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chronique/chroniqueur

chronique/chroniqueur
Chronique : récit historique qui présente les faits selon leur ordre chronologique. Chroniqueur : historien, romancier ou journaliste qui écrit des chroniques.
Commentaire
L’histoire, au Moyen Age, est faite de chroniques, c’est-à-dire d’anecdotes qui rendent fidèlement compte des événements importants de l’époque. Les plus célèbres sont celles de Villehardouin, Joinville, Froissart. Par la suite, l’emploi du terme s’est élargi. La chronique est devenue un genre littéraire qui recouvre de vastes cycles romanesques (ex. : la Chronique des Pasquier, 1933-1945, de Georges Duhamel), ou des récits plus courts qui prétendent à une vérité historique. Elle désigne également un genre journalistique, une rubrique qui donne au journaliste l’occasion d’exposer et de commenter, au jour le jour, les grands événements de l'actualité (ex. : les Chroniques de Guy de Maupassant).
Citation
L’observation du chroniqueur doit porter sur les faits bien plus que sur les hommes, le fait étant la nourriture même du journal, et ce doit être encore bien plus de l'appréciation que de l’observation. Le chroniqueur doit, en outre, avoir plus de trait que de profondeur, plus de saillie que de descriptions, plus de gaieté que d’idées générales. (Guy de Maupassant, « Messieurs de la Chronique », in Gil Blas, 11 novembre 1884.)


Chronique. Genre narratif qui naît au Moyen Age et qui consiste dans un récit d’événements historiques où la chronologie est parfois fantaisiste et où les faits consignés peuvent être déformés pour des raisons diverses (but idéologique, plaisir de conter...) Au début du XIIIe siècle, Villehardouin, dans son Histoire de la conquête de Constantinople, narre la quatrième croisade afin d’exalter les idéaux chevaleresques. Froissait procède de même dans ses Chroniques où il raconte la première moitié de la guerre de Cent Ans. La chronique peut se confondre avec l’hagiographie, comme c’est le cas dans l’ouvrage de Joinville, Le Livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint Roi Louis (1309). La notion de vérité historique naît seulement avec les temps modernes. Les anciens traitent le passé comme un conte. Ce qui les intéresse, ce sont les leçons des événements. Ce qu’ils y cherchent, ce sont des modèles à imiter. Toutefois, à la fin du Moyen Age, deux textes marquent un tournant. Les Grandes Chroniques de France, commandées par Saint Louis aux moines de Saint-Denis, témoignent de la volonté de consigner les grands moments de l’histoire de France, du XIIe siècle au XVe siècle. Les Mémoires de Commynes, écrites de 1489 à 1498, sur l’histoire de Charles le Téméraire et de Louis XI, annoncent, par leur souci de vérité, la naissance de l’histoire.
C’est donc de la chronique médiévale que naissent dans les temps modernes aussi bien l’histoire que le journal intime et la chronique au sens restreint. Dans ces deux derniers cas, le narrateur consigne jour après jour, ou en tout cas régulièrement, les événements dont il est témoin, mais à la différence de ce qui se passe avec le journal intime, dans la chronique, ces événements ne sont pas d’ordre personnel. On peut alors parler de journal externe (cf. Didier B., 1976), en sachant que la distinction entre journal interne intime et journal externe est parfois difficile à tracer (cf. les Mémoires de la vie littéraire d’Edmond et Jules de Concourt). Les chroniques ont en commun avec l’histoire de porter sur les événements extérieurs, mais en diffèrent dans leur relation au temps et aux faits. Le regard que porte l’historien sur les événements est rétrospectif, comme dans l’autobiographie, ce qui entraîne une nécessaire recomposition, qui n’apparaît pas dans la chronique, où la narration est simultanée. En fonction de cette plus ou moins grande distance temporelle du narrateur avec les faits, certains romans se rapprochent de l’histoire. D’autres, comme les romans de Giono d’après-guerre, se rapprochent de la chronique.

• Didier B., Le Journal intime, PUF, Paris, 1976.

CHRONIQUE nom fém. — 1. Récit historique au fil des événements et conduit sans un effort d’analyse et de synthèse. 2. Article de journal, émission de radio ou de télévision qui revient à intervalles réguliers. ETYM. : se rattache au grec khronos = « temps ». « Chronique » est dérivé de khronikon biblion (livre - biblion - relatif au temps), expression désignant des livres d’annales - récits par année -, des listes d’événements datés. Dans le premier de ces deux sens, le mot est employé pour des récits historiques au Moyen Age comme les Chroniques de Froissart. Dans le second sens, le mot implique une idée de périodicité, et, le plus souvent, de spécialisation (« il tient la chronique gastronomique dans ce journal »).