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élégie

élégie. Dans la littérature grecque et latine, on appelle ainsi tout poème composé de couplets ou distiques élé-giaques, c'est-à-dire présentant une alternance d'hexamètres et de pentamètres. L'origine de ce terme est incertaine, mais il est peut-être lié à un mot signifiant « flûte », un instrument qui semble avoir originellement accompagné sa récitation (comparer avec lyrique, poésie, 1). Dans l'Antiquité, le mètre élégiaque fut tout d'abord considéré comme le mètre de la complainte, on le trouve cependant dans une grande variété de poèmes; les premières lignes que nous en possédions, écrites en grec à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., ne ressemblent aucunement à des lamentations. À la différence des poèmes narratifs, la poésie élégiaque exprimait des sentiments personnels : descriptions, exhortations à la guerre ou à la vertu, réflexions sur des sujets divers, sérieux ou frivoles, complaintes, épitaphes et poèmes d'amour. Il semble que le recours aux élégiaques pour les inscriptions funéraires soit devenu populaire au milieu du vie siècle av. J.-C. et qu'il persista durant toute l'Antiquité; les poésies les plus fameuses sont celles que l'on attribue à Simonide. Tyrtée, Mimnerme, Solon, Phocylide, Callinos et Théognis sont les principaux poètes élégiaques anciens de la Grèce. On dit que Mimnerme a été le premier à écrire des élégies érotiques ; elles pourraient bien être une continuation des élégies enjouées qu'écrivait Archiloque pour les banquets. Les poètes hellénistiques se servirent plus particulièrement de cette forme pour les poèmes d'amour et y introduisirent certains raffinements métriques. L'histoire de l'élégie latine commença au Ier siècle av. J.-C. Sous l'influence grecque, cette forme se développa principalement à Rome pour les poèmes d'amour. Les Romains donnèrent une nouvelle impulsion à l'élégie en l'utilisant dans des cycles de courts poèmes centrés sur les relations exclusives du poète avec sa maîtresse. Cornélius Gallus, dont l'oeuvre n'a pas survécu, Catulle, Tibulle, Properce et Ovide sont les principaux compositeurs romains d'élégies. Ovide raffina encore les règles métriques, pourtant déjà strictes, de la poésie élégiaque romaine et étendit le champ des sujets pouvant être traités par ce mètre. Après Ovide, on utilisa ce mètre principalement pour de courts poèmes de circonstance et pour les épigrammes. Martial est le plus fameux compositeur d'épigrammes et il rivalise parfois en virtuosité métrique avec Ovide. C'est à une époque relativement moderne, depuis le XVIe siècle, que le terme élégie en est venu à désigner un poème plaintif ou un poème au ton sérieux et méditatif. Les poètes de la Pléiade ont écrit de nombreuses élégies d'après les conventions de la poésie pastorale (voir bucolique, poésie). L'origine de la complainte pastorale ou élégie provient de la première Idylle de Théocrite, mais ce poème, écrit en hexamètres et non en mètres élégiaques, n'est pas à proprement parler une élégie.

Élégie. Originellement poème à forme fixe formé de deux vers, le distique élégiaque, dont l’un est fait de six pieds et l’autre de cinq. A partir de la poésie alexandrine, la forme n’est guère utilisée que pour chanter les joies et surtout les peines de l’amour. C’est le cas dans la poésie latine. Le genre sera très en vogue à la Renaissance et Ronsard le définit dans la Préface du Second livre des Amours par la simplicité :
Dis-lui que les amours ne se soupirent pas D’un vers hautement grave, ains d’un beau style bas, Populaire et plaisant, ainsi qu’a fait Tibulle, L’ingénieux Ovide, et le docte Catulle.
Les préromantiques et les romantiques l’utiliseront fréquemment. Leurs odes et leurs méditations ne sont en fait que des formes de l’élégie. L’élégie s’associe à la plainte et à la déploration :
La plaintive élégie en longs habits de deuil Sait les cheveux épars gémir sur un cercueil : Elle plaint des amants la joie et la tristesse [...] (Boileau, Art poétique)
Un ton élégiaque est donc un ton mélancolique et plaintif.

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