GAULLE (CHARLES DE)
Officier supérieur, homme d'État et écrivain français né à Lille en 1890. Sorti de Saint-Cyr en 1912, il servit sous les ordres de Pétain durant la Première Guerre mondiale. En 1919, il combattit en Pologne pour repousser l'Armée rouge. En 1922 et en 1924, il enseigna à l'École de guerre. Membre de l'état-major français à Beyrouth en 1929, il en ramena son Histoire des troupes au Levant (1931). L'année suivante, il rédigea Le Fil de l'épée suivi de Vers l'armée de métier (1934) où il développe sa conception de la guerre moderne. Violemment opposé aux accords de Munich, promu lieutenant-colonel en 1937, il maintint son unité en état d'alerte. À la déclaration de guerre, il commandait les chars de la 4e armée en Alsace. Seul officier à avoir réussi à repousser l'ennemi pendant la campagne de France, il fut nommé général de brigade à titre temporaire le 1er juin 1940, et sous-secrétaire d'État à la Défense le 6. Apprenant la démission de Paul Reynaud et que le maréchal Pétain allait demander l'armistice, il gagna Londres le 17 juin, et c'est le lendemain que retentit son fameux Appel invitant les Français à la poursuite du combat aux côtés de la Grande-Bretagne. En septembre 1940 commencèrent à voir le jour les Forces françaises libres (FFL) qui regroupaient une grande partie de l'empire colonial et les volontaires venus de France. Elles obtinrent le soutien officiel du Premier ministre sir Winston Churchill. Le 24 septembre 1941, de Gaulle dota la France libre d'un appareil politique de type gouvernemental : le Comité national. Grâce à la BBC, il entra en contact avec les clandestins du pays occupé et coordonna leur action par le relais du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). À cette date, l'ensemble des Français luttant de l'extérieur et de l'intérieur contre l'envahisseur prit le nom de « France combattante ». Allant plus loin, de Gaulle souhaita le rassemblement général de toute la population pour la victoire finale, ce qui lui valut l'adhésion des grands partis politiques: la SFIO avec André Philip (juillet 1942); le parti communiste avec Fernand Grenier (janvier 1943); et les radicaux avec Édouard Herriot (avril 1943). En France, sous l'initiative et par l'intermédiaire de Jean Moulin furent créés les Mouvements unis de résistance (MUR) réunissant les trois principaux groupements de la zone libre (mars 1943); puis fut constitué le Conseil national de la Résistance (CNR). Bien qu'écarté par les Anglais et les Américains lors du débarquement en Afrique du Nord (8 novembre 1942), le général de Gaulle parvint à s'imposer comme chef de la France combattante et unique représentant de tous les Français. Sous sa présidence et celle du général Giraud, il constitua à Alger, le 3 juin 1943, le Comité français de libération nationale (CFLN) qui devint un an plus tard le Gouvernement provisoire de la République. Jouissant alors d'une autorité suffisante, il s'opposa au projet des Alliés qui visait à placer le territoire français sous l'administration de l'Angleterre et des États-Unis (AMGOT). Après le débarquement de Normandie, il entra à Bayeux le 14 juin et à Paris le 25 août. L'accueil triomphal qu'il reçut dans toutes les villes où il se présenta consacra définitivement la légitimité de son action et lui valut d'être invité officiellement aux États-Unis par le président Roosevelt. Puis, par le traité franco-soviétique de Moscou (10 décembre 1944), il obtint que le général de Lattre de Tassigny à Berlin, et le général Leclerc en rade de Tokyo, fussent présents aux signatures de capitulation de l'Allemagne et du Japon les 8 mai et 3 septembre 1945. Il lui restait à rétablir l'État, à restaurer l'économie et à réformer la société : nationalisation, planification, instauration de la Sécurité sociale. Élu président du Gouvernement provisoire par l'Assemblée nationale (novembre 1945), il proposa un projet de Constitution propre à renforcer le pouvoir exécutif mais se heurta aux socialo-communistes partisans d'un pouvoir législatif. Ce désaccord le conduisit à démissionner le 20 janvier 1946, interrompant cinq années d'une épopée sans précédent. Il ne devait revenir au pouvoir qu'en 1958, alors que s'aggravait le conflit algérien. Elu à une très large majorité le 5 décembre, il devint le premier président de la Ve République après avoir fait approuver une nouvelle Constitution renforçant le pouvoir personnel du chef de l'Etat. À l'intérieur, il entreprit un redressement économique, financier, social et culturel. À l'extérieur, il s'efforça de rendre à la France sa place et son prestige dans le monde. Cependant, après avoir salué l'Algérie française, il revint sur sa déclaration et, par les accords d'Évian (mars 1962), consacra l'indépendance de ce pays. Peu après, il échappait à un attentat (Petit-Clamart, août 1962) fomenté par les opposants de 1'OAS (Organisation de l'Armée Secrète). Avec le gouvernement de Georges Pompidou, il s'attacha à la réconciliation avec l'Allemagne (1963) et à un rapprochement entre l'Est et l'Ouest. En 1966 il rompit avec l'OTAN et dota la France d'une force de frappe nucléaire. Favorable à une Europe confédérée, il se déclara hostile à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Il prit position vis-à-vis du Viêt-Nam, de la Chine, du Biafra, du Proche-Orient et du Canada. Mais à l'intérieur, il dut affronter une opposition politique et syndicale qui tenta de l'écarter. Réélu en 1965, il eut à faire face à la crise de mai 1968. Un référendum basé sur la proposition de régionalisation et de refonte du Sénat aboutit au rejet de celle-ci et le força à démissionner en 1969. Il mourut l'année suivante à Colombey-les-Deux-Eglises. Il avait écrit, entre 1954 et 1959, ses Mémoires de guerre. En 1971, après sa mort, parurent les Mémoires d'espoir.
L'exercice du pouvoir sous de Gaulle
Pendant onze ans, de Gaulle est à la tête du pays et définit la pratique présidentielle de la Ve République. Son long «règne» finit par lasser les Français.
La fin de la guerre d'Algérie autodétermination Solution politique formulée par de Gaulle pour régler le problème algérien, en septembre 1959. Elle consiste, pour la première fois, à proposer au peuple algérien de se prononcer sur son avenir : soit l'Algérie française, soit l'association, soit la sécession. Ce principe entraîne la colère des pieds-noirs qui se sentent trahis. putsch des généraux Tentative de prise de pouvoir d'une partie de l'armée française stationnée en Algérie, en avril 1961, pour conserver l'Algérie française. De Gaulle applique, à cette occasion, l'article 16 . OAS (Organisation armée secrète.) Organisation paramilitaire née au lendemain du putsch des généraux. Son but est d'empêcher l'indépendance de l'Algérie par des attentats meurtriers. Son fait d'armes le plus connu est l'attentat du Petit-Clamart, le 22 août 1962, contre de Gaulle. Celui-ci est alors convaincu de la nécessité de réformer la Constitution en proposant l'élection du président de la République au suffrage universel direct.
accords d'Evian Signés le 18 mars 1962, ces accords prévoient un cessez-le-feu immédiat et un référendum d'autodétermination (cf ci-dessus) pour les Algériens le 1er juillet. Ils ouvrent la voie à l'indépendance de l'Algérie, effective à partir du 3 juillet 1962.
Une politique de «grandeur» nationale
« rang de la France » Expression du général de Gaulle qui résume sa politique étrangère. Il cherche à se dégager de la tutelle américaine et tente de mener une politique d'indépendance nationale, reposant notamment sur la possession de l'arme nucléaire (1960). Il fait également sortir la France du commandement intégré de l'OTAN.
L'usure du pouvoir
«l'exercice solitaire du pouvoir» Expression utilisée en août 1967 par Valéry Giscard d'Estaing, ancien ministre de De Gaulle. Il dénonce ainsi la dérive monarchique de la pratique du pouvoir, marquée par l'insuffisante consultation du Parlement. Cette prise de position montre l'usure du pouvoir du général, déjà révélée lors des élections présidentielles de 1965 où il fut mis en ballottage face à Mitterrand.
Mai 68 Crise sociale et politique majeure : elle commence par une révolte étudiante et s'accompagne de l'éclosion de fortes grèves dans de multiples secteurs. Elle s'inscrit dans un vaste mouvement de contestation qui affecte l'ensemble des pays industriels : rejet par la génération du baby-boom de la société de consommation et des hiérarchies instituées. Le 27 mai, les accords de Grenelle réduisent le temps de travail et augmentent le SMIG. Malgré le triomphe de la droite gaulliste aux élections législatives de juin 1968, Mai 68 révèle une usure du pouvoir gaulliste.
DE GAULLE (démission de) • 20 janvier 1946 Le 6 novembre 1945 a lieu la première réunion de l’Assemblée nationale constituante qui, le 13, choisit De Gaulle comme chef du Gouvernement provisoire. Mais au moment de former son Gouvernement, le Général se trouve en conflit avec les partis de la majorité, notamment avec le Parti communiste, auquel il ne veut pas confier de portefeuille stratégique. Finalement, cinq communistes feront partie du cabinet investi par la Chambre. Mais le 20 janvier, De Gaulle surprend en annonçant qu’il se démet de ses fonctions. Selon lui, sa tâche est terminée. En fait, il part à cause d’une vive opposition entre ses conceptions - elles se feront jour à partir de 1958 - et celles beaucoup plus traditionnelles des parlementaires et du personnel politique qui l’entoure. DE GAULLE (démission de) •28 avril 1969 Les événements de mai 68 ont montré la fragilité d’institutions qui semblaient pourtant solides. Aussi De Gaulle cherche-t-il à les conforter en faisant du Sénat, qui depuis 1962 lui est hostile, une simple Assemblée consultative (d’autres diront « croupion ») et en accordant aux régions une certaine autonomie administrative et financière. A cette fin, et malgré le veto du Conseil constitutionnel, il organise le 27 avril un référendum dont il dramatise à souhait l’issue en annonçant son départ en cas de vote négatif. Et par 12 007 102 « non » (soit un peu plus de 52 % des suffrages exprimés) contre 10 901 753 «oui», les électeurs rejettent la réforme. Dès le lendemain, à Oh 10, un communiqué annonce que le Général cessera dès midi d’exercer ses fonctions de président de la République. DE GAULLE (pleins pouvoirs à) • 2 juin 1958 Sur fond de malaise économique et de crise morale causée par la guerre d’Algérie, les institutions de la IVe République, qui ont démontré leur inefficacité, se trouvent mises en péril par l’insurrection (en faveur de l’Algérie française) qui éclate à Alger le 13 mai 1958 et par le putsch (le «plan Résurrection») qui se prépare en métropole. Le 29 mai, le président Coty, pour « sauver la République », fait appel à De Gaulle, qui annonce son intention de modifier la Constitution. Le 1 erjuin, l’Assemblée nationale, par 329 voix contre 224 (celles des communistes, des socialistes, des radicaux et des progressistes), investit le Général à la présidence du Conseil ; le lendemain, elle lui vote les pleins pouvoirs en métropole et des pouvoirs spéciaux en Algérie, modifie l’article 90 de la Constitution afin de permettre la préparation d’une nouvelle Constitution, puis l’Assemblée s’ajourne.Liens utiles
- Analyse du discours de Charles De Gaulle à l’hôtel de ville de Paris le 25 août 1944 Ce document est un discours prononcé par le général De Gaulle, à l’hôtel de ville de Paris le 25 août 1944.
- Charles de Gaulle par Jacques FreymondDirecteur de l'Institut Universitaire de Hautes
- Charles de Gaulle Reçu à Saint-Cyr en 1909, Charles de Gaulle est promu sous-lieutenant en1912 et lieutenant en 1913.
- Charles de Gaulle, une vie d’engagements
- Charles de Gaulle (1810·1110).