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Engendrement (Zeugung) - Schelling

Engendrement (Zeugung)

• Acte par lequel est posé hors de soi, sans pour autant se déprendre de soi-même, ce qui était en soi.

•• L’engendrement ne doit pas être pensé à partir de la génération naturelle, qui n’est à la limite qu’une manière figurée d’envisager l’engendrement. L’engendrement se définit rigoureusement comme le seul mode de dépendance dans lequel le dépendant demeure pourtant absolu en lui-même {Phil. Art, § 36), et par là comme une absoluité qui, pour être dérivée, n’en est pas moins absolue. Tel est le seul rapport de dépendance envisageable entre les dieux — d’où la théogonie. Pour son royal élève Maximilien II de Bavière, Schelling définira l’engendrement comme consistant à expulser quelque chose de l’élément où il se trouvait englouti et le mettre en demeure de se réaliser par lui-même.

••• Le concept d’engendrement permet de concilier dépendance et indépendance, et finalement création du monde et liberté de l’homme, en une somptueuse orchestration du thème de l’autonomie de la progéniture : c’est une exigence de l’Absolu lui-même que sa progéniture donne toute sa mesure : « Dieu aime tellement l’altérité qu’il la laisse, à peine née, se constituer elle-même ; elle n’est pas encore, et déjà il l’aime et lui rend hommage » (V. Jankélévitch). C’est l’acte par lequel l’Absolu engendre hors de soi une créature dont il fait dépendre le sort de sa création. L’engendrement est ainsi ce Oui divin à l’existence de la créature dans lequel Franz Rosenzweig verra l’essence de la Création.

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