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Cléon

Fils d’un riche tanneur, il fut l’un des principaux hommes politiques athéniens dans les premières années de la guerre du Péloponnèse. Ses premiers actes politiques connus sont les attaques qu’il dirigea contre Périclès en 431 et en 430. Après la mort de ce dernier en 429, il devint le politicien le plus influent de l’époque. En 427, il proposa un décret (voté mais annulé le lendemain) punissant de mort les habitants de Mytilène après l’écrasement de leur révolte. Il était partisan de la victoire militaire à tout prix, tant qu’elle apportait puissance, gloire et richesse au peuple athénien. Après la victoire d’Athènes à Pylos en 425 , il refusa les propositions de paix Spartiates. Il critiqua pour leur incompétence les généraux qui assiégeaient sans succès les Lacédémoniens sur l’île de Sphactérie, et lorsque Nicias suggéra de lui donner le commandement de l’armée, il fut obligé d’accepter. Avec l’aide du stratège Démosthène, Cléon put tenir sa promesse de prendre Sphactérie et de ramener les prisonniers en vingt jours. À la même époque, il se rendit populaire en portant le salaire des dicastes de deux à trois oboles, et il aurait certainement soutenu, s’il n’en fut pas l’auteur, la forte augmentation du tribut que devaient payer les alliés. En 423, il fit passer un décret demandant la destruction de Sicyone et l’exécution de ses citoyens (appliqué en 421). Après les revers d’Athènes en Thrace, il fut élu stratège et commanda l’expédition dans cette région, mais après quelques succès il fut battu et tué à Amphipolis par le général Spartiate Brasidas, qui fut lui-même mortellement blessé (422). Sa mort et celle de Brasidas levèrent tous les obstacles à la paix de Nicias, qui fut signée en 421. Thucydide et Aristophane brossent un portrait vivant mais peu flatteur de Cléon, démagogue grossier et sans scrupules, et nous ne disposons pas de témoignages indépendants qui pourraient nous en donner une image plus objective. Il devait son influence à son style oratoire vigoureux et violent, au ton anti-intellectuel et anti-aristocratique ; il jouait sur les émotions et les préjugés du peuple. Il semble qu’il ait eu des buts à court terme, mais les pauvres d’Athènes devaient profiter de sa politique, aux dépens des alliés de la cité.

Cléon, homme d’État (Athènes, ?-Amphipolis 422 av. J.-C.). Tanneur de son métier, il entra dans la politique à la mort de Périclès (429). Éloquent et intriguant, il devint le chef du parti de la guerre lors de la guerre du Péloponnèse. En 427 il fut partisan de la mise à mort des Mityléniens, membres de la ligue de Délos soulevés contre Athènes. Sa notoriété parvint à son comble lorsque, en 426, ayant été mis à la tête d’une troupe athénienne, il captura les Spartiates retranchés dans l’îlot de Sphactérie (côte ouest du Péloponnèse). Sa popularité était telle que, lorsque Aristophane voulut le mettre en scène dans sa comédie des Chevaliers (424), pour le présenter comme un démagogue sans scrupules, nul n’osa jouer le rôle et Aristophane en personne se chargea de le représenter. Ayant obtenu le commandement de l’armée athénienne dont il avait fait voter l’envoi en Thrace, Cléon prit Toron, mais il fut tué sous les murs d’Amphipolis dans la bataille qui opposa les Athéniens aux Spartiates de Brasidas. Malgré les traits satiriques d’Aristophane et le triste portrait que fait de lui Thucydide, il ne semble pas que Cléon ait mérité la mésestime dans laquelle il a été tenu.




Cléon (mort en 422 av. J.-C.) ; homme d’État athénien. C. dirigeait une tannerie qu’il avait héritée de son père, lequel avait été stratège. Ainsi, par ses origines et par la source de ses revenus qui lui valent les railleries d’Aristophane, C. apparaît comme un « homme nouveau » différent du personnel politique antérieur composé d’aristocrates propriétaires fonciers. Beau parleur, sans scrupules, il est soutenu par les masses de la cité. Après la mort de Périclès, à la chute duquel il a peut-être participé, C. dispute à Nicias la succession à la tête de l'État athénien. Seule la « guerre à outrance » lui semble pouvoir mettre un terme à la lutte contre Sparte et empêcher la rébellion des confédérés attiques, las de la guerre et mécontents de l’exploitation qu’en faisait Athènes. Même si, après la révolte de Mytilène de 427, l’assemblée du peuple (l'Ecclèsia) est amenée, par les modérés (Déodote), à annuler l’ordre d’extermination de tous les hommes de cette ville rebelle qu’avait fait voter C., elle lui confie, en 425, le commandement d’un corps d’armée athénien afin de réduire les 420 hoplites lacédémoniens enfermés dans l’îlot de Sphactérie, face à Pylos sur la côte de Messénie. C. n’avait aucune expérience militaire mais il critiquait Faction des stratèges, de Nicias en particulier. La chance l’aide : il donne l’assaut, propose une capitulation ; 292 survivants, dont 120 Spartiates, se rendent. Son succès - Sparte est prête à toutes les concessions pour récupérer les prisonniers - porte C. au sommet de la gloire. La même année, C. impose aux confédérés une forte augmentation du tribut (phoros) pour poursuivre énergiquement la guerre, mais aussi pour améliorer la solde des jurys athéniens. Cependant, après la défaite d’Athènes contre les Béotiens à Délion (424), et la perte des parties thraces de F Empire athénien, conquises par les forces du général Spartiate Brasidas, les partisans de la paix l’emportent à Athènes. Mais quand la trêve conclue avec Sparte est violée en 423 par la rébellion de Skionè en Chalcidique, C. intervient de nouveau en tant que stratège et fait voter la destruction de la ville. C. redresse la situation en Thrace (422), enlève les villes de Toronè et de Galèpsos, mais échoue dans la prise d’Amphipolis : son armée est battue par les Spartiates, C. meurt, ainsi que son ennemi Brasidas, au cours de Faction. En 421, la guerre du Péloponnèse connaît, avec la paix de Nicias, une trêve provisoire. C., « chien de garde » de la démocratie attique, est le premier exemple de la nouvelle génération politique des démagogues dont il était tenu pour le prototype. Cependant son programme était à peine différent de celui de Périclès.

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