Databac

EMPIRIQUE

EMPIRIQUE, adj. (gr. empeirikos «qui se dirige d’après l’expérience»). C’est parmi des médecins, aux IIe et IIIe siècles, que ce mot a été utilisé pour la première fois. Deux catégories de médecins s’opposèrent : les empiriques, qui se laissaient conduire par l’expérience, et les logiques ou rationnels, qui avaient une conception générale, un système. ♦ 1° Médecine. Notamment dans les œuvres de Claude Bernard, l’empirique est celui qui s’en tient à l’expérience pratique, non élaborée : un guérisseur ou un rebouteux sont des empiriques : ils savent comment s’y prendre pour guérir, ils ne savent pas pourquoi ils guérissent. La méthode expérimentale n’est pas empirique. Elle recourt à l’expérience guidée par une hypothèse ou idée préconçue, en vue d’établir une explication rationnelle. Une science empirique exige (actuellement, en raison de son état) le recours à l’expérience (ex. : la physique). Les mathématiques ne l’exigent pas. ♦ 2° Philosophie. «Empirique» s’oppose à «rationnel» ou à «systématique». C’est une liaison établie au niveau de l’expérience, sans faire appel à la raison pour interpréter les données de l’expérience ou les organiser en système. ♦ 3° On applique aussi le qualificatif d’empirique aux personnes dont les connaissances ou les règles d’action ne sont fondées que sur l’expérience courante. Leibniz disait : «Nous sommes empiriques dans la plupart de nos actions.» ♦ 4° Kant oppose l’empirique à l'a priori ou au «pur» (par exemple dans l’expression «raison pure».) C’est une connaissance a posteriori, qui a sa source dans l’expérience.

EMPIRIQUE, EMPIRISME, EMPIRISTE

♦ L’adjectif empirique s’applique à ce qui a source dans l’expérience (par opposition à la connaissance rationnelle ou a priori) : comme tel, synonyme de l'a posteriori kantien. Il qualifie également toute connaissance ou personne non systématique, faisant confiance à l’expérience immédiate, sinon au pragmatisme. ♦ L’empirisme qualifie toute doctrine philosophique admettant que la connaissance humaine déduit de l’expérience aussi bien ses principes que ses objets ou contenus. En général opposé aux différentes formes de rationalisme - bien que l’empirisme de Hume ait tenu un rôle important dans la constitution du rationalisme critique de Kant. ♦ Un empiriste est une personne ou un système philosophique admettant l’empirisme.

empirique, fondé sur l'expérience et l'observation, qu'elles soient ou non méthodiques. — A noter le sens volontiers péjoratif que le terme a pris depuis le XVIIIe siècle : l'empirique était le « rebouteux » de village, bénévole et sans mandat, le plus souvent un charlatan. Pourtant, l'expérience n'est en aucune façon condamnable : au contraire, la science la revendique hautement, sous réserve qu'elle ne se borne pas à la routine d'une tradition, et qu'elle n'exclue pas l'apport créateur de l'esprit que représentent la théorie, l'hypothèse, l'invention. On distingue, de plus, l'expérience commune, qui se fait par l'intermédiaire de nos sens, et l'expérience scientifique, qui se fait à l'aide d'instruments de mesure (un thermomètre, par exemple) et qui donne une expression quantitative des choses. Lorsque l'expérience est préparée et conditionnée en laboratoire, on parle d'« expérimentation ».

empirisme, ensemble des procédés empiriques. (C'est dans cette acception qu'on parle des « tâtonnements de l'empirisme ».) — Le mot désigne aussi une doctrine (développée par Locke, Hume) selon laquelle la connaissance tout entière dérive de l'expérience. L'empirisme s'oppose au « rationalisme » et à la théorie des idées innées (Descartes).

Liens utiles