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Gamal Abdel Nasser

Gamal Abdel Nasser (1918-1970). Officier, il participa au complot qui aboutit en 1952 à la déposition du roi Farouk d’Egypte. Au pouvoir de 1954 jusqu’à sa mort, il s’engagea dans une politique étrangère d’inspiration neutraliste. La nationalisation du canal de Suez provoqua une grave crise internationale dont son pouvoir sortit renforcé. Malgré sa défaite contre Israël en 1967, il bénéficia jusqu’à sa mort d’un grand prestige dans le monde arabe et dans le tiers monde.

Nasser, Gamal Abdel (Béni Mor, province d’Assiout, 1918-Le Caire 1970); chef d’État égyptien [1954-1970]. Issu d’un milieu modeste d’Alexandrie, il entre à l’Académie militaire où il fréquente les groupes d’officiers nationalistes. Après la première guerre israélo-arabe et la défaite, il organise le mouvement des Officiers libres. Il est l’un des artisans du coup d’Etat qui renverse le roi Farouk en 1952 et il appuie le nouveau dirigeant du pays, le général Néguib, avant de l’évincer en 1954 et de devenir le Raïs (président) de la nouvelle Égypte, à laquelle il donne une Constitution présidentialiste en 1956. Il se lance dans un programme de développement destiné à assurer l’indépendance du pays. Nationaliste arabe, N. soutient les Algériens en guerre contre la France et se présente comme un des chefs de file du mouvement des Non-Alignés depuis la conférence de Bandung en 1955. La nationalisation de la Compagnie du canal de Suez en juillet 1956 lui vaut une riposte militaire franco-britannique à laquelle se joignent les Israéliens en octobre 1956. Défait, N. l’emporte sur le terrain diplomatique lorsque Français et Britanniques doivent rembarquer sous les injonctions des Américains et surtout des Soviétiques. N. se présente désormais comme un héros de la lutte contre l’impérialisme, se rapprochant diplomatiquement de l’URSS. La nouvelle défaite de 1967 face à Israël manifeste pourtant la faiblesse économique et militaire du pays ; elle atteste aussi la grande popularité du Raïs : démissionnaire, il est rappelé par la foule en juin 1967. Il meurt épuisé sans avoir pu résoudre la question palestinienne ni donner au nationalisme arabe un contenu plus solide que l’éphémère République arabe unie fondée avec la Syrie en 1958.

Bibliographie : G. Nasser, Philosophie de la révolution, Le Caire, 1954 ; J. Lacouture, Nasser, 1971 ; J.-P. Derrienic, Le Moyen-Orient au XXe siècle, 1980, p. 152 et 173 sqq. ; P. Balta, C. Rulleau, La Vision nassérienne, 1982, M. Ferro, 1956, Suez. Naissance d’un tiers-monde, 1982 ; D. Chevallier dir., Renouvellements du monde arabe, 1952-1982.




NASSER, Gamal Abdel (Béni Mor, Haute Égypte, 1918-Le Caire, 1970). Homme politique égyptien. Nationaliste, leader du tiers monde et champion de l'unité arabe, il a profondément marqué l'Égypte contemporaine. Issu d'une famille modeste de fellahs, Nasser fut reçu à l'Académie militaire du Caire en 1937. Nationaliste convaincu, hostile à la tutelle de l'Angleterre sur l'Égypte, il forma le premier noyau d'officiers patriotes - parmi lesquels Anouar el-Sadate - qui jurèrent de libérer l'Égypte. Durant le premier conflit israélo-arabe, il s'illustra au combat et fut grièvement blessé. Humilié par la défaite, convaincu de la nécessité de renverser le roi Farouk jugé corrompu et trop faible à l'égard des Anglais, il forma le mouvement clandestin des « officiers libres », pour la plupart issus d'un milieu paysan, souvent modeste. Lieutenant-colonel (1951), il gagna à sa cause le général Néguib qui jouissait d'un grand prestige. Profitant des émeutes du Caire en juillet 1952, Nasser, soutenu par le groupe des « officiers libres », organisa un coup d'État qui obligea le roi Farouk à abdiquer. Le Conseil de la révolution imposa alors la réforme agraire de 1952 destinée à démanteler les bases de la puissance de l'aristocratie mais aussi à réduire l'influence communiste dans les campagnes. Tous les partis politiques furent supprimés, même le Wafd, parti nationaliste égyptien, et la République fut proclamée en juin 1953. Nasser devint Premier ministre adjoint et Néguib, président de la République. Mais ce dernier, jugé modéré et conservateur, fut progressivement écarté du pouvoir et Nasser fut élu président de la République par référendum en juin 1956. Considéré comme trop favorable au bloc occidental, Nasser refusa d'adhérer au pacte américain de Bagdad. Il fut à la conférence de Ban-dung (avril 1955), avec Nehru et Tito, le porte-parole du non-alignement et le défenseur de la lutte des pays d'Asie et d'Afrique sous domination coloniale. Considérant l'irrigation et l'électrification comme étant deux des conditions majeures du développement de l'Égypte, Nasser décida la construction du haut barrage d'As-souan. Cependant, devant le refus des crédits anglo-américains, il décida la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez (juillet 1956) dont les revenus devaient permettre la construction du barrage. La France, l'Angleterre - principaux actionnaires de la Compagnie de Suez - et Israël ripostèrent par une intervention militaire réussie mais durent se replier après l'intervention diplomatique des États-Unis et de l'URSS (novembre 1956). Malgré les défaites de l'armée égyptienne, Nasser tira de cette guerre un grand succès politique et décida de nationaliser les biens occidentaux. Après avoir liquidé toute opposition (Frères musulmans et communistes), Nasser joua désormais un rôle prépondérant à la tête de l'État et du parti unique, l'Union socialiste arabe. Il entama la seconde étape des grandes nationalisations (1961-1963), appliqua une seconde réforme agraire qui limitait la propriété foncière aux dépens des grands féodaux et acheva, grâce aux capitaux et à l'aide technique soviétiques, la construction du barrage d'Assouan. Champion du panarabisme et de la lutte anticolonialiste, il accueillit au Caire la conférence afro-asiatique (janvier 1958), donna asile aux chefs du FLN d'Algérie et soutint les républicains du Yémen. Afin d'accélérer le processus d'unification arabe contre Israël, il forma avec la Syrie la République arabe unie (février 1958) qui devait éclater en 1961. Après la défaite de juin 1967 contre Israël, Nasser accepta l'aide massive de l'URSS pour reconstituer son armée. Il tenta enfin de jouer un rôle d'arbitre dans l'affrontement sanglant entre les Bédouins du roi Hussein et les organisations palestiniennes. La mort du Raïs consterna le monde arabe et ses obsèques furent suivies par plusieurs millions de personnes. Voir Israélo-arabe (Deuxième guerre, 1956, Troisième guerre, 1967).

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