Gorgias. Dialogue de Platon
Gorgias. Dialogue de Platon, ainsi nommé d'après le célèbre sophiste (voir supra). Socrate ouvre le dialogue en demandant à Gorgias de définir la rhétorique. Ce dernier réplique qu'elle est une préoccupation humaine primordiale : les qualités d'un homme d'État dépendant non de sa connaissance de ce qu'il faut faire et conseiller, mais de son don de persuasion par le discours. Un orateur connaissant son affaire peut donc agir comme il lui plaît, justement ou injustement. Quand Gorgias se retire, son élève Polos reprend la discussion. Socrate l'oblige à avouer, contre son gré, qu'il vaut mieux subir une injustice qu'en commettre une, et que, quand on a mal agi, il vaut mieux être puni que ne pas l'être. Quand Polos se retire, sa place est prise par un certain Calliclès (qui par ailleurs est inconnu de nous), anticipant d'une certaine manière sur Nietzsche, il soutient que l'on trouve la vertu et le bonheur dans l'exercice d'une opiniâtreté sans frein, pour ceux qui en sont capables. On s'aperçoit tout à coup que la fin du dialogue porte sur le choix qu'un homme doit faire entre une vie active du genre de celle que prône Calliclès, et une vie guidée par la philosophie représentée par Socrate. Socrate renforce son propre choix de la philosophie au moyen d'une dénonciation passionnée des «grands» hommes d'État athéniens du passé, Périclès, Cimon et Miltiade, et apparaît lui-même comme le seul homme d'État véritable, car lui seul a le pouvoir d'améliorer ses concitoyens. Au point culminant du dialogue, apparaît le mythe inconnu avant Platon du jugement de l'âme après la mort, et qui est peut-être une incitation supplémentaire à éviter l'injustice.