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EMPÉDOCLE

EMPÉDOCLE. Philosophe d’Agrigente (490-430 av. J.-C. [dates approximatives]). Médecin, prophète, magicien, il est entouré d’une légende selon laquelle, pour s’égaler aux dieux, il se jeta dans l’Etna en laissant ses sandales au bord du cratère. Il ne nous reste que quatre cents vers de son œuvre ésotérique sur la nature des choses, (qui devait en comprendre deux mille) et moins encore d’un autre poème qu’il destinait au peuple : les Catharmes ou Purifications, qui devait comprendre cinq mille vers. Aristote a étudié sa théorie physique. Empédocle appartient à l’âge des poètes-philosophes. Il a écrit en vers et s’exprime dans un style épique. Aristote dit de lui qu’il fut le père de la rhétorique. Il a abordé de grands thèmes : celui de l’Un et du multiple, celui du conflit de l’Amour et de la Haine ; il a étudié la nature dans son devenir, le rôle des quatre éléments, de la Terre et du Soleil, la formation des animaux, l’apparition de l’homme ; en médecine il traite des différentes fonctions, de la sexualité, de la variété des caractères. Il aborde la connaissance en philosophe. Empédocle est le dernier des présocratiques. On retrouve chez lui les grandes questions qui ont préoccupé ses prédécesseurs. Il a suscité beaucoup d’intérêt parmi nos contemporains (les travaux de J. Bollack [1969] sont particulièrement approfondis).

Empédocle

(Vers 490-vers 435.) Penseur grec né à Agrigente, médecin, ingénieur. On lui prête une vie animée et excentrique, terminée, d'après la légende, en se précipitant dans l'Etna pour s’égaler aux dieux. De son poème Sur la nature des choses, magistralement restitué par Jean Bollack, nous restent 400 vers d'une grande densité : il emprunte volontiers à la mythologie pour exposer sa conception du monde, et l’aspect littéraire de son texte, pour être compris, doit être rapproché de l’Iliade ou de l’Odyssée, dont il déchiffre les mythes - Aristote d'ailleurs le qualifiait déjà, et à juste titre, d'« homérique ».

♦ Empédocle donne à l'Être la forme d'un dieu sphérique, qui est Amour, mélange homogène d'éléments immortels. Ce mélange tend de lui-même à se disperser, l'Amour succombant à la Haine qui est son envers ou son double, mais c'est pour se retrouver dans le tourbillon du devenir, qui instaure un ordre d'abord acosmique et stérile, disposant en cercles concentriques les quatre éléments primordiaux (âge géologique et astronomique). En un deuxième temps, l’Amour mélange ces éléments : la terre s'immerge dans l'eau, le feu monte à travers l'air ; de ce façonnage du monde naît la vie, avec l'apprentissage de la procréation par des êtres vivants issus de la terre, qui succèdent à des êtres monstrueux antérieurs (âge biologique et physiologique). Enfin, dans chaque corps, grâce à la perception et à l'attraction sexuelle, réapparaît, surpassant la Haine, l’aspect parfait du Dieu. C'est l'âge de la connaissance : « Tournée vers l'être qui est là, l'intelligence croît dans les hommes » (fragment 536, trad. Bollack).

♦ Dans la mesure où il est le dernier des grands présocratiques, on a souvent vu dans Empédocle une tentative de synthèse des théories qui l'ont précédé : aux Ioniens il aurait ainsi emprunté les quatre éléments, à Parménide* l'être comme dieu sphérique et parfait, à Héraclite l'alternance de l'Amour et de la Haine. Des commentateurs chrétiens ont d'autre part insisté sur la procession des divinités et des intelligences qu'il paraît indiquer jusqu'au Dieu suprême. On peut aussi bien souligner ses intuitions les plus fulgurantes : lorsqu'il évoque, par exemple, le désir, c'est pour le situer dans tous les membres, également ardents à se reproduire - érotisme polymorphe qui ne réapparaîtra que dans la théorie freudienne... Il semble qu'on ait en fait intérêt, au lieu de lire Empédocle à travers des grilles plus « modernes », à le situer dans toute sa déroutante étrangeté : étonnante entreprise de rassemblement du savoir qui, sur un fond cosmogonique et dans une langue d'une intense poésie parfois proche de l'hermétisme, touche à la psychologie ou à l'anatomie aussi bien qu'à la climatologie ou à la sexologie : « Le discours d’Empédocle, enfin restitué à sa différence, à son inactualité, nous fait découvrir a contrario les limites de notre horizon spirituel, au risque de les faire basculer à leur tour dans la contingence » (P. Aubenque).

EMPÉDOCLE, philosophe grec (Agrigente, Sicile, v. 490 av. J.-C. - dans le Péloponnèse v. 430). Ce philosophe, qui remporta, dit-on, une victoire au jeux Olympiques, qui fut un homme politique en vue, fut également le créateur de la théorie des quatre éléments (l'eau, l'air, le feu, la terre), adoptée jusqu'à l'époque de la chimie moderne. Il avait nommé « Amour » le principe de toute réunion et de toute synthèse, et « Haine » celui de toute division dans les phénomènes de la nature. On a vu en lui un lointain précurseur de l'évolutionnisme et du mutationnisme, c'est-à-dire de la théorie selon laquelle des espèces nouvelles surgissent brusquement dans la nature (tels les dahlias, en 1894).

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