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FLORIAN Jean-Pierre Claris de. Écrivain français

FLORIAN Jean-Pierre Claris de. Écrivain français. Né le 6 mars 1755, d'une famille bourgeoise et aisée des Cévennes, mort le 13 septembre 1794. Il passe toute son enfance dans les Cévennes, sans autre événement que la rencontre, vers sa dixième année, de son grand-oncle Voltaire qui lui fait connaître les Fables de La Fontaine et l'encouragera dans ses premiers essais littéraires. Amené à Paris, Florian est reçu à quinze ans parmi les pages du duc de Penthièvre, puis passe par L'Ecole Militaire de Bapaume et obtient une compagnie dans les dragons de Penthièvre. Mais il abandonne bientôt l'armée pour revenir auprès de son protecteur qui l'attache à son service avec le titre de gentilhomme. Dès lors, résidant tantôt à Anet, tantôt à Sceaux, auprès du duc qui le charge de distribuer ses libéralités, Florian se consacre tout entier aux lettres : c'est au théâtre qu'il fait ses débuts avec des Comédies gracieuses et gaies par lesquelles il ressuscite au Théâtre-Italien le genre des Arlequinades , mais avec un Arlequin plus fin, plus spirituel que celui connu jusqu'alors, avec même une nuance sentimentale, brave homme, bon époux, bon fils et bon père, dans Les Deux billets (1779), Les Deux jumeaux de Bergame, Le Bon ménage (1782). Amateur et connaisseur de littérature espagnole, Florian donnera une traduction assez libre, mais appauvrie, de Don Quichotte ; c'est à Cervantès encore qu'il emprunte le thème de son roman pastoral Galatée (1783), suivi d'Estelle (1788) qui se rattachent, mais de très loin pour le talent, au courant illustré par Paul et Virginie . D'Estelle, par exemple, on ne peut guère retenir autre chose qu'une évocation assez heureuse, quoique pauvre de pittoresque, du Languedoc qui vaut à Florian la piété fidèle de poètes méridionaux. Florian est très bien en cour, ainsi que nous le montre sa lettre à Boissy d'An-glas, datée du 31 mai 1788 : « J'ai obtenu — dit-il — en trois semaines le brevet de lieutenant-colonel, la croix de Saint-Denis, mon fauteuil académique, et une abbaye à six lieues de Paris pour une tante à moi... » Il suivait la mode — qui allait alors aux bergeries (ne pourrait-on voir dans La Nouvelle Héloïse une longue bergerie morale ?); c'est l'influence de Gessner surtout qu'il subit mais il traite le genre avec une telle fadeur larmoyante qu'elle fut sensible aux contemporains eux-mêmes (« de la soupe au lait », disait Marie-Antoinette des romans de Florian). Numa Pom- pilius, faible et prétentieuse imitation de Télémaque , valut à Florian une féroce critique de la part de Rivarol. Ce sont ses Fables , publiées en 1792, qui ont sauvé ce poète facile de l'oubli : la bienveillante morale naturelle de Florian, limpide, optimiste, qui jamais ne livrera les agneaux aux loups, y est rajeunie par des traits de malice, de raillerie. Le reste de son oeuvre est caractéristique de ce retour à un romanesque sentimental, éthéré, moralisateur que vit la fin du XVIIIe siècle, au milieu des plus audacieuses dépravations de la vie quotidienne. Banni en 1793 par le décret interdisant aux nobles de séjourner à Paris, Florian alla se réfugier à Sceaux où d'ailleurs il fut bientôt appréhendé. Le 9 thermidor le sauva de la guillotine. Mais il devait mourir, brisé par les émotions, à trente-neuf ans, le 13 septembre 1794. ? «On éprouve à rappeler le souvenir du chevalier de Florian le genre d'agrément que donne la rencontre, dans une boutique de bric-à-brac, d'un vieux pastel très fin, à demi effacé. » A. France. ? « Un des charmes et aussi une des supériorités de Florian, c'est d'avoir “sensibilisé ” la fable. » G. Saillard.