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Érathosthène

Érathosthène : 1. À Athènes, l'un des Trente Tyrans, poursuivi par Lysias. 2. de Cyrène (né v. 285-280, mort v. 194 av. J.-C.), directeur de la bibliothèque d'Alexandrie, il fut le savant qui eut les aptitudes les plus variées de son temps, appelé pentathlos, « homme universel» (à proprement parler, athlète universel) et beta, car il venait en seconde position après le spécialiste {alpha) de chaque discipline. À partir de la philologia, «amour du savoir», il inventa, pour se désigner lui-même, le mot de philologos, « savant » : il convient bien à quelqu'un qui fut philosophe, mathématicien, astronome, chronologiste, géographe, grammairien et poète. Rien de son œuvre ne nous est parvenu en dehors de citations éparpillées. Parmi ses œuvres littéraires, la plus intéressante fut son livre sur la Comédie antique. Mais ses œuvres les plus importantes furent les Chronographia (pour lesquelles il a une dette envers Timée), les Geographica, et Sur les mensurations de la Terre. Les Chronographia offraient, sous forme de tables, un système de chronologie suffisamment clair et précis de l'histoire de la Grèce dégagée de toute mythologie, commençant à la chute de Troie (qu'il situait en 1184 av. J.-C.) et se terminant à la mort d'Alexandre le Grand (323 av. J.-C.). Les trois livres des Geographica constituaient la première description complète du monde habité, et le travail fut complété par une planisphère d'une précision satisfaisante sur laquelle il projeta ses mensurations et dont il se peut qu'elle ait comporté deux axes principaux de latitude et de longitude (voir également barbare). Aristote avait démontré ce que certains, notamment, semble-t-il, Pytha-gore, avaient déjà tenu pour établi, que la Terre était sphérique, et son élève Dicéarque avait fixé une ligne de base de latitude (déterminée au moyen de baguettes donnant de l'ombre) de Gibraltar à l'Himalaya. L'établissement de la longitude sans horloge précise était pure conjecture, mais Ératosthène traça un méridien à travers Alexandrie et l'utilisa pour faire son calcul de la circonférence de la Terre dans son livre Sur les mensurations de la Terre. Il découvrit qu'à Syène (Assouan) en Haute-Égypte, à midi, le jour du solstice d'été, une baguette verticale ne projetait aucune ombre, car elle se trouvait, pensait-il, sur le tropique (du Cancer; en fait Assouan est à soixante-dix kilomètres au nord du Tropique), alors qu'au même moment, à Alexandrie, dont il estimait qu'elle se trouvait sur la même longitude (bien qu'en fait il se trompât de 3 degrés) et à une distance de 5 000 stades, une baguette verticale projetait une ombre d'une longueur qui montrait que l'angle que faisait la baguette avec les rayons du soleil était d'l/50e du cercle (7,2 degrés). Il en tira donc la conclusion que la distance de Syène à Alexandrie devait être la cinquantième partie de la circonférence de la Terre, qui serait donc de 250 000 stades. D'aucuns prétendent qu'Ératosthène corrigea cela pour l'amener à 252 000 stades, afin que son résultat puisse aboutir à un nombre exact de stades par degré, à savoir, 700. D'après certaines estimations du stade qu'utilisa Ératosthène, le résultat auquel il est parvenu arrive à un centième du chiffre moderne (40 075 kilomètres). La véritable différence de latitude entre Alexandrie et Assouan est d'environ 7,1 degrés, légèrement moins d'l/50e d'un cercle.