DODERER Heimito von. Romancier autrichien

DODERER Heimito von. Romancier autrichien. Né le 5 septembre 1896 à Weidlin-gau, près de Vienne, mort le 23 décembre 1966 à Vienne. Fils d'architecte, descendant du poète (Nikolaus Lenau, Doderer grandit dans le château familial. Officier à dix-neuf ans, il est fait prisonnier en 1916 et passe quatre ans dans un camp de Sibérie. Revenu à Vienne après la guerre, il entreprend des études d'histoire et soutient sa thèse de doctorat en 1925, avant de se consacrer entièrement à la littérature. Il est à la fin de sa vie reconnu comme l'un des plus grands écrivains autrichiens contemporains. Après quelques essais dans différents « styles » romanesques, comme La Brèche (1924), Un meurtre que chacun commet (1938) ou Un sursis (1940), Doderer s'est véritablement affirmé et révélé au public grâce à sa « trilogie viennoise » : Les Fenêtres éclairées ou l'Humanisation du conseiller d'administration Julius Zihal (1950), L 'Escalier du Strudhof ou Melzer et la profondeur des années (1951), Les Démons d'après la chronique du chef de division Geyrenhoff (1956). A l'école de R. Musil et d'H. Broch, dont l'écriture romanesque tente de rendre compte de « l'atomisation » du réel, Doderer, dans ces ouvrages, multiplie les personnages, entrecroise les intrigues, entremêle les générations dans une apparente confusion dont on ne découvre la logique rigoureuse que dans les derniers chapitres. Le narrateur reconstruit le puzzle du temps. Cette manière d'écrire constitue, selon Doderer, le seul moyen pour appréhender la totalité, reconquérir la réalité au-delà des idéologies, parvenir — pour reprendre une expression de l'auteur — à « l'aperception » (« Apperzeption »). Il est évident, suivant ces principes, que le maniérisme est le principal danger qui menace les écrits de Doderer. Peut-être ses derniers romans échappent-ils moins que les autres à ce travers, comme par exemple Les Mérovingiens ou la Famille totale (1962) où Doderer parodie Doderer.