FORMALISATION

FORMALISATION, n.f. Elaboration d’une théorie déjà établie afin de la rendre indépendante de l’intuition et des polysémies ; pour ce faire : a) on remplace les mots par des symboles (lettres, par exemple), qui ne sont plus des aides pour la mémoire, mais les objets mêmes de la théorie (par exemple, i, mis pour la quantité imaginaire "racine carré de -1", et qui sera traité indépendamment de son sens premier) ; b) on établit un système de principes (les axiomes), considéré comme la base donnée de cette théorie ; c) on fixe des procédés de démonstration (les règles de déduction).

FORMALISATION, FORMALISME, FORME

♦ La formalisation désigne en épistémologie la construction d’un système (notamment mathématique ou logique) uniquement constitué de structures formelles, et donc débarrassé de tout contenu empirique ou intuitif, de telle sorte que la connaissance s’y déduit uniquement des axiomes initiaux par application rigoureuse des lois logiques. Au sens strict, une théorie n’est formalisée que lorsqu’on adjoint aux axiomes qui la caractérisent ceux de la logique qu’elle utilise.

♦ Le formalisme est la théorie considérant que les vérités scientifiques (particulièrement mathématiques) sont strictement formelles et reposent uniquement sur des symboles précisément définis (voir axiomatique). Dans un sens moins technique, privilège accordé au point de vue exclusivement formel, indépendamment de l’aspect matériel, sensible, affectif, etc. Concerne ainsi, par exemple, l’esthétique (théorie de l’« art pour l’art »), le droit, la morale. Plus largement encore, et dans une acception légèrement péjorative, c’est la tendance à n’observer que la lettre d’une loi (religieuse, morale, juridique) sans tenir compte de son esprit.

♦ Le concept de forme est presque toujours opposé à celui de matière : - Figure géométrique constituée par les limites d’un objet. - Par analogie, et depuis la scolastique, désigne dans un jugement la nature de la relation unissant les concepts indépendamment de la signification de ces derniers. Un raisonnement peut ainsi être vrai formellement (viformae) mais faux matériellement (vi materiae). - Kant oppose la forme de la connaissance à sa matière, qui est fournie par l’expérience. La première est constituée par les lois de la pensée (catégories) et par les formes ou intuitions a priori de la sensibilité (espace et temps). - En morale, le formalisme désigne l’intention du sujet, par opposition à la matérialité de son acte. La morale kantienne est souvent qualifiée de formelle en raison de l’importance radicale qu’elle accorde à la seule forme de la loi morale et de l’obligation, indépendamment de son contenu.