CRÉATION
CRÉATION, n.f. (lat. creatio « action de créer »). ♦ 1° Au sens large. Action de produire une chose nouvelle dans sa forme ou son expression : les œuvres d’art, les œuvres littéraires ou scientifiques originales sont des créations. L’activité créatrice est une des manifestations majeures de l’esprit humain. ♦ 2° Au sens le plus strict et le plus philosophique, la création est l’acte de faire exister à partir de rien, de donner l’être. Il implique la toute-puissance. Seul Dieu peut créer. L’idée de création fait partie de la révélation biblique. C’est le premier thème traité dans le livre de la Genèse. Mais c’est une question que l’existence du monde pose au philosophe. Ou bien le monde est éternel, solution adoptée par un certain nombre de philosophes, ou bien il a eu un commencement et il a reçu l’existence à partir de rien. Kant voit dans cette alternative une « antinomie de la raison pure » que nous n’avons pas le moyen intellectuel d’élucider. Le créationnisme, qui fait de l’univers l’œuvre d’un Dieu créateur ne s’oppose pas à une conception évolutionniste. Le fait que les espèces soient apparues dans le temps suivant tel ou tel processus n’enlève rien à la causalité créatrice de Dieu. Il amène simplement à penser la création non comme une succession d’actes ponctuels qui ont fait exister les différentes espèces, mais comme un acte unique qui s’est déroulé à travers le temps et suivant des lois. Création continuée. Action par laquelle Dieu conserve les créatures dans l’existence. C’est le point de vue de saint Thomas, de Descartes et de Malebranche. La création résultant de la libre volonté divine, il faut que Dieu continue à vouloir qu’elle soit. Création continue. Point de vue de Bergson : la durée implique un enrichissement progressif de l’univers.
CRÉATION, CRÉATIONNISME
La religion judéo-chrétienne désigne par le terme création l’instauration du monde par Dieu à partir du néant. Une telle idée était étrangère à la philosophie grecque. Elle se précisera chez certains auteurs (Descartes, Malebranche) en création continuée ou continue : action par laquelle Dieu conserve le monde tel qu’il l’a initialement produit.
♦ Bien qu’il n’y soit pas question de fabrication ex nihilo, on parle de création dans des domaines où il ne s’agit que de la production d’un objet nouveau, mais avec des matières préexistantes. C’est en particulier le cas dans le domaine artistique. Cette notion de « création artistique » répond aux ambitions de certains peintres ou écrivains (Baudelaire, par exemple, qui conçoit le poète comme un véritable rival de Dieu) et prend à sa façon en charge ce qui a toujours paru énigmatique dans l’« inspiration » ; mais des critiques contemporains déplorent que l’appellation soit propice à entretenir une mythologie désuète et non fondée de l’artiste tout-puissant en même temps qu’à occulter la part de travail réel qu’implique la production d’une œuvre d’art.
♦ Le créationisme est la théorie qui, en s’appuyant exclusivement sur l’interprétation littérale de la Bible, refuse toute idée d’évolution des espèces : toutes auraient été créées par Dieu, séparées et plus ou moins simultanément, il y a seulement quelques milliers d’années. Le créationisme s’oppose évidemment au darwinisme, et, plus généralement, aux conceptions contemporaines de l’anthropologie préhistorique : il nie aussi bien la formation du globe terrestre il y a quatre milliards et demi d’années que l’efficacité des méthodes scientifiques de datation des fossiles ou l’intérêt qu’offrent ces derniers pour comprendre d’où provient l’espèce humaine.
création, action de tirer du néant. — Les problèmes relatifs à l'acte de créer concernent à la fois les créations humaines (et ils relèvent d'une philosophie du travail, en particulier d'une philosophie des beaux-arts) et la création du monde à partir de Dieu. On distingue une conception intellectualiste de la création, selon laquelle l'exécution se réfère à une idée ou à un modèle (conception judéo-chrétienne de la Création, et représentation classique de la création esthétique), et une conception volontariste, selon laquelle l'idée de la chose que l'on crée naît et se développe dans le mouvement même de l'exécution. « Les projets, dit Alain, ne poussent que sur l'ébauche. » D'un point de vue psychologique, cette dernière conception correspond mieux à la nature des faits (« Créer selon un modèle, ce n'est pas de l'art mais de l'industrie» [Alain]); d'un point de vue théologique, elle respecte la toute-puissance de Dieu, qui, au lieu de reproduire un modèle qu'il n'aurait pas créé, crée l'idée en même temps que la chose.
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