ekklêsia
ekklêsia. On appelle ainsi l'assemblée ou le corps souverain d'Athènes. L'assemblée du peuple était composée de tous les citoyens adultes, mâles, de plus de dix-huit ans. Tous étaient également qualifiés pour s'adresser à l'assemblée et participer aux votes. Elle se réunissait sur la Pnyx, d'ordinaire quarante fois par an, des sessions extraordinaires pouvant avoir lieu le cas échéant, et était présidée par le président de la boulé (conseil exécutif) qui avait été tiré au sort pour la journée. Les décisions se prenaient à la majorité simple et les votes avaient lieu à main levée. L'assemblée élisait les stratèges (commandants militaires) et servait de cour de justice pour les crimes graves qui attentaient à la sécurité de la cité, mais son rôle principal consistait à adopter des décrets (pse-phismata) réglementant en détail toutes les sphères de l'administration, les affaires étrangères, les opérations navales et militaires, et l'approvisionnement en grains. La boulé préparait l'ordre du jour, mais tout citoyen pouvait proposer qu'on y inclût autre chose. Aucune motion ne pouvait être débattue sans avoir été inscrite à l'ordre du jour et dûment affichée : on évitait ainsi les décisions hâtives. Les questions de routine qui revenaient régulièrement, comme la reconduction des charges des magistrats, occupaient une bonne partie de l'ordre du jour. Afin d'expédier rapidement la majeure partie du travail formel sur ces sujets consensuels, la boulé présentait des avant-projets, probouleumata, mais tout citoyen pouvait débattre d'une motion ou l'amender. En revanche, sur les sujets controversés, la boulé ne présentait généralement pas de motion à l'assemblée mais lui posait directement la question, chaque citoyen étant libre de rédiger une motion pendant le déroulement des débats. Seules les lois restreignaient le pouvoir de l'assemblée : si l'une des motions présentées était illégale ou malavisée, son rapporteur était passible de poursuites. En temps de paix, l'assistance moyenne tournait aisément autour de 5 000 personnes, ce qui équivalait à une importante proportion des citoyens mâles adultes. Quoique les couches moyennes aient sans doute été prépondérantes, il semble bien que ceux qui y assistaient d'ordinaire aient été représentatifs de la population. Afin d'assurer à chaque citoyen la possibilité d'exercer ses droits, on instaura, peut-être dès 403 av. J.-C., le versement d'une obole aux participants ; cette indemnité augmenta par la suite. Durant le Ve siècle et la plus grande partie du IVe, l'assemblée fonctionna de façon pleinement démocratique (compte tenu du fait que les femmes, les esclaves et les métèques en étaient exclus). La boulé n'exerçait aucun contrôle et l'initiative de la politique était entièrement entre les mains des citoyens. Cette politique continue n'était interrompue que lorsqu'un homme, ou un groupe d'hommes, ayant pour un temps la confiance du peuple, était régulièrement reconduit à la charge de stratège. Parmi ces politiciens semi-professionnels, on comptait des aristocrates mais aussi d'habiles orateurs, n'appartenant à aucune famille, qui acceptaient occasionnellement des honoraires pour défendre certaines motions devant l'assemblée. C'était ainsi généralement les mêmes qui proposaient les motions, étaient informés des affaires publiques, élus dans les charges électives, désignés comme ambassadeurs et qui agissaient comme accusateurs ou avocats de la défense dans les procès politiques. Au IVe siècle, ces hommes se distinguaient sans nul doute de la masse des citoyens qui n'obtenaient que les charges tirées au sort et ils exerçaient une influence considérable sur l'assemblée.