Ferdinand II le Catholique (Sos, Aragon, 1452-Madrigalejo, Estrémadure, 1516) ; roi d'Aragon [1479-1516], et roi de Naples [1504-1516] sous le nom de Ferdinand III, connu également sous le nom de Ferdinand V en tant que roi de Castille et de Leon.

Ferdinand II le Catholique (Sos, Aragon, 1452-Madrigalejo, Estrémadure, 1516) ; roi d'Aragon [1479-1516], et roi de Naples [1504-1516] sous le nom de Ferdinand III, connu également sous le nom de Ferdinand V en tant que roi de Castille et de Leon. Fils et futur successeur de Jean II d'Aragon, F. épouse en 1469 sa cousine Isabelle de Castille, qui a tout comme lui des droits sur la couronne de Castille. Le but de cette union est de réaliser la fusion des aspirations au trône de ces deux prétendants, ce qui les amène à partir de 1474 à régner conjointement sur la Castille. F. est le seul en revanche à régner en Aragon. F. reconnaît pleinement l'énergie d'Isabelle, son aptitude à gouverner, son intelligence et son amour de la justice qui lui valent l'amour de ses sujets ; Isabelle, de son côté, ne manque jamais de consulter son époux avant de prendre des décisions importantes, en sorte qu'à leur règne commun se rattache une image d'unité, qui contribue à renforcer la puissance de l'Espagne. Après la mort d'Isabelle (1504), F. exige d'exercer la régence en Castille au nom de sa fille Jeanne la Folle qui doit succéder à Isabelle, sans tenir

compte de l'époux de celle-ci Philippe le Beau, mais il en est tout d'abord empêché par l'attitude hostile des grands de Castille qui ne voient en lui que le roi d'Aragon, et saisissent l'occasion de lutter contre une monarchie trop forte, en sorte qu'il ne parvient à ses fins qu'en 1506 après la mort soudaine de Philippe : il exerce alors jusqu'à sa mort, en 1516, la régence au nom de son petit-fils Charles (le futur Charles Quint), élevé aux Pays-Bas. Alors que F. procède en Castille à une réorganisation profonde des structures agraires qui vise à affaiblir la noblesse terrienne tout en consolidant la puissance et l'indépendance de la couronne, il se montre soucieux de préserver en Aragon la liberté des Etats afin de prévenir toute tentative de rébellion. Son objectif essentiel consiste à renforcer le pouvoir royal face à la noblesse qui aspire à l'indépendance. Le soin qu'il apporte à mener une politique commune en Castille et en Aragon ne contribue pas peu à servir cet objectif et crée du même coup les bases nécessaires à la formation ultérieure d'un Etat espagnol unifié. Bien qu'il ne soit guère regardant sur les moyens de sa politique - bien connu pour être un diplomate rusé, il aurait fourni à Machiavel l'un des exemples dont celui-ci s'est inspiré pour tracer le portrait de son Prince -, il est pourtant toujours convaincu que ses revendications sont fondamentalement légitimes. L'introduction de l'inquisition en tant qu'organisme d'Etat, l'achèvement de la Reconquista (1492 : prise de Grenade), la conquête de la Navarre (1512) et de Naples (1504), le soutien apporté aux voyages de découvertes, et la transformation de l'Aragon et des provinces de Leon-Castille en un État relativement unifié constituent l'oeuvre accomplie en commun par les « rois catholiques » F. et Isabelle.

Bibliographie : P. Chaunu, L'Espagne de Charles Quint, 1973, t. I, p. 17-20 ; J. Perez, Ferdinand et Isabelle, 1988.