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ÉGOCENTRISME

ÉGOCENTRISME, n.m. (lat. ego «je»). Tendance à tout rapporter à soi-même, à agir dans son propre intérêt ou pour des motifs personnels, à penser en fonction de soi sans être capable d’adopter un point de vue général et objectif. — Les études de Piaget sur la mentalité enfantine, sur le jugement et le raisonnement chez l’enfant ont montré que ce dernier jugeait et raisonnait par rapport à lui-même sans souci d'harmoniser sa pensée avec celle des autres par la discussion et l'échange. Cette disposition, normale ou au moins très fréquente chez l’enfant, si elle se maintient à l'âge adulte, a un caractère pathologique et est un signe d'immaturité affective.

ÉGOCENTRISME, ÉGOÏSME, ÉGOTISME

Ces trois attitudes prennent le moi comme centre de référence privilégié. L’égocentrisme désigne la tendance qu’a le sujet à rapporter - pour éventuellement l’apprécier - toute réalité à soi-même. Alors qu’il est normal chez l’enfant qui, initialement, confond le moi avec le monde extérieur comme le montre Piaget, il devient chez l’adulte signe d’immaturité affective. L’égocentrisme est toutefois conçu comme positif dans le cadre du romantisme, mais les développements ultérieurs de la psychologie et de la psychanalyse lui confèrent au contraire une connotation péjorative. Aussi n’est-ce que dans le cadre de l’anarchisme tel que Stirner le fonde qu’il trouve une nouvelle justification. L’égoïsme - synonyme d’amour-propre chez Pascal ou Rousseau, de solipsisme chez Kant - incline le sujet à privilégier son intérêt personnel. Dans la morale traditionnelle, il est donc condamné, dans la mesure où il ignore, ou veut ignorer, la présence d’autrui : l’égoïsme est alors un vice ou un péché. Toutefois, il semble impossible d’amener l’individu à renoncer totalement à son propre intérêt, et c’est pourquoi on peut, comme le fait Schopenhauer, admettre que la morale dépend de deux principes complémentaires : l’un orienté vers le moi, l’autre vers autrui. Dans une telle conception, c’est l’excès d’égoïsme qui est coupable (parce qu’il devient facteur d’insociabilité) mais non l’égoïsme en lui-même, qui n’a pas à être condamné, puisqu’il participe à la vie morale en trouvant normalement à s’équilibrer avec la tendance altruiste L’égotisme (mot illustré par Stendhal) désigne l’analyse fouillée du moi liée au plaisir esthétique de sa découverte. Dans un sens élargi, il peut se confondre avec le culte du moi.

égocentrisme, tendance à faire de soi le centre de l’univers. L’égocentrisme est normal chez l’enfant jusque vers 6 à 7 ans. Durant cette période, la différenciation entre le moi et le monde extérieur s’effectue progressivement, mais la pensée reste essentiellement subjective : l’enfant n’envisage les phénomènes observés ou les problèmes qui se posent à lui que de son propre point de vue. Il dira, par exemple : « regarde, papa, la lune me suit ! » ou encore, si on lui demande s’il a un frère et qu’il répond affirmativement, à la question suivante : « et ton frère, en a-t-il un ? », il répondra « non ». Cette attitude peut persister chez certains sujets, déficients intellectuels, arriérés affectifs ou névrosés incapables de « décentration » (de se mettre à la place d’autrui). L’égocentrisme ne doit pas être confondu avec l’égoïsme, qui est l’amour exagéré de soi.

égocentrisme, tendance à faire de soi le centre de l'univers. — Piaget et Claparède ont établi que l'égocentrisme est un stade normal dans l'évolution du caractère de l'enfant de quatre à six ans, intermédiaire entre le pur égoïsme organique du premier âge et l'attitude plus sociale de l'enfant évolué. Le terme n'est donc pas en soi péjoratif, sauf s'il s'applique à un adulte, chez qui l'égocentrisme devrait être, en principe, « dépassé ».

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