DIDEROT (DENIS)
Philosophe français né à Langres en 1713, mort à Paris en 1784. Il étudia la théologie, la philosophie et le droit. Puis, pendant dix ans, mena une existence libre durant laquelle il exerça divers métiers. C'est en traduisant l'encyclopédie anglaise d'Ephraïm Chambers qu'il eut l'idée de celle qu'il allait promouvoir en France. Pour la réalisation de cette oeuvre, il s'adjoignit d'Alembert et en dirigea les travaux de 1747 à 1766. Ses écrits variés témoignent de l'évolution de sa pensée. Si, dans ses Pensées philosophiques (1746), il développe un point de vue déiste, dans sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749), il adopte en revanche un naturalisme athée (cet ouvrage lui valut d'ailleurs un emprisonnement de quelques mois). Dans les Pensées sur l'interprétation de la nature (1753), il livre un aperçu de son intérêt pour les sciences expérimentales. Enfin, dans le Supplément au rêve de d'Alembert (1769), il énonce les principes d'une morale naturelle. S'opposant à Rousseau, il écrivit aussi Le Fils naturel et les Entretiens sur le Fils naturel (1757). En 1773, il entreprit un voyage en Russie pour remercier Catherine II de lui avoir acheté sa bibliothèque (vendue pour doter sa fille). Il a écrit, par ailleurs, La Religieuse (1760), pamphlet visant la vie conventuelle; Le Neveu de Rameau (1770-1772), que Goethe traduisit en allemand ; Jacques le fataliste et son maître (1773) et un Essai sur le règne de Claude et de Néron. Il mourut en 1784 dans son appartement de la rue de Richelieu que Catherine II avait fait louer pour lui.
Philosophe, écrivain et critique français (1713-1784).
• Principal artisan, avec d’Alembert, de l'Encyclopédie, Denis Diderot prône un monisme matérialiste sur le plan scientifique et un naturalisme athée sur le plan moral. • Pour lui, la nature, en ses diverses manifestations, se réduit à une substance matérielle unique qui se modifie en vertu d’une « force active » qui lui est inhérente. L’homme serait ainsi le produit d’une évolution qui va du plus simple (le minéral) au plus complexe (l’animal).
• Privé de la lumière de Dieu, l’athée n’en est pas pour autant dépourvu de morale. Diderot est en effet convaincu qu’en écoutant son instinct et en suivant la nature, tout homme contribue nécessairement au bien commun. Principales œuvres : Lettre sur les aveugles (1749), Pensées sur l’interprétation de la nature (1753), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers (direction 1751-1772), Le Rêve de d’Alembert (1769), Supplément au Voyage de Bougainville (1796).
Diderot, Denis (Langres 1713-Paris 1784) ; philosophe et écrivain français.
Pour les historiens, il est d’abord (et avant tout) le maître d’oeuvre de l’Encyclopédie. Pourtant son oeuvre est d’une si grande ampleur qu’elle a touché à tous les genres : romanesque, théâtral, critique et philosophique. Philosophe matérialiste, son goût très sûr et sa forte sensibilité en font l’une des figures les plus originales de l’époque des Lumières. Il a mené une vie de bohème : né à Langres, il est le fils d’un coutelier qui appartient à la bourgeoisie aisée. Destiné à l’état ecclésiastique, il est l’élève des jésuites de sa ville natale, puis étudie à Paris au collège d’Harcourt, où il perd la foi. Il entreprend alors des études de droit et entre au service d’un procureur. Mais ivre de liberté, il préfère se lancer dans une existence indépendante, quitte à exercer pour survivre n’importe quel métier (le préceptorat, la traduction, la fabrication de sermons pour missionnaires...). Toutefois c’est la vie intellectuelle qui l’attire : il s’intéresse à toutes les formes de pensée et entre en relation avec d’Alembert, Rousseau et Condillac. Sa vie personnelle est chaotique : en 1743 il épouse une lingère, Anne-Toinette Champion, puis se lie avec une aventurière, Mme de Puisieux, avant d’éprouver une profonde passion pour Sophie Volland avec laquelle il échange une importante et remarquable correspondance. En 1746 il a l’opportunité de sa vie : le libraire Le Breton lui confie la direction de l’Encyclopédie, qui avait l’ambition de répertorier l’ensemble des connaissances de l’époque. D. se donne à fond à l’entreprise et en fait un grand ouvrage à la gloire de l’esprit humain, où le bilan des connaissances voisine avec la remise en cause des notions politiques, sociales et morales. L’oeuvre, qui est immense, difficile et longue à réaliser, retient D. de 1746 à 1773. Dès sa publication elle suscite les attaques les plus violentes : deux fois suspendue par le gouvernement en 1752 et 1759, elle ne paraît définitivement qu’en 1772. Ce travail de vulgarisation a développé en France le goût des recherches scientifiques et plus particulièrement des notions techniques, tout en mettant l’accent sur l’évolution humaine et, chose neuve, sur l’économie. Il a, au nom de l’esprit de libre examen, battu en brèche les opinions et les institutions du passé en renouvelant les sources de la pensée et en préparant la voie à un idéal nouveau. Pour rédiger les articles, D. a le talent de réunir autour de lui une équipe d’esprits remarquables, en particulier d’Alembert (1717-1783), et désintéressés, comme le chevalier de Jaucourt ; le baron d’Holbach, Marmontel, l’abbé Morellet, Quesnay et Turgot sont également au nombre de ses collaborateurs ; parmi les théoriciens politiques, l’abbé de Mably, l’abbé Raynal, Condorcet apportent leur concours ; on y rencontre aussi des philosophes sensualistes comme Condillac. L’Encyclopédie fut accueillie triomphalement. Ce succès est d’abord celui de D.. Esprit infatigable, tout en dirigeant cette oeuvre, il produit encore un nombre considérable d’ouvrages, qui témoignent de la diversité de ses curiosités et de l’évolution de sa pensée. Déiste dans les Pensées philosophiques (1746), il adopte un matérialisme athée dans son importante Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749), qui lui vaut d’être emprisonné pour quelques mois à Vincennes. Il touche au théâtre et formule une théorie du drame bourgeois, qu’il illustre dans une série de pièces, Le Fils naturel (1757), Le Père de famille (1758), et Est-il bon ? Est-il méchant ? (1781). Il publie des comptes rendus des salons de peinture, prend parti pour la musique italienne et se divertit en publiant des romans, genre qu’il considère pourtant comme mineur : La Religieuse, parue en 1760, est une critique de la vie conventuelle. Suivent Le Neveu de Rameau, en 1762, et Jacques le fataliste et son maître, en 1773. Il précise ses idées philosophiques dans les trois ouvrages majeurs de l’année 1769 : Entretien entre d’Alembert et Diderot, Le Rêve de d’Alembert, et la Suite de l’entretien, où il s’oppose au matérialisme mécaniste d’Helvétius et propose une morale de la nature. En 1763 il entre en contact avec l’impératrice de Russie Catherine II qui lui achète sa bibliothèque. Il devient son intermédiaire officieux auprès des artistes. Puis il fait un voyage à Saint-Pétersbourg en 1773, où il réside sept mois, comblé d’attentions et plein d’enthousiasme pour la « Sémiramis du Nord ». Rentré à Paris en 1774, il continue de travailler, s’intéresse à l’algèbre et à la mécanique, et adoucit sa philosophie en accordant désormais un large crédit aux intuitions du coeur et à l’expérience de la vie. Il meurt d’une attaque d’apoplexie. D. a donné l’exemple d’un écrivain qui a fait entrer sa propre vie dans le champ littéraire grâce à sa correspondance, journal intime de sa vie et de ses pensées ; et celui d’un écrivain qui privilégiait la sensibilité, l’imagination, l’enthousiasme, parfois l’incohérence et le plus souvent l’audace. Il est au total le plus grand agitateur d’idées du xviiie siècle dont les avancées philosophiques et morales ont connu une abondante postérité, de Bentham à Stuart Mill sans négliger Spencer. Il a pressenti le rôle éminent de la science, l’avènement des sciences naturelles, le transformisme de Lamarck, l’évolutionnisme de Darwin et la méthode expérimentale de Claude Bernard. D’une manière plus générale, il a préfiguré tout le matérialisme contemporain.
Bibliographie : J-C Bonnet, Diderot, 1984.
DIDEROT, Denis (Langres, 1713-Paris, 1784). Écrivain et philosophe français. Il dut sa gloire à l'Encyclopédie qu'il dirigea avec d'Alembert de 1747 à 1766 et pour laquelle ii rédigea de nombreux articles. Grande figure de la philosophie des Lumières, hostile à tous les fanatismes, Diderot défendit les principes d'une morale de la nature fondée sur la raison. Issu de la bourgeoisie aisée, il étudia la philosophie, la théologie puis le droit à Paris où il vécut une dizaine d'années en exerçant divers métiers. Il se lia d'amitié avec Jean-Jacques Rousseau et prit, à partir de 1747, sur la proposition du libraire Le Breton, la direction de l'Encyclopédie, tâche gigantesque qui absorba pendant plus de vingt ans l'essentiel de son activité. Seul un voyage de quelques mois auprès de Catherine II de Russie - qui lui avait acheté sa bibliothèque et décidé de lui verser une rente jusqu'à sa mort - interrompit son travail. Diderot a laissé une oeuvre immense dans des domaines variés mais qui témoigne de l'évolution de sa pensée philosophique. D'abord déiste (Pensées philosophiques, 1746), il défendit ensuite un matérialisme athée dans sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient ( 1749) - ce qui lui valut d'être emprisonné quelques mois à Vincennes - et dans Le Rêve de d'Alembert ( 1769) où il exposa ses idées matérialistes concernant la constitution de l'univers. Diderot prôna sur le plan social, contrairement à Rousseau, une morale où le bonheur individuel et le bien général pouvaient coïncider (Le Fils naturel, 1757) et sur le plan politique, outre la liberté de pensée et d'expression, une monarchie fondée sur le principe démocratique d'un contrat politique déterminant la forme de l'État. Diderot exerça ses talents dans beaucoup d'autres domaines. Il fut l'auteur de romans comme La Religieuse ( 1761 ), Le Neveu de Rameau (1762) - que Goethe traduira en 1805 en allemand avant que ne paraisse l'édition française ( 1821 ) - et Jacques le fataliste et son maître (1773). Passionné par les problèmes de l'art, il laissa des critiques (les Salons) et défendit notamment Jean-Baptiste Greuze. Lié à partir de 1755 avec Sophie Volland, Diderot laissa enfin une admirable correspondance (Lettres à Sophie Volland).