Du sublime
Du sublime (Péri hypsous). On ne connaît ni l'auteur ni la date de ce traité littéraire grec, dont un tiers environ est perdu. Les données chronologiques internes au traité interdisent son attribution à Longinus puisqu'il y fait état de faits datant du Ier siècle apr. J.-C. L'auteur, que l'on désigne donc parfois comme le pseudo-Lon-gin, y présente son uvre comme une réplique à un traité du même nom dû à Cécilius de Calactè (Ier s. av. J.-C.), ce dernier n'ayant pas, selon «Longin», donné une explication satisfaisante du «sublime» puisqu'il n'aurait pas notamment attaché assez d'importance à l'élément émotionnel de ce concept. Ce traité s'adresse à son ami Postumus Terentianus (duquel on ne sait rien mais dont le nom indique qu'il était sans doute Romain) et a pour objet ce qui constitue le sublime en littérature. Les auteurs postérieurs y recoururent beaucoup en raison de son enthousiasme, de ses sages critiques, de la pertinence de ses images (la plupart tirées de la littérature grecque) et de la clarté de son expression. L'auteur analyse les éléments du sublime et les situe dans l'élévation de la pensée («le sublime est la résonance d'une grande âme», IX, 2), l'émotion forte, certaines formes de figures de pensée et de discours, la noblesse du style (« les belles expressions sont en réalité la lumière propre de la pensée », XXX, 1 ), et la composition, c'est-à-dire l'ordre des mots, leur rythme et leur consonance. Il dresse également les fautes qui doivent être évitées : l'emphase, la puérilité, la fausse émotion et la froideur. Il discute du rôle joué par l'imagination ainsi que par les différentes figures de discours et exemplifie ses arguments par une grande abondance de citations. On y trouve d'intéressantes observations sur les moyens heureux ou malheureux de représenter les êtres surnaturels et de susciter la crainte, avec des comparaisons tout à fait remarquables entre L Iliade et L'Odyssée d'Homère ou entre Cicéron et Démosthène. L'auteur choisit ses principaux exemples de sublime dans le style chez Homère, Platon et Démosthène, duquel il parle avec une grande admiration. L'une de ses citations, dans un passage consacré à la sélection et à l'arrangement des matériaux, nous a conservé une ode de Sapho, traduite par le poète romain Catulle (voir poème 51). Un remarquable passage (IX, 9) désigne les premiers versets de la Genèse comme exemple de la grandeur dans la représentation du divin. Aucun auteur païen ne faisant usage de la Bible de cette façon, on doit supposer que l'auteur avait, contrairement à l'habitude, des relations aussi bien avec des Romains (c'est ce que montre sa dédicace) qu'avec des Juifs. C'est une uvre critique de grande importance et l'écrivain s'y montre capable de dépasser la tradition rhétorique à laquelle il appartenait. Il contribue à notre compréhension de la vraie grandeur littéraire.
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