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Création (Schöpfung) - Schelling

Création (Schöpfung)

• Devenir en Dieu par lequel Celui-ci surmonte ce qui en Lui n’était pas proprement Lui.

•• La création au sens où l’entend Schelling est moins de l’ordre du faire que du devenir. Elle est inséparable de la perspective d’un « Dieu en devenir », et, plus précisément, de son « dé-devenir » (selon le terme, entwerden, emprunté par Schelling à Maître Eckhart), comme si Dieu, en créant le monde, se refaisait en quelque sorte à l’envers. Dieu aurait fort bien pu ne pas créer le monde, même si, l’ayant créé par une décision entièrement libre mais tout autant irrévocable, il ne peut pas ne pas l’avoir créé (refus schellingien d’une certaine conception de l'omnipotentia Dei}, et il reste à comprendre comment la création est une sorte de manœuvre intérieure en Dieu, prenant le risque insensé de tout miser sur la liberté humaine, dès lors que le monde lui a « filé entre les doigts », selon l’image de Goethe reprise par Schelling, ou en quoi elle est un drame interne, voire le nœud de l’intrigue dans la dramaturgie de l’Absolu.

••• Défaite ou subordination de l’égoïsme divin (de « l’éternel Célibataire des mondes » dont parlait Chateaubriand), la création est rigueur surmontée par la douceur, colère transfigurée en amour, qui serait restée sinon feu dévorant : « La création est la victoire remportée par l’amour divin sur l’ipséité divine » (A. d. M., 104). Schelling s’est vanté d’être le premier philosophe à élaborer des moyens conceptuels adéquats pour penser la création — « ce qu’aucune philosophie et aucune théosophie n’avaient pu montrer jusqu’à présent ».

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