Databac

géographie (Grèce antique)

géographie. À l’époque homérique, le monde connu des Grecs était limité à la Grèce propre, aux îles qui l’avoisinaient, à la Thrace et à l’Asie Mineure. On connaissait sans doute les Phéniciens et les Égyptiens, mais ces connaissances restent aussi imprécises que la description des pays fabuleux de l’Occident qu’Ho-mère a peut-être connus par des récits de voyages ou des « instructions nautiques » d’origine phénicienne. La colonisation grecque des viiie, viie et vie s. av. J.-C. va largement étendre ces connaissances aux côtes de la mer Noire et aux rives de l’Italie et du sud de la Gaule, tandis que le commerce révélera les peuples de l’Extrême-Occident méditerranéen, où la cité de Tartessos, qui défend le passage des colonnes d’Héraclès (Gibraltar), s’affirmera comme une alliée des Grecs contre les Phéniciens. Des contacts, souvent belliqueux, seront renouvelés avec les Phéniciens, avec leurs colonies, telle Carthage qui va devenir la grande adversaire des Grecs en Sicile, et avec les Égyptiens. La géographie en tant que science naquit dans une de ces puissantes cités commerçantes en contact avec tous les peuples du monde méditerranéen et proche-asiatique, à Milet. Au vie s. av. J.-C. Hécatée de Milet peut être considéré comme le premier géographe, tandis que son concitoyen Thalès professait la sphéricité de la Terre et qu’un autre Milésien, Anaximandre, dressait la première carte géographique. Au siècle suivant, d’abord Hérodote, qui voyagea à travers tout le Proche-Orient, puis Ctésias, médecin du roi de Perse, quoique historiens, étendirent considérablement le domaine des connaissances géographiques des Grecs, grâce surtout aux contacts que les conquêtes perses avaient établis avec les peuples de l’Asie centrale et méridionale. Au ive s. av. J.-C., les expéditions d’Alexandre allaient apporter des connaissances nouvelles et plus précises sur l’Inde et les régions d’Asie centrale, et le Crétois Néarque, commandant la flotte d’Alexandre, explora les côtes méridionales de la Perse. Au début de l’époque hellénistique, une étape est marquée par Eratosthène : le premier, reprenant peut-être un essai de Dicéarque, disciple d'Aristote, il inventa une projection scientifique du monde sur un planisphère et il utilisa un système de parallèles et de méridiens ; ses connaissances géographiques englobent celles de ses prédécesseurs et s’étendent vers les sources du Nil, la mer Rouge, l’Afrique du Nord ; il mentionne la Bretagne (Angleterre) et Thulé (Islande) ; à l’est il connaît l’Inde jusqu’au Gange et à Ceylan (Taprobane). Après Ératosthène, Hipparque est un des promoteurs de la géographie mathématique et il reprend la division en longitudes et latitudes en les disposant à distances égales, alors qu’Ératosthène les avait placées irrégulièrement. Ce système sera repris par Marin de Tyr au IIe s. et porté à sa perfection par Ptolémée, dont la géographie est accompagnée de vingt-sept cartes, qui ont été établies au ve s. par Agathodémon d’Alexandrie. À côté de cette géographie mathématique se développa une géographie descriptive. Certains auteurs ne sont que des voyageurs ; leurs ouvrages sont des sortes de guides touristiques ; le plus connu est la description de Pausanias mais, avant lui, Dicéarque et Polémon d’Ilion avaient donné des descriptions bien plus précises et vivantes. La somme de la géographie descriptive, qui reste pour nous un trésor pour la connaissance non seulement de la géographie, mais aussi de l'ethnologie antique, est la Géographie de Strabon (Ier s. av. J.-C.), qui, avec celle de Ptolémée, résume la science géographique des anciens Grecs. L’Europe est connue à peu près dans son ensemble, excepté la Scandinavie, dont l’existence est entrevue. En Afrique, les connaissances s’étendent jusqu’au Niger, d’une part, et, d’autre part, vers la côte orientale, jusqu'à Zanzibar. L’Asie méridionale est notée jusqu’aux îles de la Sonde, et l’océan Pacifique, la Chine et l’Indochine ne sont pas ignorées. On trouve en outre chez ces auteurs, et surtout chez Strabon, des éléments d’orographie, d’hydrographie, de climatologie et de géologie.

Liens utiles