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DAUPHINÉ

DAUPHINÉ Autrement dénommée Viennois, cette seigneurie née du démembrement du royaume carolingien de Bourgogne verra ses Dauphins, qui ont acquis le rang de princes, résider à Grenoble. Faute d’avoir un héritier - et fortement endetté -, le dernier d’entre eux, Humbert II, vendra l’ensemble de ses territoires à la Couronne de France par le traité de Romans, le 30 mars 1349.

Ancienne province du sud-est de la France, dont le territoire a formé les départements de l'Isère, des Hautes-Alpes et de la Drôme ; capitale Grenoble. Peuplée par les Allobroges au N., les Voconces au S., cette région fut en majeure partie intégrée par les Romains à la province de la Narbonnaise. Après les invasions du Ve s., elle fit partie du royaume des Burgondes, puis des deuxième et troisième royaumes de Bourgogne (v. BOURGOGNE), du royaume d'Arles, et devint terre d'Empire. Le Dauphiné historique eut pour noyau la partie méridionale du comté de Viennois qui, vers 1029/30, fut inféodée à Guigues Ier, comte d'Albon, lequel annexa en outre le Briançonnais (vers 1040) et le Graisivaudan (vers 1050). Son arrière-petit-fils, Guigues IV Dauphin (1133/42), fut le premier à porter ce second prénom (v. DAUPHIN). Dernier descendant direct de la maison d'Albon, Guigues V eut pour successeur son beau-fils, qui fonda la dynastie bourguignonne du Dauphiné (1162/1281). Il ajouta à ses possessions l'Embrunais et le Gapençais (1202), auxquels Guignes VII ajouta le Faucigny (1241). Jean Ier eut pour successeur son beau-frère, Humbert Ier, qui fonda la troisième dynastie des Dauphins du Viennois, celle de La Tour du Pin (1281-1349). Humbert II (1333/49) développa les institutions du comté et créa le Conseil delphinal (1336). À bout de ressources, il se résigna, par le traité de Romans (30 mars 1349), à vendre ses États au futur Charles V de France, pour la somme de 200 000 florins. Le Dauphiné ne fut pas annexé à la France mais devint l'apanage de l'héritier présomptif au trône de France, qui porta le titre de dauphin. Le vieux conflit entre les Dauphins et la Savoie fut réglé par le traité de Paris (5 janv. 1355), par lequel le dauphin Charles abandonnait le Faucigny contre diverses enclaves savoyardes dans le Dauphiné, qui s'agrandit encore du Valentinois et du Diois (1419, 1426) et de Montélimar (1447). Touché au XIVe s. par le mouvement vaudois, le Dauphiné vit se répandre, à partir de 1523, les doctrines de Calvin. Les guerres de Religion y furent particulièrement acharnées, car les protestants avaient à leur tête des chefs énergiques tels que le baron des Adrets et Lesdiguières ; ce dernier, devenu gouverneur du Dauphiné (1591/1626), fit beaucoup pour ramener l'ordre et la paix religieuse. Au XVIIIe s., le Dauphiné connut un vif essor économique et la bourgeoisie locale se plaça, dès 1787, à l'avant-garde de la Révolution : journée des Tuiles (7 juin 1788), assemblée de Vizille (21 juill. 1788) (v.).

ACQUISITION DU DAUPHINÉ • 30 mars 1349 En février 1343, Philippe VI négocie en Avignon un accord avec Humbert II, Dauphin du Viennois, stipulant que si ce dernier meurt sans héritier, le Dauphiné échoira au deuxième fils du roi de France. En échange de quoi, Philippe paie les dettes d’Humbert II, lui verse un capital de 120 000 florins et promet une rente de 4 000 ducats. L’année suivante, le 11 avril, grâce au soutient actif du pape, il est conclu qu’après la mort d’Humbert II, le Dauphiné ira au fils aîné du roi de France - d’où le nom de Dauphin qu’il prend dès lors. Un tel accord équivaut à garantir le passage de cet Etat dans le domaine royal. Enfin, le 30 mars 1349, par le traité de Romans, Humbert, pressé par ses créanciers, finit de vendre ses droits à Philippe VI ; le Dauphiné intègre alors le royaume de France.

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