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Clélie, histoire romaine de Madeleine de SCUDÉRY

Clélie, histoire romaine de Madeleine de SCUDÉRY, 1654-1660, slatkine
• Fidèle à la recette des romans héroïques librement inspirés de l’histoire et de l’épopée antiques, Mlle de Scudéry, dans ce gros roman en dix volumes, transpose dans la Rome de Tite-Live l’idéal mondain et galant de son temps et peint la société qui fréquentait son salon.
• L’action a pour cadre la guerre de Tarquin le Superbe contre Rome après son expulsion, lorsqu’il tente de reprendre la ville avec le concours du roi étrusque Porsenna. L’héroïne est cette jeune Romaine qui, en 507 avant J.-C., se jeta dans le Tibre pour échapper aux Étrusques, mais elle est ici surtout occupée d’amour. Clélie hésite entre deux soupirants : Aronce, fils du roi Porsenna, et Horatius Codés, le célèbre héros romain. Pour voir clair en son cœur elle imagine une carte du pays de l’Amour, la Carte du Tendre, qui représente allégoriquement les divers chemins qui mènent à l’amour (Inclination, Estime, Reconnaissance). Elle finit par épouser Aronce, mais après mille péripéties, comme le rappelle Molière dans Les Précieuses ridicules (scène 4). De pseudo-Romains, dans lesquels Mlle de Scudéry peint ses familiers, se livrent à de doctes discussions sur des questions de galanterie, et le roman avait pour les contemporains le piquant d’une œuvre à clefs en même temps que la valeur d’un guide en casuistique galante.
• Les railleries de Molière, qui prouvent le succès de ce roman, ne doivent pas en masquer la signification. Mlle de Scudéry, qui plaide pour la liberté des sentiments et l’émancipation de la femme, permet de découvrir la portée du courant précieux dans la société du xviie siècle.