que l’extrémité de la péninsule, face à la Sicile, était dominée par la cité de Rhêgion, fondée par les Chalcidiens à la fin du viiie s. Elle parvint à son apogée sous le tyran Anaxilas (494-476). Enfin, sur les côtes de la mer Tyrrhénienne, au sud de Pæstum, les Ioniens de Phocée fondèrent en 540 av. J.-C. Élée, qui devint aussi très florissante grâce à ses pêcheries et à son commerce maritime, et qui est restée célèbre par son école de philosophie. Au IIe s. av. J.-C., toutes ces cités étaient définitivement intégrées au domaine de Rome.
Nom donné, dans l'Antiquité, aux cités grecques du golfe de Tarente, en Italie du Sud, et à leurs dépendances sur la mer Tyrrhénienne, ou, dans une acception plus large, à toutes les colonies grecques de l'Italie du Sud et de la Sicile. Durant le IIe millénaire, les Grecs avaient noué des relations commerciales avec ces régions, mais la colonisation ne commença pas avant le VIIIe s. Ses pionniers furent les Eubéens de Chalcis, qui s'installèrent en 770 av. J.-C. dans les îles Pythécoussai (Ischia et Procida), puis, vers 740, fondèrent Cumes, dans le golfe de Naples. En Sicile, les Chalcidiens furent également les premiers sur la côte orientale de l'île, où ils fondèrent Naxos, au pied de l'Etna (757), puis Rhégion, Catane, Léontinoi ; plus au S., les Corinthiens furent à l'origine de Syracuse et de Kamarina ; les Mégariens fondèrent Megara Hyblaia et Sélinonte. Au début du VIIe s., des Rhodiens et des Crétois fondèrent Géla, qui à son tour, vers 580, fonda Agrigente (Acragas). En Italie du Sud, dans le golfe de Tarente, les Grecs fondèrent, à la fin du VIIIe s., Sybaris et Crotone ; vers 680, les Locriens s'installèrent à Locres Épizéphyrienne ; les Spartiates fondèrent Tarente, à laquelle les Sybarites opposèrent Métaponte. Sur la côte de la mer Tyrrhénienne, c'est Sybaris encore qui édifia Paestum (fin VIIe s.), au sud de laquelle les Ioniens de Phocée créèrent Élée, vers le milieu du VIe s. avant notre ère. Le problème qui se posa à toutes ces colonies fut leur rapport avec les populations indigènes. En Sicile, la présence de colonies carthaginoises dans l'ouest de l'île suscita très vite des conflits de plus en plus violents. En Italie du Sud, après une période de rapports pacifiques, la pression des populations italiques indigènes (Samnites, Lucaniens, Bruttiens...) mit en péril l'existence même des cités grecques, toujours en rivalité les unes contre les autres. Paradoxalement, c'est l'intervention romaine à partir du IIIe s. av. J.-C. qui sauva les cités grecques de la conquête des Italiques. La Grande-Grèce fut un des plus brillants foyers de la civilisation hellénique ; elle vit se développer de nombreuses écoles philosophiques, celle de Zénon à Élée, celle de Pythagore à Métaponte, à Crotone et à Tarente, celle de Xénophane à Zancle, celle d'Empédocle à Agrigente. Les temples d'Agrigente, de Sélinonte, de Paestum restent parmi les chefs-d'œuvre de l'architecture grecque. C'est aussi par les villes d'Italie du Sud que les Étrusques et les Romains entrèrent en contact avec le monde grec.
Grande-Grèce (Megalè Hellas). Nom collectif donné aux cités grecques du sud de l'Italie fondées par colonisation à partir de la péninsule et des cités grecques d'Asie Mineure. Elles prospérèrent grâce au commerce et à la fertilité de la terre, firent éclore une culture florissante et eurent même leurs propres écoles de philosophie . Une hostilité mutuelle amena la destruction de Sybaris par Croton entraînant, vers 400 av. J.-C., le début du déclin. En 300 av. J.-C. la plupart des cités eurent besoin de la protection des Romains, et les guerres de Rome contre Hannibal et Pyrrhus parachevèrent leur ruine.
GRANDE-GRÈCE. Dans l'Antiquité, nom donné aux colonies grecques d'Italie du Sud fondées entre le viiie et le vie siècle av. J.-C. Certains auteurs y rattachent la Sicile. Formée de cités commerçantes très actives (Cumes, Crotone, Tarente, Sy-baris), la Grande-Grèce fut un brillant foyer de la civilisation grecque qui rayonna dans tout l'Occident. Aux Italio-tes encore peu civilisés, les Grecs firent connaître leur mythologie, leur religion, leur art et leur alphabet. Voir Colonisation grecque, Pythagore, Religion grecque, Zé-non d'Élée.