GOUVERNER (étymologie)
GOUVERNER remonte au grec kubernân (piloter, «gouverner» un navire), à travers le latin gubernare. On observera à ce propos que la transformation de k en g s'est opérée dès le passage du grec au latin. Voir gâcher. Du sens de «gouverner un navire» (le conduire), on passe par métaphore (emploi imagé) à celui de «commander», «gouverner un pays». A côté des mots constituant traditionnellement la famille de gouverner (depuis gouvernail, venu du latin gubernaculum, jusqu'à ingouvernable), il faut faire une place à un nouveau venu de plus en plus important dans notre monde. Il s'agit du mot cybernétique. Il n'a pas été fait, comme les précédents, sur le mot français ou sur gubernare mais il vient du grec, où la langue anglaise est allée l'emprunter sous la forme cybernetics. En grec, kubernètikè technè signifie «art du pilote, art de la timonerie» et fait référence à la navigation. Mais l'expression peut s'appliquer par métaphore à l'«art de gouverner». La cybernétique a l'ambition d'embrasser les théories relatives au contrôle, à la régulation des organismes et des machines. En fait, sa prétention est de «gouverner et régler tous les systèmes». C'est, dans l'ordre de la logique, ce qu'on pourrait appeler un «gouvernement totalitaire», une « dictature ». Le mot a donné naissance à cybermonde ou cyberespace (anglais cyberspace = «espace sans existence réelle, immatériel, constitué par le réseau des communications électroniques, tel le réseau appelé Internet»). Voir réseau. Tout ce qui circule dans cet espace peut aboutir sur l'écran de l'ordinateur. La masse d'informations qui peut circuler ainsi est prodigieuse : aussi faut-il savoir l'explorer grâce au fureteur. Nous sommes vraiment dans un domaine vaste comme la mer et où l'art du pilote de bateau (kubernètikè tekhnè) s'avère bien nécessaire. On a comparé le cyberespace, où aucune loi ne peut empêcher la circulation, à un «espace anti-souveraineté comme les mers» (où chacun circule pratiquement à sa guise et sous le seul contrôle du pilote). Nous pouvons prendre contact avec ce cyberespace dans les cybercafés où les clients consultent des micro-ordinateurs branchés sur Internet. Achevons notre voyage aux portes du futur en signalant le terme cybionte (un comprimé de cybernétique et de bio-, racine grecque désignant la «vie»). Il est ainsi défini : «superorganisme à l'échelle du monde, à la fois biologique, mécanique et électronique incluant les hommes, les machines, les réseaux et les sociétés». C'est vraiment le monde totalitaire. Souhaitons que l'homme y survive.
Liens utiles
- Ecrivez un dialogue entre A et B, le premier cherchant à démontrer que « il sera toujours beau de gouverner les hommes en les rendant plus heureux », le second remettant en question cette assertion. Vous veillerez à leur faire utiliser des arguments pertinents, des exemples précis et à les faire s'exprimer dans une langue soutenue (deux pages maximum).
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