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CHATEAUBRIAND François René, chevalier et plus tard vicomte de

Écrivain et homme politique français. Principal initiateur du romantisme en France, il contribua, par son Génie du christianisme (1802) et son épopée, Les Martyrs (1809), au renouveau religieux qui suivit la Révolution. Après avoir fait partie de l'armée de Condé (1792), il revint en France en 1799 et fut nommé par le Premier consul secrétaire d'ambassade à Rome (1803), puis ministre de France dans le Valais (1804). Rejeté dans l'opposition par l'exécution du duc d'Enghien (mars 1804), il ne rentra dans la vie publique qu'à la première Restauration, qu'il facilita par son pamphlet De Buonaparte et des Bourbons (mars 1814). Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Louis XVIII exilé à Gand pendant les Cent-Jours, nommé pair de France lors de la seconde Restauration, il protesta contre la dissolution de la Chambre introuvable et mécontenta Louis XVIII en publiant La Monarchie selon la Charte (nov. 1816). L'assassinat du duc de Berry lui inspira son Mémoire touchant la vie et la mort du duc de Berry (1820) et le ramena vers le pouvoir, en même temps que les ultras. Ambassadeur à Berlin (1820/22) puis à Londres (1822), il représenta la France au congrès de Vérone et obtint que l'intervention de la Sainte-Alliance en Espagne fût confiée à la France. Ministre des Affaires étrangères (déc. 1822/juin 1824), il ne tarda pas à indisposer le roi, tomba en disgrâce et, à partir de 1824, passa à l'opposition libérale. À la chute de Villèle, il fut nommé ambassadeur à Rome (1828/29), mais donna sa démission lorsque Charles X revint à la politique la plus conservatrice en appelant aux affaires Polignac. Champion de la légitimité après la révolution de Juillet 1830, il démissionna de la Chambre des pairs, attaqua Louis-Philippe dans De la Restauration et de la monarchie élective (1831) et, s'étant mis au service de la duchesse de Berry, se vit accusé de complot contre l'État (juin 1832), puis arrêté et traduit en cour d'assises pour son Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry (1833). Après avoir encore accompli pour la duchesse une mission auprès de Charles X à Prague, il se tint en dehors de la politique, tout en développant longuement ses idées dans ses Mémoires d'outre-tombe (1848).
Chateaubriand, François René, chevalier puis vicomte de (Saint-Malo 1768-Paris 1848) ; écrivain et homme politique français.
La vie de C., représentant le plus illustre du romantisme français, se caractérise par une opposition continuelle à l’ordre établi. Fils cadet d’un aristocrate breton de vieille souche, C. est lieutenant au moment où la Révolution éclate. Lorsque celle-ci se radicalise, il part quelques mois en exil aux États-Unis (1791), émigre peu après être rentré en France (1792), se bat dans 1’ « armée des princes » contre la République, y est blessé, puis vit chichement jusqu’en 1800 en Angleterre. C’est au cours de ces années que se dessine son retour à la foi chrétienne, que manifeste après le succès d'Atala (1801) la publication en 1802 de son oeuvre majeure Le Génie du christianisme, bien accueilli par Bonaparte qui vient de signer le Concordat. C. contribue ainsi au renouveau religieux qui suit la Révolution française. Sa religiosité a cependant peu à voir avec la foi, l’espérance ou l’amour ; elle est bien plus affaire de volonté et de nécessité sociale. Napoléon Ier lui donne un emploi de diplomate, le nommant en 1803 secrétaire d’ambassade à Rome et en 1804 ministre de la France en Valais - mais l’aristocrate décline cette affectation après l’assassinat du duc d’Enghien. Il se consacre alors à la littérature en tant qu’éditeur du Mercure de France, visite le bassin méditerranéen (Itinéraire de Paris à Jérusalem) et est élu en 1811 à l'Académie française. Son pamphlet hostile au régime De Buonaparte et des Bourbons, précède de peu le retour de ces derniers. La Restauration ouvre à nouveau à C. les portes de la politique. Ministre de l’intérieur du gouvernement exilé de Gand, fait en 1815 pair de France et ministre d’État, il est une des têtes du parti ultraroyaliste, ce qui ne l’empêche pas dans sa célèbre brochure, La Monarchie selon la Charte (1816), d’interpréter le nouveau régime dans le sens du constitutionnalisme parlementaire anglais. Ministre plénipotentiaire à Berlin (1821) puis à Londres (1822), il devient de 1823 à 1824 ministre des Affaires étrangères et organise à ce poste l’intervention française contre les libéraux espagnols révoltés. Mais, ses idées évoluant lentement vers le libéralisme, il passe à nouveau à l’opposition au régime de Charles X et, bien qu’à nouveau ambassadeur en 1828 près le Saint-Siège, contribue à la chute des Bourbons - ce qui ne l’empêche pas de rompre également avec la monarchie bourgeoise dans son célèbre discours du 30 juillet 1830 à la Chambre des pairs, qu’il quitte à cette époque pour se consacrer désormais à des travaux littéraires. Ses accointances avec la duchesse de Berry lui valent d’être arrêté sous l’accusation de complot et traduit en cour d’assises où il bénéficie d’un non-lieu. Ses Mémoires d’outre-tombe, réécriture quelque peu embellie de son expérience passée, ne paraissent qu’après son décès.
Bibliographie : P. Moreau, Chateaubriand, l’homme et l’oeuvre, 1956 ; H. Guillemin, L’Homme des Mémoires d’outre-tombe, 1964 ; G.D. Painter, Chateaubriand, une biographie, 1979.