Databac

FRONT POPULAIRE (France)

FRONT POPULAIRE   (France)

Alliance politique passée entre les partis de la gauche française, le Front populaire est conclu en 1935 dans un contexte de crise économique et de montée de l’extrême droite. Les socialistes, les communistes et les radicaux, unis, remportent les élections législatives d’avril-mai 1936. Le socialiste Léon Blum forme un gouvernement que les communistes soutiennent sans y participer. La victoire de la gauche donne de l’ampleur à un vaste mouvement de grève, où les usines sont spontanément occupées dans une ambiance de fête. L. Blum organise des négociations entre patronat et syndicats. Les accords de Matignon, signés le 8 juin, octroient la liberté syndicale et des hausses de salaires. Le gouvernement fait ensuite voter une série de lois sociales dans l’espoir de relancer l’emploi (deux semaines de congés payés, semaine de travail de 40 heures). Il cherche à réduire l’influence des « forces de l’argent » (nouveau statut de la Banque de France, création d’un office du blé régulant le marché, nationalisations des industries de guerre). Le Front populaire réforme l’éducation (obligation scolaire élevée à quatorze ans), promeut la pratique du sport, les loisirs et la culture en soutenant les initiatives des associations. Alors que les oppositions se multiplient, le Front populaire rencontre des difficultés économiques insurmontables (fuite des capitaux, relance économique restreinte et inflation, besoin de financer le réarmement en pleine guerre d’Espagne). L. Blum démissionne le 22 juin 1937. Le Front populaire s’achève lorsque les radicaux passent une alliance avec la droite en 1938.

FRONT POPULAIRE (mai 1936-avril 1938). Nom donné en France à la coalition des partis de gauche qui arriva au pouvoir en juin 1936. Si sa politique, notamment économique, reste encore très controversée, les réformes sociales qu'il imposa marquèrent un acquis important pour la cause ouvrière. Née des conséquences de la grande crise économique de 1929 qui affecta la France au début de 1931, du mécontentement social accentué par l'échec de la politique de déflation de Laval mais aussi de la montée du fascisme en Europe et de la menace fascisante en France (émeute du 6 février 1934), le Front populaire se constitua avec l'élaboration d'un programme commun (janvier 1936). Il regroupa les partis politiques de gauche (parti communiste avec Maurice Thorez, la SFIO avec Léon Blum et le Parti radical avec Édouard Daladier), les syndicats (CGT socialiste et CGTU communiste réunifiées en 1936) et plusieurs organisations d'intellectuels de gauche. Lors des élections législatives de mai 1936, les désistements réciproques assurèrent aux partis du Front populaire, après un premier tour incertain, une victoire électorale complète. Les progrès communistes furent les plus sensibles, la SFIO devint le premier parti de la majorité, mais les radicaux, bien qu'en perte de vitesse, restèrent néanmoins les maîtres du jeu. Léon Blum, chef de la SFIO, forma le gouvernement composé de socialistes et de radicaux, les communistes apportant leur soutien mais sans participation. Ce fut pendant l'été 1936 que fut accompli l'essentiel des réformes du Front populaire, en partie sous la pression des grèves qui éclatèrent, pour la plupart spontanément, dans l'euphorie de la victoire : signature des accords Matignon (7 juin 1936); augmentation des salaires, semaine de 40 heures, deux semaines de congés payés, réorganisation et nationalisation de la Banque de France, création de l'Office national interprofessionnel du blé, nationalisation des chemins de fer et des industries de guerre. Cependant, les faits déçurent vite les espoirs suscités par ce que certains appelèrent le New Deal français. Les difficultés financières (freinage des investissements, évasion des capitaux qui affaiblirent le franc, hausse des prix et chômage) obligèrent Léon Blum à déclarer la « pause », c'est-à-dire la fin des réformes, provoquant l'amertume des syndicats et des partis de gauche, en particulier le PCF déjà amer après la décision de non-intervention dans la guerre civile d'Espagne (1936-1939). Léon Blum dut céder sa place de président du Conseil à Camille Chautemps (juin 1937-mars 1938), l'échec du deuxième cabinet Blum (mars-avril 1938) et le ministère Daladier qui lui succéda marquant, par la remise en cause des conquêtes sociales et la signature des accords de Munich, la fin définitive du Front populaire. Confronté aux contradictions internes de sa majorité, aux violentes pressions de la droite (campagnes haineuses de la presse d'extrême droite), mais aussi à une conjoncture difficile, le gouvernement de Léon Blum ne peut être taxé ni de réussite, ni d'échec absolu. Voir Auriol (Vincent), Blum (Léon), Ligue des droits de l'homme, Salengro (Roger), Zay (Jean).

Liens utiles