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éloquence

éloquence

Art de s’exprimer avec talent.

Commentaire

Fruit de la rhétorique, l’éloquence consiste jusqu'au XVIIe siècle à appliquer un ensemble de règles et de conventions qui commandent l'expression orale et écrite : le talent littéraire se mesure alors à l’aune de ces règles. Cependant, ainsi conçue, l’éloquence contient sa propre condamnation : de raffinement en raffinement, l’art de s'exprimer devient artifice et la parole pur ornement. Dès lors, il devient aisé pour un orateur d’emporter l'adhésion du public : grâce à une mise en scène verbale particulièrement adroite et séduisante, il peut soit manipuler son auditoire, soit masquer le vide de sa pensée.

Citation

La plupart des grandes affaires se traitent par écrit ; il ne suffit donc pas de savoir parler ; tous les intérêts subalternes, les engagements, les plaisirs, les devoirs de la vie civile demandent qu'on sache parler ; c’est donc peu de savoir écrire. Nous aurions besoin tous les jours d’unir l’une et l’autre éloquence ; mais nulle ne peut s’acquérir, si d’abord on ne sait penser. (Vauvenargues, Fragments, « Sur la vérité et l’éloquence ».)


ELOQUENCE nom fém. — Art de convaincre ou d’émouvoir par la parole. ETYM. : dérivé du verbe latin eloqui = « parler ». L’éloquence est aussi bien une technique qu’un don : une technique, car la rhétorique enseigne les figures et les procédés à l’aide desquels il est possible d’entraîner l’adhésion par le discours ; un don, parce que, comme l’écrit Pascal, « la vraie éloquence se moque de l’éloquence ».
L’art oratoire est un genre littéraire véritable comme en témoignent les sermons de Bossuet, les discours de Saint-Just ou ceux du général de Gaulle lorsque ces derniers ne cèdent pas à l’emphase. L’éloquence peut cependant devenir une facilité lorsqu’elle ne consiste qu’en l’application mécanique de certains procédés, lorsque l’orateur est trop attentif à ses effets et que son discours, à trop vouloir convaincre, perd tout naturel, sombre dans l’artificiel. C’est pourquoi dans son Art poétique, Verlaine la condamne : « Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! »