Eschine, orateur

Eschine, orateur (dème attique de Cothocide v. 390-Samos 314 av. J.-C.). Son père était un modeste maître d'école, qu’il aida avant de travailler dans un gymnase ; il fut ensuite secrétaire de l’orateur Antiphon, puis d’Eubule, un des chefs du parti démocratique, dont il prit les principes tout en apprenant le droit athénien. Après avoir été acteur, il se fit soldat. Il se distingua à Mantinée en 362, puis en Eubée, à Tamynes, contre les Macédoniens en 358. C’est à cette époque qu’il commença à parler à la tribune. Ennemi de Philippe de Macédoine, il fut envoyé à Mégalopolis pour former une confédération contre les Macédoniens ; il échoua devant l'indifférence des Grecs et on ne sait comment il fut alors gagné au parti macédonien, soit par la corruption, soit dans l’espoir de préserver sa patrie contre les dangers d’une guerre; peut-être, comme Isocrate, vit-il en Philippe l’unificateur de la Grèce et le libérateur des Grecs d’Asie soumis aux Perses. Il fut, avec Démosthène, envoyé trois fois en ambassade auprès de Philippe, à la suite de quoi, découvrant ses intelligences, Démosthène voulut le faire accuser de trahison par Timarque (343) ; Eschine répliqua par une contre-accusation en démontrant que, d’après la loi, l’immoralité de Timarque ne lui permettait pas d’intenter d’accusation (action appelée epanghelia dokimasias). Timarque fut condamné. L’année suivante, Démosthène accusa lui-même Eschine d’avoir trahi lors de la seconde ambassade ; l’accusation se fit par écrit et Eschine répondit de la même manière. L’affaire n’eut pas de suite. En 338, étant devenu le chef du parti macédonien et ayant toujours favorisé la politique de Philippe parmi ses concitoyens, il attaqua Ctésiphon qui proposait de décerner une couronne d'or à Démosthène ; c’était l’année de Chéronée, et l’affaire ne fut jugée que huit ans plus tard. Démosthène répondit au discours d’Eschine avec une telle vigueur qu’il enleva l’assentiment de l’assemblée au point qu’Eschine dut s’exiler. Il passa plusieurs années en Carie et en Ionie, comptant sur l’intervention d’Alexandre pour pouvoir rentrer dans sa patrie, mais la mort du roi lui fit perdre tout espoir. Il alla alors fonder à Rhodes une école d'éloquence (323) qui devint célèbre, avant de s'installer à Samos, où il mourut.