Databac

FRONDE (LA)

Guerre civile que se livrèrent en France, durant la minorité de Louis XIV, le parti d'Anne d'Autriche et de Mazarin et celui de la noblesse et du Parlement. Le désordre des finances, les frais de la guerre de Trente Ans, la création d'impôts nouveaux furent à l'origine de ces événements. Il y eut d'abord la Fronde parlementaire. Mazarin, pour faire accepter les nouvelles contributions, chercha mais n'obtint pas l'appui du parlement de Paris, qui signa l'arrêt d'union (13 mai 1648) avec les autres Cours souveraines et tenta de limiter le pouvoir royal avec la Déclaration des 21 articles. Il ordonna alors l'arrestation des membres les plus factieux du Parlement: le président de Blancmesnil et Broussel. Cette décision provoqua le soulèvement du peuple et ce fut la journée des Barricades (26 août 1648). La famille royale se réfugia à Saint-Germain tandis que Condé assiégeait Paris et obtenait la paix de Rueil (1649). Mais ce grand seigneur, déçu de ne pas obtenir la place de Mazarin qu'il convoitait, se rangea du côté des frondeurs. Ce nouveau mouvement prit le nom de Fronde des princes et l'on vit se grouper autour de Condé son propre frère, le prince de Conti, sa soeur, la duchesse de Longueville, le duc de Beaufort, Anne de Gonzague, Gaston d'Orléans, etc. L'agitation s'amplifia au point que Mazarin, qui avait fait arrêter Condé, fut contraint de le relâcher et de se retirer lui-même à Cologne (1652). Anne d'Autriche profita de la discorde entre les princes pour rappeler son ministre. Condé quitta Paris, souleva la Guyenne et le Poitou et s'adjoignit les Espagnols. Après la bataille de Bléneau (1652), il marcha une deuxième fois sur Paris mais se heurta à Turenne (combats du faubourg Saint-Antoine, 26 juin). L'intervention de la duchesse de Montpensier (la « Grande Mademoiselle »), qui fit tirer le canon de la Bastille, lui permit l'accès à la ville mais il en fut chassé par les bourgeois. Condé se retira alors en Espagne et Anne d'Autriche, accompagnée du jeune Louis XIV qui venait d'atteindre sa majorité, rentra dans la capitale.

FRONDE (La). Nom donné aux troubles qui agitèrent la France de 1648 à 1653 sous la régence d'Anne d'Autriche et le gouvernement de Mazarin. Nobles et parlementaires, hostiles au renforcement et à la centralisation du pouvoir royal réalisés par Richelieu, tentèrent de retrouver leurs anciennes prérogatives. Leur échec rendit son prestige à la monarchie que Louis XIV, tirant les leçons de l'événement, transforma en monarchie absolue. La guerre contre l'empire des Habsbourg (guerre de Trente Ans), qui obligea Mazarin, devenu très impopulaire, à des augmentations d'impôts insupportables pour le peuple, mais aussi la minorité de Louis XIV incitant les grands à l'action furent les deux circonstances qui contribuèrent à l'éclatement de la crise. Le Parlement de Paris, menacé par l'édit de 1648 suspendant pour quatre ans le traitement des membres des cours souveraines refusa, sous l'influence du futur cardinal de Retz et de Broussel, d'enregistrer l'édit. Il se réunit par l'acte d'union (1648) aux autres cours souveraines et présenta un programme de réformes qui, à l'exemple de la révolution anglaise, limitait singulièrement le pouvoir royal : suppression des intendants, promesse de ne retenir personne prisonnier plus de 24 heures, garantie de ne lever aucun impôt sans l'enregistrement de l'édit par le Parlement. La Fronde parlementaire avait commencé. Mazarin, après hésitation, décréta l'arrêt du Parlement comme attentatoire aux droits du roi, ordonna l'arrestation du conseiller Broussel qui, très populaire, provoqua le soulèvement de la capitale (journée des Barricades, 1648), excitée contre Mazarin par une presse de pamphlets imprimés librement (mazarinades). Anne d'Autriche, forcée de relâcher le prisonnier, s'exila avec la Cour à Saint-Germain-en-Laye (1649), tandis que le prince de Condé assiégeait Paris. Les parlementaires, inquiets de l'agitation populaire et des pourparlers des chefs de la Fronde avec les Espagnols, choisirent finalement de se réconcilier avec la reine et signèrent la paix de Rueil (1649) qui leur accordait l'amnistie contre l'abandon de leurs prétentions politiques. Mécontent du maintien au pouvoir de Mazarin, Condé rompit avec la Cour et rejoignit les frondeurs. Arrêté par surprise, il fut enfermé à Vincennes. Ses amis, indignés, soulevèrent la province, partagée entre royalistes fidèles et partisans de Condé soutenus par les troupes espagnoles. La Fronde des princes - beaucoup plus grave - succédait à celle des parlementaires. Pour combattre Condé, la régente et le jeune Louis XIV quittèrent de nouveau Paris. Mazarin, contraint de relâcher le prince, se retira en Rhénanie (1651), cependant que des rivalités naissaient entre les chefs (Condé et le futur cardinal de Retz), et entre nobles et parlementaires. La reine en profita pour rétablir son autorité et rappela Mazarin. Condé s'allia alors aux Espagnols, souleva la Guyenne et le Poitou, tandis que Turenne se ralliait de nouveau à la Cour. Ce dernier assiégea Paris ; Condé, qui y avait trouvé refuge, fut chassé et s'enfuit aux Pays-Bas espagnols, son départ marquant la fin de la guerre civile. Le roi rentra dans sa capitale où il reçut un accueil triomphal, suivi peu après de Mazarin, ce qui ne provoqua aucun trouble, l'anarchie et l'excès de malheurs ayant provoqué la lassitude d'une grande partie de la population. Voir Importants (Cabale des), La Rochefoucauld (François de), Longueville (Duchesse de).

Liens utiles