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CLISTHÈNE

Homme politique athénien. Fils de Mégaclès, chef de la famille noble des Alcméonides. Il renversa le tyran Hippias (510 av. J.-C.) et rendit ainsi possible le retour des Alcméonides, qui avaient été exilés par les Pisistratides. S'étant mis à la tête du parti démocratique, il fut d'abord vaincu (508) par la faction oligarchique que menait Isagoras et que soutenait Cléomène, roi de Sparte. Revenu peu après au pouvoir grâce à un soulèvement populaire, il accomplit une transformation profonde de la vie politique et sociale d'Athènes. Ses réformes permirent la naissance de la démocratie athénienne. Il sapa les assises du pouvoir de l'aristocratie en abandonnant les cadres sociaux traditionnels. Clisthène créa une nouvelle unité, seulement territoriale, le dème ; cent dèmes furent regroupés en 30 trittyes, elles-mêmes regroupées en 10 tribus ; chaque tribu réunissait les dèmes côtiers, ruraux ou urbains. Toute l'organisation politique fut désormais conçue dans ces nouvelles unités, qui ne tenaient plus compte de l'appartenance aux grandes familles (les génè, plur. de génos) ou aux tribus traditionnelles, gérées par l'aristocratie. Il fit de la boulè, tirée au sort à raison de cinquante membres par tribu, le principal organe politique. Il aurait également institué l'ostracisme.

Clisthène (v. 510 av. J.-C.) ; homme d’État athénien.

De la famille aristocratique des Alcméonides, C. est le fils de Mégaclès et le petit-fils, par sa mère, de Clisthère, tyran de Sicyone. On ne sait s’il a participé aux tentatives de sa famille qui, bannie par le tyran Pisistrate, veut renverser son fils, Hippias. Sur les Alcméonides pèse une ancienne malédiction : elle remontait au sacrilège commis par Mégaclès l’Ancien lorsqu’il fit mettre à mort un jeune aristocrate, Cylon (il aspirait à la tyrannie), et a souvent été invoquée pour les expulser d’Athènes. En outre, favorables au dèmos (le « peuple »), ils trouvent toujours des partisans parmi les classes inférieures. Promoteurs énergiques du sanctuaire de Delphes (participation à la reconstruction du temple d’Apollon), ils ont su, avec l’aide de l’oracle, pousser Sparte à les soutenir lors du renversement de la tyrannie (510). Après la chute des Pisistratides, les anciennes luttes partisanes renaissent à Athènes : C. prend la défense du dèmos contre les aristocrates dirigés par Isagoras qui, soutenu par Sparte, l’emporte en 508-507 en tant qu’archonte. Par des promesses de réforme, C. prend des engagements envers le dèmos, recule devant Cléomène Ier, le roi de Sparte mandé par Isagoras qui, pour l’expulser, avance que le bannissement des Alcméonides avait été levé de façon irrégulière. De force, le peuple chasse Cléomène et rappelle C. On ignore les fonctions officielles qui lui permettent de faire adopter ses importantes réformes politiques et on n’a guère de renseignements sur le reste de sa vie. Son nom paraît presque oublié, jusqu’au IVe siècle peut-être, parce que selon Hérodote (V,73) Athènes avait alors requis le soutien de la Perse contre Sparte. Le programme de réformes mis sur pied par C., c’est-à-dire l’instauration d’une véritable représentation populaire, écarte définitivement l’influence politique des anciennes associations familiales dirigées par la noblesse et brise les anciennes solidarités locales. Ce succès, qui n’avait été donné ni à Solon, ni à Pisistrate, crée les conditions qui rendent possible la démocratie athénienne. L’élément de base est un redécoupage de l’espace de la cité qui implique une égalité entre les membres de cette nouvelle communauté civique. C. divise donc l’Attique en trois régions à la population équivalente en nombre : la Ville (Asty), l'intérieur (Méso-gée), la Côte (Paralie). Dans chacune de ces régions, il crée dix « cantons » (trittyes), c’est-à-dire des groupes de communes (dèmes) qui s’administrent de manière autonome. Regroupées par tirage au sort en groupes de trois (une trittye de la ville, une de l’intérieur, une de la côte), les trittyes forment une nouvelle tribu (phylè), détachée complètement de l’ancienne appartenance régionale. Au lieu des quatre anciennes tribus, qui n’ont plus qu’une importance cultuelle, naissent dix tribus nouvelles qui envoient chacune cinquante représentants, sévèrement contrôlés et tirés au sort, au Conseil des Cinq-Cents, l’organe essentiel du gouvernement. En outre ce conseil qui prépare le travail de l'Ecclèsia (l’Assem-blée), seconde et surveille les magistrats, juge certains cas d’infraction à la loi et pour être plus efficace ne fonctionne pas au complet : les 50 bouleutes d’une même tribu qui assurent le pouvoir pendant un dixième de l’année sont les prytanes. Cette série de réformes qui modifient également le système des magistratures (elles s’alignent sur le nombre des dix tribus avec dix stratèges, dix archontes, dix astynomoi, etc.) est le fondement de toutes les institutions politiques, militaires et administratives de la cité où règne un régime isonomique, « d’égale répartition » devant la loi. La signification de ce changement est mise en lumière par Hérodote (V, 78) : « Les Athéniens ne cessèrent de croître et de s’agrandir. Mais leur évolution fait apparaître l’intérêt de la liberté et de l’égalité : tant qu’ils étaient soumis à des tyrans (maîtres), les Athéniens n’avaient aucune supériorité militaire sur les peuples voisins ; dès qu’ils se furent débarrassés de la tyrannie, ils devinrent de loin les meilleurs.» Peut-être faut-il attribuer à C. l’instauration de l’ostracisme, procédure qui permettait d’exiler un citoyen pour dix ans.

Bibliographie : P. Levêque, P. Vidal -Naquet, Clisthène l'Athénien, 1964.




CLISTHÈNE (2e moitié du vie siècle av. J.-C.). Célèbre législateur athénien, issu du genos des Alcméonides et grand-oncle de Périclès. Ses réformes permirent entre 507 et 501 av. J.-C. l'établissement de la démocratie. Il remodela le territoire de l'Attique afin de supprimer l'influence régionale des grandes familles de l'aristocratie en créant dix nouvelles tribus. Il attribua à chacune d'elles un groupe de communes, les dèmes, pris dans trois parties différentes du territoire : la ville, la côte et l'intérieur. Les dèmes étaient regroupés en trittyes à raison de trois ou quatre dèmes contigus par trittye. Les nouvelles tribus étaient donc des circonscriptions purement territoriales, mais non homogènes puisque chacune d'entre elles était formée de trois trittyes prises aux trois ensembles territoriaux sus-définis. Chaque tribu réunissait ainsi des Athéniens différents d'origine, de fortune et de résidence et prenait un réel caractère national. Le rôle des tribus fut très important. Toutes les institutions de la cité étaient adaptées à leur système décimal. La répartition des charges publiques, politiques, judiciaires, militaires et fiscales se faisait dans le cadre de chacune d'elles. Voir Démocratie athénienne, Dracon, Eupatrides, Pisistrate, Solon.