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Classicisme

Classicisme Mouvement intellectuel et artistique de la seconde moitié du xviie siècle français dont les représentants les plus remarquables sont Racine, La Fontaine, La Bruyère, Pascal, Molière, La Rochefou-cault, Madame de la Fayette, Bossuet, Boileau. Le classicisme est souvent opposé au « romantisme » et au « baroque ». De ce mouvement complexe, il est possible de dégager quelques dominantes : • L’écrivain classique ne se met pas en avant en tant qu’individu ; il s’efface derrière son œuvre. • L’œuvre d’art implique un important travail de l’artiste et une technique précise ; elle ne peut résulter de la seule inspiration. • L’écrivain classique considère qu’il existe une nature humaine (un fond permanent commun à tous les hommes de tous les temps) ; il pense donc que sa peinture de l’âme humaine restera valable à travers les siècles. • Un intérêt particulier est porté à la peinture et à l’analyse de l’âme humaine (rapports entre les individus donc domaine de la psychologie ; problème de la liberté donc domaine de la métaphysique ; mais peu de chose sur les conditions sociales de l’existence). • Les écrivains de l’Antiquité sont admirés, mais imités avec une grande liberté. • L’art classique se caractérise par la recherche de l’ordre, de l’équilibre, de la mesure et une certaine discrétion dans l’expression. (Ce qui fait dire à André Gide : « Le classicisme tend tout entier vers la litote. »)

Classicisme. Courant artistique qui se développe au XVIIe siècle sous Richelieu, Mazarin et Colbert, et qui se caractérise par un idéal d’équilibre et de mesure, et touche tous les arts, la littérature, la peinture (Poussin), la sculpture (Coysevox), l’architecture (Mansard), la musique (Lulli). A l’origine, en littérature est considéré classique ce qui est « digne d’être enseigné dans les classes », selon la définition du Dictionnaire de Richelet (1680), c’est-à-dire les auteurs de l’Antiquité gréco-latine. A ceux-là s’ajoutent au XVIIIe siècle les auteurs consacrés du XVIIe siècle, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Fénelon, jugés susceptibles, eux aussi, de former le goût des élèves. Depuis Voltaire, qui rend hommage au classicisme dans son Siècle de Louis XIV, on situe approximativement le classicisme en littérature de 1635 à 1685. Il se définit par quatre caractéristiques, le respect de la raison, l’imitation de la nature et celle de l’Antiquité, l’élaboration de règles qui permettent d’atteindre à une maîtrise artistique parfaite. Le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences de Descartes qui, en 1637, est la première grande œuvre philosophique en français, est venu démontrer l’universalité de la raison. Très marqué par le cartésianisme, le classicisme se défie de l’imagination, « cette puissance trompeuse », selon Pascal, et accorde à la raison une place prépondérante. L’imitation de la nature que prônent les classiques, c’est-à-dire de la nature humaine, loin de se faire l’écho d’un désir de réalisme, est à interpréter comme une volonté de transformation artistique du réel. S’il faut imiter les anciens, c’est qu’ils ont parfaitement imité la nature. Le Grand Siècle est profondément marqué par l’héritage antique. Depuis la Renaissance qui a érigé en principe le culte de l’Antiquité, les œuvres gréco-latines, considérées comme des modèles dans tous les arts, représentent le beau absolu. Les auteurs dramatiques composent leurs pièces en utilisant les règles des Anciens, tout comme les architectes construisent selon le plan du temple grec. L’idée moderne que la conception du beau puisse varier selon les individus, les pays, les époques, est tout à fait étrangère à la Renaissance comme au classicisme. Les classiques désirent donc dégager des règles pour atteindre cette perfection dont les Anciens sont les modèles. Le texte de référence dont se servent tous les théoriciens, notamment La Ménardière {Poétique, 1639), d’Aubignac {La Pratique du théâtre, 1657), Corneille {Trois discours, 1660), Boileau {Art poétique, 1674) est La Poétique d’Aristote. Sur le modèle antique, les classiques introduisent, au niveau littéraire, une hiérarchie entre les styles et entre les genres. Le style noble ou élevé est réservé à l’épopée et à la tragédie, le style moyen à la haute comédie, à Fart oratoire ou épistolaire, le style bas ou familier, à la comédie ou au roman comique. Au niveau des genres, sont considérés comme des genres nobles, l’épopée, la tragédie héroïque, l’art oratoire, comme des genres moyens, la haute comédie et la satire, comme un genre bas, le roman. Quant à la farce, elle n’est même pas classée, elle ne saurait plaire à «l’honnête homme», homme de la bonne société, noble ou grand bourgeois, mesuré en toute chose, tel que nous le présente Faret dans L’Honnête Homme (1630).
En matière de théâtre, le classicisme édicte la règle des trois unités, afin que la pièce ainsi construite satisfasse le goût de l’époque qui exige le respect de la vraisemblance. Au niveau linguistique, la fondation de F Académie française en 1635 consacre la tentative de purisme, inaugurée par Malherbe dès 1610. Dans sa mouvance, de 1610 à 1630, de nombreux écrivains, afin d’unifier la langue, tentent d’en éliminer les archaïsmes et les particularités provinciales. A partir de 1635, Vaugelas (Remarques sur la langue française, 1647), Chapelain imposent une norme linguistique. Les années 1685, où paraissent les Dictionnaires rédigés par les académiciens, clôturent cette période féconde. Commence une ère nouvelle, la « crise de la conscience européenne », décrite par Paul Hazard, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes et des progrès scientifiques, grâce à Newton notamment. C’est la Querelle des anciens et des modernes qui, à la fin du XVIIe siècle, va rejeter définitivement le modèle antique, mettant fin au classicisme proprement dit. • Scherer, 1950; Bénichou, Morales du Grand Siècle, Paris, Gallimard, Idées, rééd. 1967; Hazard P., La Crise de la conscience européenne 1680-1715, Paris, Fayard, 1961.

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