Databac

FREUD (vie et oeuvre)


Les maladies et les troubles mentaux ne sont pas forcément d'origine organique: ils peuvent avoir des causes psychologiques et inconscientes. Freud pose ainsi un regard nouveau sur l'homme et fonde la psychanalyse.


VIE

L'oeuvre de Freud s'inscrit dans un moment philosophique de doute envers l'homme et envers sa toute-puissance. En affirmant la primauté de l'inconscient, le fondateur de la psychanalyse apporte un regard radicalement neuf sur l'homme.
La naissance de la psychanalyse (1856-1905)

OEUVRES

Freud ne se voulait pas seulement médecin, mais savant et philosophe. Avec la psychanalyse, il ne veut pas apporter seulement un outil clinique, mais un regard nouveau sur l'homme et sur le destin de l'humanité .
Psychopathologie de la vie quotidienne (1901)
Freud fait une analyse des actes manqués et des lapsus pour montrer qu'ils ne sont pas insignifiants, mais qu'ils sont une manifestation d'un conflit inconscient.
Le Rêve et son interprétation (1901)
Dans la même perspective que l'ouvrage précédent, Freud analyse les rêves comme des manifestations de l'inconscient et plus précisément comme la réalisation symbolique de désirs refoulés. L'interprétation cherche à découvrir le «contenu latent» (caché) sous le «contenu manifeste».
Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905)
Freud étudie le développement de la sexualité infantile et élabore sa théorie des trois stades: oral, anal et génital. Il affirme que la sexualité est à la source des problèmes psychologiques (névrose, perversion, etc.).
Cinq Leçons sur la psychanalyse (1909)
Cet ouvrage regroupe les textes de cinq conférences que Freud fit aux États-Unis. C'est la présentation la plus synthétique et la plus facilement accessible des découvertes de la psychanalyse. Freud y évoque notamment sa conception des névroses comme résultant de souvenirs traumatiques et de pulsions refoulées, la dynamique du conscient et de l'inconscient, le complexe d'OEdipe, etc.
Totem et tabou (1913)
C'est une application des concepts de la psychanalyse à l'étude de la civilisation et de la religion. Freud y présente l'interdiction de l'inceste comme tabou (interdit) fondamental et émet l'hypothèse du «meurtre du père» comme moment fondateur de la civilisation.
Malaise dans la civilisation (1929)
Après avoir distingué deux sortes de pulsions, les pulsions sexuelles et les pulsions agressives (Éros et Thanatos), Freud décrit les institutions sociales (mariage, morale, religion) comme un ensemble de règles destinées à réprimer ces pulsions.
Essais de psychanalyse (1951 posth.)
Cet ouvrage posthume regroupe des articles écrits après 1920, date à laquelle Freud commence à revoir ses conceptions en introduisant notamment les concepts de pulsion de mort et de sur-moi.

EPOQUE

Médecine et sexualité
Au XIXe siècle, la médecine connaît d'énormes progrès et investit de nouveaux domaines, comme celui des maladies mentales. Celles-ci sont généralement perçues comme ayant des causes organiques. Freud, avec un regard plus humaniste, découvre que les troubles mentaux ne sont pas forcément d'origine mécanique, mais qu'ils peuvent avoir des causes purement psychologiques, être liés aux rapports familiaux et sociaux ainsi qu'à la sexualité. Son intérêt pour la sexualité s'inscrit aussi comme une réaction contre la morale victorienne, puritaine et hypocrite, de la société viennoise de 1900.
La philosophie
Depuis le Romantisme, on admet l'idée que l'homme n'est pas uniquement guidé par la raison, comme le pensaient les philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles, mais qu'il est régi par des forces obscures qui échappent à sa volonté. Freud n'a donc pas inventé la notion d'inconscient, qui était dans l'air. Mais il lui a donné une explication scientifique, éloignée de tout mysticisme romantique.

APPORTS

En élaborant la notion d'inconscient, Freud a révolutionné la connaissance de l'homme. Aucun penseur, si ce n'est Marx, n'a eu autant d'influence au XXe siècle.
La médecine. Freud a apporté à la médecine un outil révolutionnaire pour traiter les maladies mentales et les troubles psychologiques en postulant que ceux-ci étaient liés à la sexualité ainsi qu'aux rapports familiaux et sociaux.

L'inconscient. Freud a révolutionné la conception de l'homme en montrant que ses désirs et ses angoisses étaient le plus souvent cachés. Mais il a en même temps contribué à une meilleure connaissance des «forces obscures» qui nous gouvernent en montrant qu'elles étaient exclusivement humaines et qu'elles pouvaient être éclairées par un travail subtil d'interprétation.

La pulsion de mort. La pensée freudienne comporte pourtant une touche pessimiste, car elle considère que l'activité humaine est le lieu d'un combat inlassable entre une «pulsion de vie» et une «pulsion de mort», et que ce n'est malheureusement pas toujours la première qui gagne.

Postérité-actualité. L'influence de Freud a été immense au XXe siècle, non seulement auprès des spécialistes, mais auprès du grand public. La psychanalyse, pour le meilleur et pour le pire, a investi la vie quotidienne et le langage courant. Elle s'est constituée en discipline autonome, avec ses continuateurs, ses écoles et ses conflits doctrinaux. Contestée par beaucoup, elle demeure pourtant incontournable comme outil thérapeutique, et comme moyen de connaissance de l'homme.


CITATION A RETENIR

« L’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité.»

Sigmund Freud est le fondateur de la psychanalyse, dont l’originalité essentielle tient à ce qu’elle considère la maladie mentale comme un phénomène essentiellement psychologique. Freud rompt avec le point de vue organo-génétique qui prévalait à son époque et qui supposait l’origine organique de toutes les maladies mentales. Il adopte un point de vue psychogénétique : l’origine de la maladie mentale est à chercher dans un dysfonctionnement du psychisme. Freud est médecin de formation, mais il a glissé très rapidement de la neurologie à la psychiatrie. Les "Études sur l’hystérie" publiées avec Joseph Breuer sont un premier pas dans la constitution de la psychanalyse. La disparition d’un symptôme hystérique par la remémoration sous hypnose du souvenir oublié d’un événement traumatique conduit Freud à supposer l’existence de phénomènes psychiques inconscients. Freud n’est pas le premier à affirmer que le psychisme n’est pas tout entier conscient. La philosophie classique en avait déjà émis l’hypothèse (Leibniz affirme qu’il existe des petites perceptions inconscientes, c’est-à-dire trop faibles pour être perçues). L’originalité de la thèse freudienne tient à ce qu’elle fait de l’inconscient une réalité positive et dynamique. L’inconscient freudien n’est pas simplement le non-conscient. Il est une force psychique active, une pensée en acte, dont le fonctionnement obéit à des règles spécifiques, distinctes de celles auxquelles est soumise la pensée consciente. C’est dans "L’interprétation des rêves" (1900) que Freud donna de la notion d’inconscient une première théorie (fondée sur la distinction radicale du désir et du besoin, et le recours à la notion de refoulement). Comme les symptômes névrotiques, le rêve est une production de l’inconscient. Le contenu manifeste d’un rêve renvoie toujours à un contenu latent ou caché ou encore refoulé, que seul le travail d’interprétation peut mettre à jour. L’inconscient produit donc des effets et se manifeste par des symptômes. Freud traite donc toute production du sujet (rêves, actes manqués, comportements névrotiques) comme des effets de sens. À travers eux, une signification se manifeste qui est pourtant recouverte ou cachée par le sujet lui-même. Freud propose de comprendre le psychisme comme la coexistence de deux modes de fonctionnement dont chacun forme un système indépendant : le système inconscient d’une part, le système pré-conscient-conscient de l’autre. Mais si l’inconscient se manifeste tout en se voilant, c’est qu’il est de nature conflictuelle. Le psychisme est donc un jeu de forces opposées. Le symptôme doit être compris comme un compromis entre des tendances contradictoires. Dans "Le moi et le ça" (1923), Freud élabore une nouvelle conception des forces psychiques. L’unité du sujet est l’unité de trois termes : le ça, le moi et le surmoi. Le ça, inconscient, renvoie aux désirs inconscients et aux pulsions sexuelles et d’autoconservation. Le surmoi, inconscient lui aussi, se constitue par l’intériorisation des interdits sociaux et parentaux. Il est l’instance de la censure, du refoulement des représentations inconscientes attachées aux pulsions, lorsqu’elles menacent la construction du sujet. Le moi est en partie conscient, en partie inconscient : c’est le résultat d’une suite d’identifications inconscientes, en premier lieu à la mère, puis au père, enfin à l’Autre, en général. Le moi est aussi médiateur des intérêts conflictuel du ça et du surmoi, « il doit s’efforcer de mettre de l’harmonie dans leurs exigences » pour se faire. C’est le sens de la célèbre formule freudienne, « Là où ça était, je dois advenir ».


Freud repère des constantes dans cet inconscient humain : le désir infantile d’inceste et de parricide, ou complexe d’Œdipe, qu’il suppose universel. Dans "Totem et tabou", il indique le lien qui unit les règles d’exogamie sur lesquelles sont fondées toutes les sociétés et le complexe d’Œdipe. Il émet l’hypothèse du meurtre du père dans la horde primitive, et il voit dans ce meurtre l’origine de la famille, de la religion et de la culture. Il souligne aussi le caractère essentiellement pervers de la sexualité humaine. Dans les Trois essais sur la théorie de la sexualité, il montre l’existence chez l’enfant d’une sexualité prégénitale, c’est-à-dire orale et anale. La sexualité se développe chez l’enfant en s’étayant sur des fonctions biologiques (nutrition, évacuation), en s’appuyant sur elles, et en les parasitant. C’est en ce sens que « l’enfant est un pervers polymorphe».
Le freudisme a imprégné toute la psychologie du XXe siècle. Mais les idées freudiennes ont si profondément transformé tant d’autres branches du savoir (sciences sociales, critique littéraire, pédagogie, etc.) que ce mouvement de pensée - qui n’est pas une philosophie au sens strict - ne peut être enfermé dans les cadres de la psychologie. Freud s’est intéressé au problème de civilisation. "L'avenir d'une illusion" (1927) critique la religion à parti d'une analyse du sentiment religieux. "Malaise dans la civilisation" (1923) essaie de montrer que la civilisation ne peut se développer qu’au détriment des instincts et que le malaise ressenti dans certaines civilisations est inhérent à la civilisation elle-même. Par ailleurs, l’idée que l’homme est tiraillé entre des tendances contradictoires, qu’il existe chez lui une pulsion de mort qui ressemble à la haine de la philosophie d’Empédocle et qui s’oppose aux pulsions de vie - les pulsions sexuelles - et d’autoconservation, enrichit la théorie freudienne à un niveau qui n’est plus celui de l’interprétation immédiate des faits cliniques.

Textes importants de Freud



Liens utiles