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GENIE (étymologie)

GENIE vient du latin genius (génie). Pour les Latins, le génie était un dieu particulier à chaque homme, qui veillait sur lui dès sa naissance, qui partageait toute sa destinée et disparaissait avec lui. A cet égard, le génie pourrait être comparé à l'ange gardien de la théologie chrétienne, l'immortalité mise à part. Cependant chaque lieu, chaque chose avait aussi son génie propre. En somme, pour les Latins, le génie, les génies étaient partout. Le mot se rattache d'ailleurs à la racine gwa, gen, présente dans le verbe genere (ancienne forme) de gignere = « engendrer, produire, donner la vie, faire que quelque chose existe ». En français, tout en se restreignant, le sens est resté fort : « aptitude innée, née avec nous, héritée de nos ancêtres», «aptitude supérieure». Ajoutons un sens concret : «science de l'ingénieur». Enfin, le sens mythologique «être surnaturel, généralement bienveillant» demeure aussi. L'adjectif génial vient du latin genialis (qui se rapporte à la naissance). Notre langue moderne, qui dévalue rapidement les mots, a tendance à l'employer pour dire «extraordinaire» ou même simplement « intéressant ».

GENIE nom masc. — 1. Être surnaturel. 2. Ce qui est propre à un individu ou à un groupe. 3. Aptitudes exceptionnelles qui, dans le domaine de l’intelligence ou de la création artistique, élèvent un individu au-dessus de tous les autres et distinguent sa production des autres.

ÉTYM. : du latin genius - « divinité tutélaire ». Ce mot se rattache à genus, generis = « race », « genre ». De l’idée du genius, dieu tutélaire, qui s’attache à vous dès votre naissance, on est passé à l’idée de talent inné (donc qui vous est propre), puis à celle de « talent supérieur ». Le mot, dans la mythologie, désignait une divinité tutélaire, telle, par exemple, celle qui apparaît dans le conte « Aladin et la lampe merveilleuse ». Rimbaud fait appel à ce sens lorsqu’il intitule « Génie » l’un des poèmes des Illuminations. Dans la langue courante, on dira par exemple « grâce à mon bon génie ». Le deuxième sens, proche de l’étymologie, correspond à ce qui est sui generis. Dans son emploi le plus fréquent, le mot désigne la force d’intelligence ou de création qui se manifeste chez les individus les plus doués et qui les distingue des simples hommes de talent. Le mot s’appliquera par exemple à Léonard de Vinci ou à Einstein. Quand Chateaubriand parle du « génie » du christianisme dans un livre intitulé Génie du christianisme ou Beautés de la religion chrétienne (1802), il joue sur les deux sens du mot, puisqu’il s’agit de montrer à la fois la spécificité et la supériorité de cette religion. La question est souvent posée de la part qu’il faut accorder au génie dans la création littéraire et artistique. Une grande œuvre naît-elle du génie, c’est-à-dire d’aptitudes innées chez l’artiste et qui se manifesteraient de manière quasi spontanée ? Est-elle, au contraire, le fruit d’un long travail, d’un apprentissage progressif de la technique ? La réponse est sans doute double, car, pour reprendre le mot de Buffon, le génie est « une longue patience ».

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