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Ennui (thème littéraire)

État moral de malaise et d'insatisfaction qui empêche qu'on prenne intérêt à rien. L'ennui est souffrance alors que la mélancolie est douce. 1 Pascal (Pensées) : les hommes s'ennuient dès qu'ils sont privés de divertissement, «car ils sentent alors leur néant». 2 L'ennui est un état d'âme spécifiquement romantique et moderne. a) Pratiquement absent chez Rousseau, qui peint seulement la rêverie mélancolique et douce, il apparaît chez ses disciples dont la mélancolie se colore de désespoir. Chateaubriand l'analyse sous le nom de vague des passions (René, Le Génie du christianisme). Le mal de René devient le mal du siècle : Constant, Adolphe; Lamartine, Méditations; Musset, La Confession d'un enfant du siècle, Poésies nouvelles; Sainte-Beuve, Volupté; Flaubert, Madame Bovary, L'Éducation sentimentale. b) On se met à l'appeler «spleen», d'un nom anglais (au propre, la rate, siège des humeurs noires) signalé par Diderot dès 1760 : Vigny, Stello; Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Petits poèmes en prose. Il reste le thème favori de la génération des symbolistes : Verlaine, Poèmes saturniens; Laforgue, Les Complaintes; Mallarmé, Poésies; Huysmans, À rebours. 3 Au XXe siècle, le sentiment de l'absurde lui donne une acuité nouvelle : Sartre, La Nausée; Camus, L'Étranger. Les romanciers peignent les nuances de l'ennui : Giono, Un Roi sans divertissement, Gracq, Le Rivage des Syrtes; Duras, Moderato cantabile.

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