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Coke, Sir Edward (Milehan 1552-Stoke Poges 1634) ; juge et parlementaire anglais.

Coke, Sir Edward (Milehan 1552-Stoke Poges 1634) ; juge et parlementaire anglais. Cet homme d'Etat, formé à Cambridge ainsi que dans la célèbre école de droit de Londres, qui fut tout à la fois juge, juriste et parlementaire, a modelé de manière décisive l'Angleterre de son époque, ainsi que des siècles suivants. Ayant accédé grâce à son premier mariage (1589) à une grande fortune, C., en tant que speaker de la Chambre des communes (1593), et à partir de 1594 en tant qu'attorney général, intervenant comme représentant de l'accusation dans les grands procès intentés à l'époque par l'Etat contre Essex, Southampton, Raleigh et Guy Fawkes, défend toujours avec une très grande énergie la politique de la couronne. Mais en tant que juge suprême de la Court of Pleas (1606-1613) et de la Court of King's Bench (1613-1616) - deux des trois grands tribunaux appliquant la Common Law -, il défend de manière inconditionnelle la suprématie de la Common Law, ce qui l'amène à devoir affronter violemment le roi, l'Église et les tribunaux défendant la prérogative royale, appuyés sur l'equity et sur le droit romain. C. pense que la prérogative royale est définitivement définie et limitée par la Common Law, et qu'elle ne peut pas non plus, en faisant appel à la raison d'État, l'emporter sur les droits et sur les libertés intangibles de l'individu. Comme, dans les affrontements qui opposent à l'époque le roi et le Parlement au sujet de leur sphère d'influence respective, les deux parties en présence en appellent au droit, C. estime de ce fait qu'une justice indépendante pourrait jouer à l'intérieur de l'État le rôle de dernière instance. Après sa destitution en 1616, le premier renvoi d'un juge anglais pour des raisons politiques, renvoi qui ébranle considérablement l'indépendance des tribunaux, C., devenu le leader parlementaire le plus important des années 1620, s'oppose avec succès, dans les fonctions nouvelles qu'il occupe à la Chambre des communes, au renforcement de la position du roi au détriment du Parlement et du droit. C'est de sa plume qu'émane la première formulation de la célèbre Pétition of Right (1628). Le rôle joué par C. dans l'histoire ne tient toutefois pas seulement au fait qu'il a toujours étroitement associé son oeuvre politique et ses fonctions de juge ; il s'explique aussi du fait que c'est le juriste de loin le plus éminent du monde anglo-américain. Dans ses Law Reports (rapports commentés concernant des cas juridiques concrets) et dans son grand ouvrage en quatre parties, les Insti-tutes, il a su, sous prétexte d'en donner une description et tout en restant fidèle aux principes qui la sous-tendent, adapter aux conditions de son époque et remettre à neuf la Common Law, qui était devenue une masse chaotique et confuse de précédents contradictoires et de lois parlementaires. Ses ouvrages servent encore de base à l'étude du droit en Angleterre, aux États-Unis, et dans les pays du Commonwealth qui respectent la Common Law. C. avait une personnalité originale et forte, mais c'était aussi un caractère difficile, violent et autoritaire, n'hésitant pas à l'occasion à recourir à des moyens douteux pour parvenir à ses fins. La passion avec laquelle il s'est voué à l'interprétation exacte du droit, de la majesté duquel il était profondément pénétré, caractérise en tout premier lieu ce juge, sans doute rigide par son refus de tout compromis, mais auquel n'ont manqué ni la grandeur ni l'audace. Bibliographie : J. Beauté, Un grand juriste anglais : Sir Edward Coke, 1552-1634, 1975.

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