Éleusis (mythologie)
Éleusis, ville et dème de l’Attique, à l’ouest d’Athènes, à laquelle ils étaient reliés par la voie sacrée. Sise dans une riche petite plaine, appelée plaine Thriasique, en bordure de mer, où se cultivaient les céréales, le site fut occupé de très bonne heure. Avant le synœcisme, Éleusis formait l’une des douze cités confédérées où régnait Eumolpe, roi-prêtre, dont les descendants, les Eumolpides, conservèrent la mainmise sur le culte de la cité. Elle lutta contre Athènes, qui l’annexa au VIIe s. av. J.-C. et en fit un dème. Détruite par Archidamos, roi de Sparte, au début de la guerre du Péloponnèse, elle se releva aussitôt et resta florissante jusqu’à la fin de l’Empire romain. Sa célébrité lui vint de son culte de Déméter et de Coré, dont les mystères étaient une institution nationale. Déméter était la déesse du blé, qui fécondait les champs, et sa fille Coré, assimilée à Perséphone, accueillait les morts dans les Énfers. Ce culte, sans doute d'origine créto-égéenne, se célébrait dans le secret du temple et n’était réservé qu’aux initiés, cependant que les fêtes qui se déroulaient à l’extérieur du sanctuaire étaient ouvertes à tous. D’abord culte agraire de fécondation de la terre, les mystères devinrent, peut-être sous l’influence de l’orphisme, une sorte de religion de salut : l’initié qui assistait au spectacle symbolique de l’Hadès recevait la promesse d’une survie heureuse dans l’au-delà. Les mystères étaient ouverts à tous les Grecs sans distinction de classe ou de sexe; les esclaves y étaient admis s’ils étaient d’origine grecque, et les Barbares devaient se faire naturaliser pour pouvoir y participer. Celui qui voulait se faire initier devait être présenté à un fonctionnaire sacerdotal par un Athénien déjà initié, qu’on appelait « mystagogue ». S’il était accepté, il participait d'abord aux petits mystères, qui se célébraient à Agra, faubourg d’Athènes, au mois d’Anthestérion —► calendrier. Les candidats étaient purifiés avec l’eau de l’Ilissos, qui passait près d’Agra, et préparés à l’initiation par les mystagogues. Devenus alors mystes, ils devaient se présenter six mois plus tard pour les cérémonies d’initiation des grands mystères qui débutaient le 13 Boédromion. Ce jour, les éphèbes allaient chercher à Éleusis les hier a, objets sacrés dont nous ignorons la composition, qui, voilés, étaient ramenés le lendemain en grande pompe dans l’Eleusinion d’Athènes, en une procession marquée par les géphyrismes, quolibets que des gens lançaient lors du passage du pont du Céphise. Le jour suivant, appelé agyrmos (réunion), on réunissait sous un portique d’Athènes (le poecile) tous les mystes, et l’archonte-roi invitait à s’éloigner tous ceux qui étaient impurs, souillés de quelque crime ou même frappés d’atimie ; puis le hiérophante, assisté du dadouque, prononçait solennellement l’exclusion de ces gens impurs et des Barbares. Le 16, les mystes se purifiaient en se trempant dans la mer avec un cochon de lait, qui était ensuite sacrifié. Les deux jours suivants avaient lieu les Épidauries, fêtes consacrées à Asclépios, pendant lesquelles il y avait des purifications et des sacrifices ; on recevait encore ce jour-là les mystes arrivés en retard. Le 19, avait lieu la grande procession qui ramenait les hiéra à Éleusis. lacchos (Bacchus) était associé à cette procession, qui, pendant une journée, prêtres en tête suivis des mystes et de toute une foule, parcourait la voie sacrée, faisant de nombreuses stations à divers endroits, avec danses, chants et sacrifices. On arrivait le soir à Éleusis à la lueur des flambeaux. Après une nouvelle journée de purifications commençait la partie secrète des mystères à l’intérieur du temple d’Éleusis, appelé « Télestérion », et à laquelle ne participaient que les initiés et les mystes. Ces cérémonies se déroulaient pendant les nuits des 21 et 22 et peut-être celle du 23 Boédromion. On y mimait sans doute l'histoire de Déméter à la recherche de sa fille et le retour à la lumière de celle-ci, puis on figurait le mariage sacré de Zeus et Déméter. Peut-être les mystes simulaient-ils les tâtonnements de l’âme à la recherche de la lumière, qui éclatait soudain, peut-être lors du seul rite dont nous avons connaissance, au cours duquel l’hiérophante coupait en silence l’épi sacré. À ce spectacle, fait de symboles, et à cette quête des mystes, se joignaient sans doute des paroles révélatrices. Le myste ressortait initié, sous le nom d’« épopte ». Ces mystères possédaient un caractère si profondément sacré que Pausanias, le périégète, alors qu'il nous a laissé tant de détails sur les divers sites et sanctuaires de la Grèce, ne fait que mentionner le temple d’Éleusis avec une sorte de terreur religieuse, sans même oser en décrire l’aspect. La divulgation des mystères était passible de mort et Eschyle, accusé d’en avoir révélé une partie, n’échappa à la condamnation que parce qu’il put prouver qu’il n’avait pas été initié.
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