Euphémisme
Euphémisme Mode d’expression visant à atténuer l’effet que produirait la formulation exacte. L’euphémisme est d’un usage fréquent dans la vie courante. On dira « réaménagement des tarifs postaux » pour éviter de dire « augmentation des tarifs », « papy » pour ne pas dire « grand-père » ou « troisième âge » pour ne pas dire « vieillesse ». L’euphémisme peut être obtenu par l’emploi d’une expression « en retrait » mais aussi par le recours à différents procédés de style. Dans le vers de Chénier, « Elle a vécu Myrto la jeune Tarentine », l’expression « elle a vécu » est un euphémisme pour « elle est morte ».
Chamfort (France, xviiie siècle) raconte cette anecdote centrée sur l’expression par euphémisme : « Une jeune fille, étant à la confesse, dit : “Je m’accuse d’avoir estimé un jeune homme.” — “Estimé! combien de fois?” demanda le Père. »
EUPHEMISME nom masc. - Procédé visant à substituer à une expression pénible à entendre une formulation atténuée de celle-ci. ÉTYM. : du grec euphémismos : littéralement « bonne manière de parler ». Formé à partir de eu = « bien » et se rattachant à la racine phalphê = « parler » qui se retrouve dans « aphasie » ou « prophète ». Par hypocrisie, par gêne ou par égard pour son interlocuteur, on hésite souvent à désigner certaines réalités par leur nom. D’où le détour par l'euphémisme. La mort est à l’origine de nombreux euphémismes. On dira de quelqu’un « il n’est plus », « il n’est plus de ce monde », « il nous a quittés », « il a disparu », etc., mais plus rarement « il est mort ». Une employée de banque désirant placer un contrat d’assurance-vie (bel euphémisme pour une assurance-mort) ne dira pas « si vous mourez », mais « s’il vous arrive quelque chose ». Il en va de même pour ce que l’on considère comme scatologique. À tel point que, à l’exception des plus vulgaires, tous les mots dont nous disposons pour désigner les « toilettes » sont des euphémismes : « lieu d’aisances », « petit coin », « lieu où je pense », « là où le roi va à pied », etc. Les Américains vont encore plus loin, puisqu’ils préfèrent parler de « bathroom » à propos d’un endroit où il ne viendrait l’idée à personne de prendre un bain. La langue diplomatique a systématiquement recours à l’euphémisme. Un diplomate expliquait par exemple : « Quand un chef politique, suite à une rencontre avec son homologue, dit que les conversations ont été “franches”, il faut comprendre qu’elles ont été “orageuses”. »