Databac

Gélon

Gélon (v. 540-478 av. J.-C.). Tyran de Géla et ensuite de Syracuse dans la Sicile grecque. Commandant de la cavalerie sous le tyran de Géla, Hippocrate, il devint le tuteur de ses fils vers 490, mais usurpa ensuite la tyrannie pour son propre compte. En 485, il s'empara de Syracuse et y transféra son pouvoir, laissant son frère Hiéron commander Géla. Sous sa tyrannie, Syracuse devint la puissance hellénique dominante de l'époque; les Grecs de la grande terre recherchèrent son aide contre la Perse, mais se désistèrent quand il posa comme condition qu'il recevrait le commandement suprême. Allié à Théron, tyran d'Acragas, il battit à Himéra, en 480, une grande expédition carthaginoise, selon la tradition, le jour même où les Grecs battirent les Perses à Salamine. Il mourut deux ans plus tard.

Gélon (v. 540-478 av. J.-C.) ; tyran de Géla et de Syracuse.

Ce sont les villes prospères des colonies implantées en Sicile qui mènent à bien le projet que n’ont pu réaliser les tyrans de la mère patrie grecque : créer de plus vastes Etats territoriaux, dont les moyens militaires (puissante cavalerie et flotte) vont mettre un terme à l’avancée des Carthaginois et des Etrusques, sur terre comme sur mer. L’apogée de la colonisation grecque au VIIe siècle, créant un vaste réseau de villes nouvelles de la mer Noire à l’Espagne, telle la ville corinthienne de Syracuse (734) et la ville rhodienne de Géla (688) fondée sur la côte fertile du sud de la Sicile, sera suivie au VIe siècle d’une période d’implantations nouvelles dans les territoires de conquête récente, notamment par essaimage des colonies premières (ainsi Agrigente, fondée à partir de Géla en 582). La suprématie des marchands phéniciens sur la mer Méditerranée est alors concurrencée par celle des Etats-cités, d’abord gouvernés par les familles aristocratiques, puis aux VIe et Ve siècles par des tyrans. Mais leur essor repose davantage sur l’agriculture et l’artisanat que sur le commerce. L’équilibre ne sera rétabli que vers la fin du Ve siècle avec la puissance croissante de Carthage, colonie phénicienne. La lutte contre Carthage soumet les Grecs de Sicile n’ayant eu à se mesurer jusque-là qu’avec la population autochtone de l’intérieur de l’île (Sicanes, Sicules, Élymes), à une épreuve dont ils sortent vainqueurs à Himère (480). La tradition a amplifié l’importance de cette bataille remportée le même jour que celle de Salamine. Mais elle a deux conséquences : les Carthaginois sont repoussés dans l’extrémité ouest de la Sicile ; les Deinoménides, G. en particulier, en retirent un prestige éclatant. G., fils de Deinoménès, commande la cavalerie sous Hippocratès, tyran de Géla. Après la mort de ce dernier (491), et après en avoir écarté les fils dont il était le tuteur, G. s’empare du pouvoir à Géla (v. 490 ?) dont il devient le tyran. Utilisant les dissensions syracusaines entre aristocraties et le peuple, il s’installe (v. 485) à Syracuse et dans les villes qui en dépendent, confiant Géla à son frère Hiéron. Par de grands travaux (temples, canalisations, fortifications) réalisés sous sa domination et celle de ses successeurs, par l’accroissement de la population (déplacement des habitants des bourgades voisines), par la constitution d’une flotte et d’une armée redoutables, Syracuse devient la capitale de la Sicile qui peut rivaliser en taille et en splendeur avec Carthage et Athènes. Son renom est si grand qu’Athènes et Sparte sollicitent l’aide de G. contre les Perses, mais il en fut empêché. Affrontant l’armée carthaginoise qui débarque à Panormos (Palerme) sous la conduite d’Hamilcar, il lui inflige la sévère défaite d’Himère (480). Pour autant, on ne peut prétendre qu’il s’agit là d’une attaque concertée menée par les Perses et les Carthaginois contre les Grecs. En réalité, il semble que Carthage ait servi d’appoint à une querelle entre tyrans grecs. Le frère et successeur de G., Hiéron Ier [478-477], d’abord tyran de Géla, puis de Syracuse après la mort de G., étend son influence aux villes grecques de l’Italie méridionale jusqu’à Ischia et met définitivement fin à la puissance maritime des Etrusques en remportant contre leur flotte la grande bataille navale de Cumes (474). Son Etat est alors le plus puissant du monde grec, et leurs équipages remportent des victoires à Olympie. Cependant, les jours de la tyrannie sont comptés, malgré la création de villes nouvelles (Etna) peuplées en partie de mercenaires, malgré la splendeur de la vie de cour. Après vingt ans à peine d’existence, « l’Empire » des Deinoménides se disloque à la mort de Hiéron (367) : le dernier des quatre frères, Thrasybule, meurt à Locros (366) et la démocratie est restaurée à Syracuse. La splendeur et l’opulence de cette époque entre archaïsme et classicisme trouvent un témoignage éclatant dans les chants et les drames des poètes - Pindare, Simonide, Bacchylide et Eschyle (il meurt à Géla) - liés d’amitié aux souverains d’Agrigente et de Syracuse, ainsi que dans la richesse des temples siciliens et dans l’austère noblesse des œuvres d’art de la Grande-Grèce (cf. le conducteur de char de Delphes, souvenir de l’une des nombreuses victoires aux courses remportée par les Déinoménides).

 



GÉLON (Gela, v. 540-Syracuse, 478 av. J.-C.). Tyran de Gela et de Syracuse, en Sicile. Appelé en 485 av. J.-C. par les grands propriétaires de Syracuse chassés par le peuple, il y établit son pouvoir, laissant son frère Hiéron commander Gela. Devenu maître d'une grande partie de la Sicile, il vainquit Carthage qui menaçait l'île lors de la seconde guerre Médique. Sous Gélon, Syracuse connut une grande prospérité, fut embellie et agrandie. Son frère Hiéron lui succéda. Voir Grande-Grèce.