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ÉPIPHÉNOMÈNE

ÉPIPHÉNOMÈNE, n.m. (gr. phainomenon «phénomène» et préfixe epi- «au-dessus», «sur», «en plus»). Phénomène superfétatoire ou parasite, qui n'entraîne aucune conséquence et qui pourrait disparaître sans inconvénient. Ce mot a été appliqué par Huxley et Maudsley à la conscience. Selon eux, l'essentiel de la vie psychologique consisterait en modifications cérébrales. Que nous en ayons conscience ou non ne change absolument rien à leur déroulement. Une thèse aussi contraire à l'observation et à l'expérience procédait de partis-pris et ne pouvait ni trouver beaucoup d'adeptes, ni résister au temps. La notion d'un phénomène sans effet présente peu d’intérêt. Elle ne mérite quelque attention que dans le cas où il s'agit de manifestations désagréables et inutiles qu'il y aurait avantage à faire disparaître. Ex. : les bruits produits par les machines.

ÉPIPHÉNOMÈNE

Au sens général, c’est un phénomène secondaire qui n’affecte pas l’existence du phénomène principal que l’on considère. En psychologie, la « conscience épiphénomène » est conçue comme « accessoire » : les faits de conscience ne sont que des reflets des phénomènes organiques, et ne peuvent exercer aucune causalité sur le déroulement des pensées ou de la conduite, qui serait entièrement soumis aux processus nerveux. Ce type de matérialisme fut soutenu à la fin du xixe siècle et au début du XXe.

épiphénomène, phénomène accessoire. — L'épiphénoménisme est la théorie selon laquelle la conscience n'est qu'un simple reflet des phénomènes organiques. Par exemple, la conscience de l'acte volontaire n'est nullement la conscience d'une libre décision qui serait à l'origine de l'acte, mais une simple lumière, qui accompagne des processus purement nerveux, lesquels seraient les véritables moteurs de nos actes. La conscience ne fait rien, elle est un épiphénomène. Ebbinghaus la compare à un spectateur au théâtre. En fait, les conditions physiologiques de l'acte volontaire, comme celles de toute idée dans l'esprit ou de tout état de conscience, ne nous sont pas connues, et l'épiphénoménisme reste une hypothèse invérifiable et inutile.

PHÉNOMÈNE, n. m. (à partir du grec phainein, «briller, apparaître »).

Sens courant : toute réalité qui se manifeste, qu’il s’agisse de faits extérieurs ou de faits internes que la conscience peut observer. Phénomènes naturels, phénomènes sociaux, phénomènes psychologiques. Selon le contexte, le phénomène peut être quelque chose d’ampleur notable (d’où l’adjectif phénoménal : qui est surprenant, extraordinaire), ou au contraire se réduire à quelque chose d’accessoire ou d’annexe (voir Épiphénomène). Dans le vocabulaire scientifique, le mot prend le sens précis de réalité observable, analysable (par opposition à des faits bruts et globaux) : on tente par exemple d'isoler un phénomène pour mieux l’étudier. Dans le vocabulaire courant, le mot peut désigner une personne ou une chose qui sort de l’ordinaire, qui est hors norme. Ce Raymond Devos, quel phénomène! Un phénomène supranormal. Le terme peut alors devenir péjoratif, désigner un individu excentrique, bizarre.

Sens philosophique : manifestation apparente, sensible, par opposition à la réalité profonde, la substance essentielle d’une réalité. Kant, notamment, oppose les phénomènes (que perçoivent nos sens ou notre conscience) aux nou-mènes (choses en soi, concepts qui échappent à notre expérience et ne pourraient être saisis que par une intuition de l’intelligence pure). On appelle phénoménologie une école philosophique qui se propose de n’atteindre l’essence des choses qu’à travers l’étude de leurs manifestations concrètes, telles qu’elles se trouvent saisies par la conscience humaine. La «phénoménologie» d’une réalité quelconque sera donc l’étude des perceptions et des réactions de la conscience faisant l’expérience de cette réalité (par opposition à une étude théorique et «objective»). La phénoménologie finit ainsi par avoir pour objet essentiel la façon dont la conscience se saisit du monde (elle tente une approche objective de la subjectivité).

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