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épigramme

épigramme (epigramma, « inscription»). Nom donné à une inscription grecque en vers. En Grèce, les épi-grammes furent d'abord écrites en hexamètres, puis en élégiaques (voir mètre 1, 3 et 4). Les premières épigrammes (du VIIe siècle av. J.-C.) se trouvaient sur des pierres gravées ou des tablettes votives, elles étaient composées de façon à donner l'impression que le mort ou le dédicataire s'adressait directement au lecteur en lui donnant des faits bruts dans un style austère et laconique, qui devint la caractéristique de l'épigramme. Simo-nide de Céos est le premier épigram-matiste de renom, mais on lui a indûment attribué beaucoup d'épigrammes anonymes. Les quelques-unes dont l'authenticité est attestée combinent l'élévation des sentiments avec une grande simplicité stylistique. Bon nombre des épigrammes grecques laissent penser qu'elles nous sont parvenues parce qu'elles étaient reliées à des noms célèbres, comme Euripide, Platon et Aristote, mais la plupart sont apocryphes. Ce n'est qu'à partir du ive siècle av. J.-C. que l'on commença à écrire des épigrammes de façon purement littéraire (on composait encore cependant de réelles inscriptions en vers) et le terme en vint à désigner un court poème écrit à l'occasion de quelque événement, grave ou banal. Ainsi, l'épigramme de Callimaque à propos de la mort de son ami Héra-clite, «ils m'ont dit, Héraclite...» est une adresse directe du poète au défunt, dans laquelle il dépeint son propre chagrin d'une manière très différente du style impersonnel des inscriptions classiques. Asclépiade fut un des premiers et des plus influents épigramma-tistes de l'époque hellénistique. Les sujets traités étaient très variés, mais les thèmes de l'amour et du vin y prédominaient. Quel que soit le sujet, la brièveté et l'élégance de l'expression étaient essentiels. Au Ier siècle av. J.-C., Méléagre fit la première grande anthologie des épigrammes écrites durant les cinq siècles précédents, laquelle fut par la suite complétée par d'autres anthologistes. C'est à Marcus Argentarius que nous devons l'introduction, au Ier siècle apr. J.-C., de ce raffinement ultime de l'épigramme qui est aujourd'hui considéré comme sa touche propre et qui consiste en un tour inattendu — un jeu de mots ou un paradoxe — dans les derniers mots. On continua à écrire des épigrammes en grec à l'époque byzantine, quelquefois sur des thèmes chrétiens, mais le plus souvent dans un esprit notablement païen; Palladas, Paul le Silentiaire et Agathias sont les poètes les plus renommés de cette époque. Les Romains eurent leur propre tradition d'épigrammes funéraires, mais leurs premières épigrammes littéraires, qui datent de la fin du IIe siècle av. J.-C., étaient d'inspiration grecque et toutes sur le thème de l'amour. Catulle écrivit des épigrammes portant sur l'amour et la haine et l'on dit qu'après lui la plupart des hommes éminents de la fin de la République écrivirent des épigrammes, mais elles sont en majorité perdues. La forme littéraire de l'épigramme latine culmina avec Martial. Ce dernier cultivait tout particulièrement le trait final piquant et paradoxal, qui est imité par tous les modernes faiseurs d'épigrammes.

Épigramme. Substantif masculin, puis féminin à partir du XVIIe siècle, qui désignait à l’origine une inscription sur un monument, et prit un tour satirique dans la littérature latine, par exemple chez Martial. Le terme désigne donc une forme brève terminée par une pointe, particulièrement en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles : Après l’Agésilas, Hélas! Mais après l'Attila, Holà! (Boileau à propos de Corneille)



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