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Délos

Délos. Petite île (moins de 5 km2) de la mer Égée, au milieu des Cyclades. Selon la légende, c’est là que seraient nés Artémis et Apollon. Délos était le site d’un important sanctuaire d’Apollon, où le dieu avait un oracle qui tomba en désuétude à l’époque classique. L’hymne homérique à Apollon montre que l’on célébrait déjà une fête du dieu à Délos au VIIIe siècle av. J.-C., avec des danses, des chants et des concours, qui attiraient les Ioniens (y compris les Athéniens) des îles et des côtes de l’Égée. Les Athéniens auraient institué plus tard les fêtes commémorant le retour de Thésée et de ses compagnons de Crète. Pisistrate, tyran d’Athènes au vie siècle av. J.-C., purifia Délos (en faisant disparaître les tombes situées près du temple) lorsqu’il étendit sa domination sur les Cyclades ioniennes. C’est au vie siècle également que Polycrate de Samos (un autre tyran ionien) s’empara de l’îlot de Rhénée, près de Délos, et qu’il le consacra à Apollon en le reliant à Délos par des chaînes. Après le vie siècle, les fêtes et les jeux furent moins fréquentés; en 426, Athènes remit les fêtes en vigueur (elles deviendraient bientôt quinquennales), en purifiant l’île pour la seconde fois : les Athéniens firent disparaître toutes les tombes et décrétèrent que personne désormais ne devait naître ou mourir sur l’île. Les jeux furent eux aussi remis en vigueur et on y ajouta des courses de chevaux. En 422, les Athéniens décrétèrent que les Déliens eux-mêmes devaient quitter l’île pour que la purification fût complète ; ils exilèrent les habitants mais ils les autorisèrent à revenir l’année suivante, par obéissance à l’oracle de Delphes. Chaque année, depuis le retour de Thésée disait-on, les Athéniens envoyaient une ambassade sacrée à Délos. Lorsque le navire officiel était en mission, Athènes se trouvait dans un état de pureté rituelle et aucun criminel ne pouvait y être exécuté. (Ce fut cet état de choses qui retarda l’exécution de Socrate.) Délos fut aussi choisie comme centre de l’alliance maritime fondée en 478 av. J.-C., la confédération de Délos. Délos joua un rôle commercial important dès l’époque la plus ancienne, à cause des affaires qui s’y traitaient pendant les fêtes d’Apollon. Au IIIe siècle av. J.-C., alors que l’Asie se développait, Délos accrut son importance ; elle n’était plus sous le contrôle d’Athènes et devint un important marché du blé. Des bâtiments imposants furent construits à l’époque hellénistique. L’île connut un regain de prospérité après 166 av. J.-C., lorsque Rome mit Délos sous le contrôle d’Athènes et en fit un port franc, afin de porter préjudice aux activités commerciales de Rhodes, cité libre et objet de la jalousie romaine. Un grand nombre d’Italiotes s’installèrent sur l’île, dont la population devint très cosmopolite. Les esclaves étaient une des principales marchandises échangées sur Délos, souvent par des pirates, et un grand nombre d’entre eux étaient vendus aux grandes propriétés d’Italie. Délos fut mise à sac par les généraux de Mithridate en 88 av. J.-C. et 20 000 habitants furent tués, puis elle fut ravagée par les pirates en 69 av. J.-C. Les routes commerciales changèrent vers la fin du Ier siècle av. J.-C. Délos fut alors supplantée par Putéoles (Pouzzoles) comme grand centre du commerce avec l’Orient, et son sanctuaire déclina lui aussi.

Délos, confédération de. Nom que les historiens modernes donnent à l’alliance que formèrent les cités grecques en 478 av. J.-C. pour lutter contre les Perses, après que ceux-ci eurent été refoulés de Grèce. Les principaux membres de la confédération étaient Athènes, les cités grecques ioniennes de la côte de l’Asie Mineure, l'Hellespont, la Propontide et la plupart des îles de l’Égée. C’est Athènes qui prit la tête de la confédération à la demande de ses alliés (voir pausanias). L’île de Délos, sacrée pour tous les Ioniens, devint le siège de la confédération et abrita son trésor. Certaines cités dotées d’une marine puissante, comme Chios, Samos et Lesbos, fournissaient des navires à l’alliance; les autres versaient chaque année un tribut en numéraire; les premières contributions furent évaluées par Aristide et elles se seraient élevées à 460 talents. Au début, la confédération entreprit des opérations militaires contre les Perses et elle étendit ainsi le contrôle de la Grèce sur toute la côte de l'Asie Mineure. A cette époque, la confédération comptait environ 200 membres.

Au cours d’une expédition fameuse commandée par l'Athénien Cimon, les Perses furent battus près de l’Eurymédon (un fleuve de Carie) entre 469 et 466, mais une grande expédition dans le delta du Nil destinée à appuyer une révolte contre les Perses se solda en 454 par un désastre (voir Égypte). En 451, une expédition à Chypre, conduite une nouvelle fois par Cimon, permit de soustraire la mer Égée aux Perses, mais Cimon y trouva la mort. L’Athénien Callias négocia la paix entre Athènes et la Perse. La confédération avait donc perdu sa raison d’être, mais elle ne fût pas dissoute et elle prit un nouveau caractère. Dans les années 460, Naxos et Thasos avaient voulu faire défection mais Athènes, afin de préserver ses intérêts, les avaient forcées à rester dans la confédération. Après le désastre de l’expédition d’Égypte, le trésor fut transféré à Athènes pour plus de sûreté et son arrivée coïncida avec les fêtes de printemps des Dionysies. À la même époque, toutes les cités qui payaient auparavant un tribut en navires furent contraintes de le verser en numéraire et Athènes eut la mainmise sur le trésor. La confédération devint une alliance de cités contrôlée par Athènes, c’est-à-dire son empire. À Athènes, les fonds de la confédération furent utilisés à la construction de monuments et, pendant cette période (450-446 av. J.-C.), la cité obligea ses alliés à utiliser ses propres monnaies, poids et mesures et à venir à Athènes pour y décider les affaires judiciaires importantes. Des Athéniens s’installèrent dans les territoires alliés, en partie pour des raisons de sécurité. Des troupes alliées furent appelées à servir aux côtés des soldats athéniens dans les guerres d’Athènes. Lorsque Athènes et Sparte signèrent la paix de Trente Ans en 446, le traité reconnut à Athènes le droit de conserver son empire maritime. En 440, la révolte de Samos, réduite après un long siège, fut la dernière avant que n’éclatât la guerre du Péloponnèse en 431. Entre ces deux dates, Athènes fut trop puissante pour qu’on lui résiste. Lorsque la guerre avec Sparte éclata, les alliés ne montrèrent aucune velléité de révolte, et en 425 Athènes put lever un tribut de près de 1 500 talents. Ce n’est qu’au moment de l’échec de l’expédition de Sicile en 413 av. J.-C. que la révolte s’étendit, et seule Samos demeura loyale à Athènes après la défaite d’Aigos-Potamos en 405. La fin de la guerre marqua la fin de l’Empire athénien.

Délos, petite île au centre des Cyclades, dans la mer Égée. Selon la légende, elle flottait sur la mer lorsque Zeus la fixa pour que Latone y enfantât Apollon et Artémis. L’île fut occupée par les Crétois qui y implantèrent le culte de la déesse mère, à laquelle succéda Apollon. Sur le Cynthe, point culminant de l’île, subsiste un antre, lieu de culte dès une époque très ancienne. Une cité fut élevée au pied du Cynthe, près d’un point du rivage qui offrait un antique abri aux navigateurs et où l’on érigea un vaste port. Un hymne homérique nous atteste que, dès le IXe s. av. J.-C., au retour du printemps, les Ioniens se rassemblaient pour célébrer Phœbus-Apollon par des sacrifices, des jeux, des danses et des chants. Elle est déjà le centre religieux des Ioniens, qui, peut-être, ont formé autour d’elle une amphictyonie. Vers 600 av. J.-C.. Samos obtint le protectorat de l’île dont le prestige était tel que Pisistrate —► Pisistratides accrédita la légende selon laquelle Thésée avait ramené de Crète à Délos le culte d’Apollon; prétendant avoir retrouvé le vaisseau du héros, il y embarqua une théorie qui se rendit dans l’île pour purifier l’enceinte du temple et jeter à la mer les ossements. Polycrate de Samos répliqua en occupant l’îlot de Rhéneia, tout voisin, qui servait de nécropole à la cité de Délos, et unit les deux îles par une chaîne. Athènes resta cependant maîtresse de l’île au Ve s. av. J.-C. et, en 470 av. J.-C., elle en fit la capitale de la ligue qu’elle avait constituée avec diverses cités ioniennes. Libérée après la bataille de l’Ægos-Potamos, Délos retomba sous le joug athénien en 377 av. J.-C., lors de la formation de la seconde ligue Athénienne. En 315 av. J.-C., elle redevint indépendante et, sous l’impulsion d’Antigonos Cyclops, elle devint le centre de la ligue des Nésiotes, groupant les habitants des Cyclades affranchis de la domination athénienne. Indépendante en théorie, mais sous la « protection » officieuse d’Antigonos, puis des Lagides d’Égypte, des rois Antigonides de Macédoine et, enfin, des Romains, Délos va connaître près de trois siècles de prospérité. Elle devint le centre des affaires commerciales des Grecs et le grand marché au blé et aux esclaves. La ville ne cessa de s’étendre et, au début du IIe s. av. J.-C., les trafiquants grecs d’Italie et les Romains vinrent s’y approvisionner. En 166 av. J.-C., les Romains rendirent le temple d’Apollon aux Athéniens et firent de la cité un port franc, vaste entrepôt du monde grec et du monde romain, qui allait encore s'enrichir, à la suite de la destruction de Corinthe, d’une partie du trafic qui allait à la cité isthmique. Son déclin commença en 88 av. J.-C. par le sac qu’en fit Mithridate ; en 69 av. J.-C., les pirates pillèrent ses entrepôts, et, enfin, l’extension commerciale d’Ostie et de Pouzzoles en Italie et la reconstruction de Corinthe achevèrent sa ruine. Dès le début de l’Empire romain, son port s’ensabla et fut complètement abandonné, ainsi que la cité qui n’avait plus de raison d’être si ce n’est l’entretien d’un culte en plein déclin.

ligues de Délos. Les historiens donnent souvent ce nom ou celui de confédération de Délos (ou d’Athènes) aux deux « empires » athéniens. Ces deux ligues (l’une existant au Ve s. av. J.-C. et l’autre datant du IVe s. av. J.-C.) étaient des symmachies, mais elles se confondirent souvent en partie avec une amphictyonie plus ancienne. On sait peu de chose de celle-ci. Délos était un très ancien centre religieux où les Ioniens venaient célébrer en commun le culte d’Apollon; il se déroulait chaque année une fête du dieu et, au printemps de chaque troisième année, des olympiades avaient lieu, les Délia, où les cités ioniennes envoyaient des théores ; les théores d’Athènes portaient le nom de dévastes, et ils étaient peut-être choisis dans le même génos. Ils étaient conduits à Délos par le vaisseau même de Thésée, paraît-il soigneusement entretenu depuis cette époque et appelé « Délios » (ou trière délienne). Les Athéniens organisaient ces fêtes, et le temple et son trésor étaient gérés par un conseil de cinq amphictyons athéniens. Cette amphictyonie suivit le destin de la symmachie qui l’avait doublée et, finalement, absorbée. Après la défaite des Perses à Salamine et à Platées, les Athéniens prirent à leur charge la guerre contre les Perses. Aristide réunit les Ioniens en une symmachie qui se constitua à Byzance en 478 av. J.-C. ; elle unit d’abord les cités directement menacées par les Perses : les Cyclades ioniennes, l’Eubée, Chios, Samos, Lesbos ; puis elle s’étendit à Rhodes et aux cités de la Propontide et de la Chalcidique. Délos était le centre de la ligue et chaque cité possédait des droits égaux. Cimon consolida la symmachie et l’agrandit des districts de Thrace et de Carie. Cependant, les cités étaient souvent incapables de fournir des vaisseaux et elles préférèrent se libérer du service militaire par le versement d’un tribut (phoros) annuel, qu'Aristide fixa à 460 talents et répartit entre les membres de la ligue selon leurs ressources. Ceux-ci devinrent les alliés sujets (hypekool); quelques cités, comme Naxos, Thasos, continuèrent de fournir des contingents militaires ou des trières équipées et furent considérées comme des alliés autonomes. Périclès conféra un aspect nouveau à la ligue, où, bientôt, on ne put voir que des sujets de l’empire athénien. En 451 av. J.-C., il dissolvait l’assemblée fédérale de Délos et transportait à Athènes le trésor fédéral, qui fut bientôt confondu avec le trésor d'Athéna. Des garnisons athéniennes furent envoyées dans les cités et des clérouquies y furent installées. Ces mesures trouvèrent leur réponse dans des révoltes qui s’échelonnèrent le long de l’histoire de la ligue et qui furent souvent sévèrement réprimées : 446, révolte de Mégare et de l’Eubée; 440, révolte de Samos; 428/427 soulèvement de Mytilène. À l'apogée de son empire, Athènes dominait sur plus de deux cent cinquante villes, divisées en cinq districts : îles, Ionie, Carie, Hellespont, Thrace. La juridiction appartenait aux Athéniens, et les héliastes jugeaient les procès des sujets. Les tributs étaient payés lors des Grandes Dionysies entre les mains des hellénotames. Cette première ligue fut dissoute après la bataille d’Ægos-Potamos (405 av. J.-C.). Les Spartiates ayant fait de nombreux mécontents à la suite de leurs victoires, Athènes délégua en 378 av. J.-C. des ambassadeurs dans les villes qui lui étaient favorables, à la suite des campagnes de Conon et des sondages diplomatiques de Thrasybule en Propontide. Une convention fut conclue avec Chios en 377 av. J.-C., à laquelle adhérèrent par la suite Mytilène, Méthymne, Rhodes, Chalcis, Thèbes et Byzance. Chaque ville avait ses voix et ses représentants à l’assemblée générale, mais Athènes exerçait une hégémonie militaire, si bien qu’elle rétablit le tribut et que son ambition renaquit ; la guerre dite « sociale », où elle se heurta en 357 av. J.-C. à ses alliés, mit fin pratiquement à cette seconde ligue, qui ne fut officiellement dissoute qu'après Chéronée (338 av. J.-C.). (Pour la ligue Lacédémonienne =► symmachie, pour la ligue de Corinthe =► Corinthe et Panhellénisme, pour la ligue Étolienne =► Étolie, pour la ligue Achéenne => Achéenne, pour ligue Béotienne =►Béotie.)




DÉLOS

. île grecque de la mer Égée, la plus petite des Cyclades. Elle devint un grand centre religieux après sa colonisation par les Ioniens qui introduisirent le culte d'Apollon, d'Artémis et de leur mère Léto. Des fêtes en leur honneur avaient lieu tous les quatre ans. Après les guerres Médiques, au début du Ve siècle av. J.-C., Athènes y installa le siège de sa confédération maritime et l'île resta sous sa domination jusqu'en 315 av. J.-C. Délos joua, à l'époque hellénistique un grand rôle commercial. Située au carrefour des routes maritimes entre la Grèce, l'Asie et l'Égypte, son port franc (sans droit de douanes) créé en 166 av. J.-C pour porter atteinte aux activités commerciales de Rhodes, attirait beaucoup de marchands. Conquise et pillée en 88 av. J.-C. par Mithridate, puis par les pirates, Délos déclina définitivement. Les fouilles entreprises dès 1873 et menées par l'École française d'Athènes ont mis au jour l'un des ensembles archéologiques les plus importants de la Grèce.



DÉLOS (Ligue de)

. Nom donné à la première confédération athénienne (477 av. J.-C.) organisée après la défaite des Perses en Grèce au cours des guerres Médiques. Elle avait pour but de libérer les Grecs encore soumis à la domination perse et groupait Athènes, l'Eubée, les cités ioniennes d'Asie Mineure, la Chalcidique (en Macédoine) et les Cyclades. Libres, les cités acceptaient cependant le commandement militaire d'Athènes et versaient chaque année un tribut. Ce trésor, d'abord déposé dans le sanctuaire d'Apollon de l'île de Délos, fut transféré en 454 av. J.-C. sur l'Acropole et les Athéniens y puisèrent largement pour embellir leur ville. Athènes fit de ses alliés des cités sujettes (certaines se révoltèrent) et transforma cette alliance en un vaste empire maritime dominant la mer Égée. Le danger perse fut écarté mais l'impérialisme d'Athènes devait conduire à la guerre du Péloponnèse (431 av. J.-C.). La défaite d'Athènes (en 404 av. J.-C.) amènera la disparition de la ligue de Délos.

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