Grande-Bretagne (2)
Au IVe siècle au plus tard, la Grande-Bretagne suffisait à ses propres besoins en céréales. On estime à présent que la population était beaucoup plus importante durant l'âge du fer et sous la Grande-Bretagne romaine qu'on ne l'avait d'abord pensé; on suggère de quatre à six millions d'habitants pendant le IVe siècle, avec une chute considérable au Ve siècle. Le nouveau réseau de voies de communications et la pacification du pays, qui rendaient la terre plus accessible et facile à travailler, permirent à la culture d'être plus intensive. Les grandes fermes sur les domaines agricoles, centrées autour d'une villa, avec peut-être une partie des terres louées à des fermiers, étaient organisées de façon à amener un bénéfice au propriétaire, et pour cette raison elles participèrent à l'efficacité de l'agriculture. La répartition à grande échelle des marchandises, qui montre que le peuple était un grand consommateur de biens, fut rendue possible par l'aménagement des routes et peut-être même de canaux, ainsi que la meilleure organisation des voyages maritimes. Initialement, les routes furent construites à des fins mi litaires et politiques, mais elles doivent également avoir contribué à accroître le volume du commerce. Elles furent maintenues en bon état même pendant le Ve siècle. La valeur des gisements de minéraux britanniques, or, argent, plomb, fer, cuivre et étain est attestée depuis les temps les plus anciens; ils furent exploités par les Romains dès qu'ils eurent acquis un certain contrôle. Le bois à ouvrer fut aussi un produit précieux pour le bâtiment, les ponts, les quais, la construction de grandes machines telles que des grues, ainsi que dans les petites industries. C'était la principale source de combustible, mais on utilisait également du charbon, à partir de carrières à ciel ouvert, à la fois pour la métallurgie, et (probablement) pour des usages domestiques. On en brûlait certainement dans le Sud-Ouest dans les chaudières du chauffage central. Le géographe Soli-nus, qui écrivit aux environs de l'année 200 de notre ère, fut stupéfait devant un autel de Bath, où rougeoyaient étrangement des morceaux de charbon. La poterie, en particulier les marchandises les plus belles, était importée, mais on en fabriquait une partie sur place, et, pendant la seconde moitié du IIe siècle, la Grande-Bretagne en produisait de grandes quantités dans ses propres ateliers. On réclamait aussi des textiles, et le manteau de molleton (duffle-coat) [byrrus Britannicus] semble avoir été spécialement recherché. Il semble qu'il y ait eu également une forte demande de pièces décoratives en jais de Whitby ; de nombreuses petites affaires s'épanouirent ainsi dans les boutiques individuelles des villes. À la fin de l'âge du fer, les Belges avaient introduit la frappe de la monnaie en Grande-Bretagne, et une fois qu'ils se furent installés on commença à battre monnaie dans l'île. On doute que ces pièces aient été utilisées comme monnaie ; il semble qu'elles aient plutôt fait office, ainsi que des pièces romaines circulant de temps à autre, de cadeaux ou d'offrandes symboliques. C'est avec les Romains que la frappe de la monnaie fut réellement introduite, en tant que paiement nécessaire pour l'armée, et pour faciliter le commerce. Londres finit par avoir son propre hôtel de la monnaie, jusqu'aux environs de 326. Au début du Ve siècle, les pièces de monnaie ne semblent pas avoir été plus longtemps le moyen normal d'échanges, échec dû peut-être au manque de confiance en ces pièces, associé à l'effondrement de la grande industrie et au retrait de l'armée. L'art celtique de la Grande-Bretagne préromaine (avec son goût pour les dessins compliqués, curvilinéaires et ses formes non figuratives) était en vérité très différent de l'art classique. Après l'année 43 de notre ère, avec l'importation du monde classique de poterie et de marchandises en métal, les artistes britanniques ne furent pas longs à imiter les formes de l'art classique, à adopter l'art nouveau de la sculpture de la pierre, ni à s'essayer également à une nouvelle espèce d'architecture; cet art envahit tous les niveaux de la société grâce à des objets d'usage quotidien. Ce qu'il y a de plus beau dans l'art romano-britannique conserve quelque chose de son esprit celtique, si bien qu'il a son caractère original propre. Dans les Galles et dans le nord de l'Angleterre, on continue à utiliser les formes de l'art ancien, et en Irlande, de même que dans le nord de l'Écosse, l'art demeura en grande partie inchangé. La fin du IVe siècle vit le début d'une résurrection de l'art celtique, qui prit naissance à l'ouest, sous influence irlandaise. Dans le domaine des divinités étrangères, les Romains étaient tolérants, et essayèrent généralement de mettre les dieux britanniques en parallèle avec leurs propres dieux. Les Britanniques celtes semblent avoir cru en un dieu suprême et en une foule de divinités inférieures, les unes abondamment adorées, les autres purement locales. Les Romains eurent parfois du mal à identifier des dieux spécifiques celtiques car ils n'étaient pas aussi clairement définis ni aussi anthropomorphes que les dieux romains, et ils tendaient à être des forces de la nature, souvent associées à l'eau. Le sacerdoce celtique des prêtres fut supprimé, en partie parce qu'il constituait un foyer de résistance contre Rome, et plus probablement parce que sa pratique des sacrifices humains était intolérable. Mais nombre de cultes primitifs et de coutumes survécurent au cours de l'occupation romaine, y compris, probablement, le culte celte qui consistait à séparer du corps la tête des ennemis (la tête étant considérée comme le siège de la personnalité), et les bosquets sacrés conservèrent leur importance en tant que lieux consacrés. Simultanément, les Romains introduisirent l'adoration de leurs propres dieux, particulièrement de la triade Jupiter, Junon et Minerve, avec, à partir de la moitié du Ier siècle, le culte des empereurs romains déifiés du passé, et celui de l'esprit (genus ou numen) de l'empereur vivant, relié à celui de la déesse Roma (Rome). Ce culte était destiné à inspirer de la loyauté envers Rome et à communiquer un certain sens de l'unité aux Britanniques romanisés, mais il était très impersonnel. Des besoins plus personnels étaient peut-être satisfaits par certaines divinités classiques et orientales, Mithras et Isis, par exemple, qui furent introduits par des personnes individuelles, offrant un certain type d'expérience spirituelle et mystique et indiquant des règles de conduite à leurs adhérents. La plus importante des religions introduites fut le christianisme. Cette foi atteignit la Grande-Bretagne au plus tard au début du IIIe siècle : la date la plus probable du martyre de saint Alban, premier martyr britannique, se situe vers 303 apr. J.-C. [208/209 dans l'édition britannique, N.d.T.]. En 314, lorsque trois évêques britanniques, un prêtre et un diacre assistèrent au concile d'Arles, l'épiscopat était alors de toute évidence instauré. Le christianisme ne dut pas avoir une emprise très forte sur la Grande-Bretagne jusqu'à ce que la publication de l'édit de Milan, par l'empereur Constantin, en 313, accordât certains règlements en faveur des chrétiens; en fait, les cultes païens continuèrent à s'épanouir jusqu'au milieu du ive siècle. A la fin de ce siècle, le christianisme avait fait des progrès considérables, et, au Ve siècle, il était devenu un mouvement populaire, qui s'était implanté avec assez de force pour survivre aux invasions des Saxons païens.
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