éléphants
éléphants. Les Mycéniens connaissaient l'ivoire et savaient le travailler, mais il fallut attendre Alexandre le Grand (fin du IVe s. av. J.-C.) pour que l'Occident ait une connaissance précise de l'éléphant. Aristote le décrit avec une précision qui ne peut provenir que d'une dissection. Les Anciens connaissaient deux sortes d'éléphants, l'éléphant des Indes et l'éléphant d'Afrique, et, des deux sous-espèces d'éléphant d'Afrique, c'est le plus petit, l'éléphant des forêts, plus petit encore que l'éléphant des Indes, que les Ptolémées et les Carthaginois utilisèrent dans leurs campagnes. Alexandre le Grand a été le premier général européen à affronter des éléphants dans une bataille de grande envergure lorsque, en 326 av. J.-C., il battit Pôros, le roi du Penjab, et ses fameux 200 éléphants. Les éléphants pouvaient être un facteur décisif sur le champ de bataille, ne serait-ce que par le premier choc causé par leur apparition, mais les combattants surent bientôt comment leur couper le jarret (méthode d'Alexandre) et les arrêter par des fossés ou par des planches hérissées de clous saillants. Alexandre n'employa pas lui-même d'éléphants dans ses batailles mais, peu après sa mort, ses officiers les utilisèrent pour effectuer d'utiles coups de force, et l'on peut considérer que l'une des conséquences des conquêtes d'Alexandre a été l'emploi par ses successeurs, les Ptolémées et les Séleucides, des éléphants dans les batailles. Les éléphants présentaient pourtant des désavantages évidents pour leur utilisation à des fins militaires en Méditerranée : ils n'aiment pas les rigueurs de l'hiver et sont heureux quand ils peuvent se baigner dans de la boue chaude ; chacun consomme quotidiennement une cinquantaine de kilos de foin et plus de 220 litres d'eau; où qu'ils soient, les mâles sont toujours difficiles à contrôler quand ils sont en rage et ne distinguent pas alors leur ami de leur ennemi. Les Romains rencontrèrent pour la première fois des éléphants, qu'ils appelèrent «buf lucanien», quand ils furent vaincus en Lucanie par Pyrrhus et sa vingtaine d'éléphants indiens, lors de sa conquête de l'Italie en 280 av. J.-C. Après que les Séleucides se furent assurés de l'exclusivité des éléphants indiens, les Ptolémées en cherchèrent ailleurs et créèrent une réserve de chasse aux éléphants sur le rivage africain de la mer Rouge. Les Carthaginois, peut-être influencés comme Pyrrhus par les Ptolémées, avaient dès avant 264 av. J.-C. rassemblé des bataillons d'éléphants africains en les capturant au pied du mont Atlas. Hannibal partit avec une cinquantaine d'éléphants quand il entreprit de franchir les Alpes ; beaucoup périrent, mais il lui en restait suffisamment pour la bataille qui eut lieu près de la rivière Trébie en 218 av. J.-C. Lors de la bataille de Zama en 202 av. J.-C., les Romains avaient appris à ouvrir leurs rangs afin de laisser passer les éléphants sans qu'ils leur infligent de dommages. Les Romains n'utilisèrent eux-mêmes des éléphants dans les batailles qu'assez rarement : à Pydna en 168, à Numance en 153 et à Thapsus en 46 av. J.-C. Les éléphants devinrent un symbole de grande prétention des éléphants tiraient le char de Pompée lors de sa procession triomphale ou l'un des éléments de choix des spectacles au cirque. Les Romains pensaient que les éléphants étaient intelligents et leur prêtaient de nombreuses qualités humaines. Cicéron raconte dans une lettre combien les spectateurs furent pris de pitié pour ceux que Pompée présenta aux jeux somptueux qui inaugurèrent son nouveau théâtre. Pline l'Ancien rapporte l'anecdote d'un éléphant qui pouvait écrire une phrase en grec. Lorsque les Perses restaurèrent leur pouvoir au milieu du IVe siècle apr. J.-C., ils constituèrent des bataillons d'éléphants. L'éléphant disparut en grande partie d'Europe après la chute de l'Empire romain.