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Ève de Charles PÉGUY

Ève de Charles PÉGUY, 1913, La Pléiade

• C’est le dernier des poèmes de Péguy et sans doute le plus remarquable.

• Péguy y développe la vision chrétienne de la destinée de l’humanité entre le spirituel et le charnel, depuis l’exil terrestre d’Adam et d’Ève, après la chute, jusqu’à la promesse du retour dans la maison de Dieu grâce au sacrifice de Jésus-Christ. C’est le Christ qui parle et s’adresse à Ève, la mère de tous les hommes, pour la prendre à témoin du sort de l’humanité déchue mais qui se souvient de l’Éden primitif. Dans l’édition de 1913, le poème se compose d’une suite continue de mille neuf cent onze quatrains d'alexandrins associés par leurs cadences en vagues puissantes, avec tout un jeu de répétitions et de variantes roulant sur quelques grands thèmes. Certains de ceux-ci sont empruntés à la tradition, comme le Jugement dernier qui inspire à Péguy des images saisissantes : Quand l’homme reviendra dans son premier village / Chercher son ancien corps parmi ses compagnons... Mais obéissant aussi à son tempérament, Péguy souligne les liens du charnel et du spirituel, et, après avoir éclairé d’une céleste lumière les passions terrestres (Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle ?), il les réhabilite : Heureux ceux qui sont morts pour les cités charnelles. / [...] Car elles sont l'image et le commencement / Et le corps et l'essai de la maison de Dieu. Péguy a lui-même présenté ce livre tout plein de sacré dans un article dicté à son ami Joseph Lotte et signé Durel (cf. La Pléiade).

• Son style poétique toujours si puissamment rythmé, si facilement fort d'une assurance épique, a trouvé sa pleine justification dans cette oeuvre de foi.

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